(Suite
de la séance du 1er mai
1871.)
JOURDE. J’ai demandé la parole pour un fait personnel. Citoyens, depuis huit jours, je me suis préoccupé d’établir les budgets des finances, les comptes des recettes et des dépenses depuis le 18 mars. Je réponds ainsi aux imputations malveillantes d’un journal.
OSTYN. Je demande que le citoyen Jourde s’explique pour ce qu’il vient de dire.
JOURDE. Je vous remercie de me fournir l’occasion d’expliquer mes paroles. Voici l’article qui a paru dans un journal dont le rédacteur en chef est membre de cette assemblée.
Le grand jour est le meilleur ministre des Finances…
PYAT. Lisez l’article tout entier!
JOURDE. Je suis juge de ce que j’ai à lire.
Le grand jour est le meilleur ministre des Finances; la lumière est le meilleur comptable. Publicité est sécurité. Un bec de gaz vaut mieux qu’un gendarme et un lampion qu’un mouchard. Je me souviens d’avoir vu à Londres des boutiques n’ayant d’autres volets la nuit que leurs lustres. Ils ne sont défendus que par la clarté.
Le gouverneur de la Banque de France fait chaque mois son compte de caisse et le publie. Pourquoi le délégué aux Finances d la Commune n’en ferait-il pas autant? Est-il moins probe?
La Banque de France manie, certes, autant et plus d’argent que la Commune de Paris. Le compte rendu est-il plus difficile pour la Commune que pour la Banque? Est-elle plus sotte?
La femme de César ne doit pas être soupçonnée. La caisse de la Commune doit être de verre, aussi claire qu’elle est propre.
La Commune m’a fait l’honneur de me nommer membre de la Commission des Finances, fonction que je n’ai pu accepter, parce que je suis incapable de la remplir. Bien que je ne sois pas danseur, je ne suis pas calculateur. Chacun son métier, l’argent sera bien gardé! et je n’ai jamais su compter. Mais si j’ai un trou au lieu d’une bosse à l’endroit du calcul; si je n’ai pas su garder mon patrimoine et peut-être parce que je .ne l’ai pas su, j’ai appris comment on peut garder celui du peuple. Et je le dis comme je le sais maintenant, le seul moyen que je conseille, c’est d’y voir clair, c’est d’y regarder! La publicité assure l’économie et la probité.
Donc, un bon décret, serait celui-ci:
«Article unique: Le délégué aux Finances est tenu de présenter chaque mois le bilan de son administration à la Commun de Paris.
FÉLIX PYAT.»
Vu les difficultés de l’installation des services, il a été très difficile de présenter un état de nos finances, et néanmoins je savais que je vous devais des comptes: je m’occupe de ce travail et, dans peu de jours, je vous fournirai un état de nos dépenses et de nos recettes, Je sais qu’il faut que je sois toujours prêt à vous rendre compte de mes actes et de mon action. Je regrette qu’un membre de l’assemblée ait mis en suspicion ma loyauté et m’ait attaqué dans un journal. Jamais je ne refuserai de rendre des comptes, mon passé de jeunesse est là pour le prouver.
PYAT. Je demande la lecture de l’article tout entier. Je constate que je n’ai eu l’intention d’attaquer le citoyen Jourde, ni aucun délégué aux Finances. J’ai parlé du citoyen Bourget pour proposer à l’assemblée qu’un compte rendu de l’état des finances fût donné à l’assemblée, cette lettre a été lue à la Commune et publiée par le journal Le Vengeur.
LE PRÉSIDENT. C’est affaire entre les citoyens Pyat et Jourde.
JOURDE. J’ai demandé la parole pour un fait personnel. Citoyens, depuis huit jours, je me suis préoccupé d’établir les budgets des finances, les comptes des recettes et des dépenses depuis le 18 mars. Je réponds ainsi aux imputations malveillantes d’un journal.
OSTYN. Je demande que le citoyen Jourde s’explique pour ce qu’il vient de dire.
JOURDE. Je vous remercie de me fournir l’occasion d’expliquer mes paroles. Voici l’article qui a paru dans un journal dont le rédacteur en chef est membre de cette assemblée.
Le grand jour est le meilleur ministre des Finances…
PYAT. Lisez l’article tout entier!
JOURDE. Je suis juge de ce que j’ai à lire.
Le grand jour est le meilleur ministre des Finances; la lumière est le meilleur comptable. Publicité est sécurité. Un bec de gaz vaut mieux qu’un gendarme et un lampion qu’un mouchard. Je me souviens d’avoir vu à Londres des boutiques n’ayant d’autres volets la nuit que leurs lustres. Ils ne sont défendus que par la clarté.
Le gouverneur de la Banque de France fait chaque mois son compte de caisse et le publie. Pourquoi le délégué aux Finances d la Commune n’en ferait-il pas autant? Est-il moins probe?
La Banque de France manie, certes, autant et plus d’argent que la Commune de Paris. Le compte rendu est-il plus difficile pour la Commune que pour la Banque? Est-elle plus sotte?
La femme de César ne doit pas être soupçonnée. La caisse de la Commune doit être de verre, aussi claire qu’elle est propre.
La Commune m’a fait l’honneur de me nommer membre de la Commission des Finances, fonction que je n’ai pu accepter, parce que je suis incapable de la remplir. Bien que je ne sois pas danseur, je ne suis pas calculateur. Chacun son métier, l’argent sera bien gardé! et je n’ai jamais su compter. Mais si j’ai un trou au lieu d’une bosse à l’endroit du calcul; si je n’ai pas su garder mon patrimoine et peut-être parce que je .ne l’ai pas su, j’ai appris comment on peut garder celui du peuple. Et je le dis comme je le sais maintenant, le seul moyen que je conseille, c’est d’y voir clair, c’est d’y regarder! La publicité assure l’économie et la probité.
Donc, un bon décret, serait celui-ci:
«Article unique: Le délégué aux Finances est tenu de présenter chaque mois le bilan de son administration à la Commun de Paris.
FÉLIX PYAT.»
Vu les difficultés de l’installation des services, il a été très difficile de présenter un état de nos finances, et néanmoins je savais que je vous devais des comptes: je m’occupe de ce travail et, dans peu de jours, je vous fournirai un état de nos dépenses et de nos recettes, Je sais qu’il faut que je sois toujours prêt à vous rendre compte de mes actes et de mon action. Je regrette qu’un membre de l’assemblée ait mis en suspicion ma loyauté et m’ait attaqué dans un journal. Jamais je ne refuserai de rendre des comptes, mon passé de jeunesse est là pour le prouver.
PYAT. Je demande la lecture de l’article tout entier. Je constate que je n’ai eu l’intention d’attaquer le citoyen Jourde, ni aucun délégué aux Finances. J’ai parlé du citoyen Bourget pour proposer à l’assemblée qu’un compte rendu de l’état des finances fût donné à l’assemblée, cette lettre a été lue à la Commune et publiée par le journal Le Vengeur.
LE PRÉSIDENT. C’est affaire entre les citoyens Pyat et Jourde.
PLUSIEURS
MEMBRES (vivement). Pardon! Non, non!
LE PRÉSIDENT. Je vous prie de me laisser la parole. Il s’agit d’une affaire personnelle, ici, d’une affaire entre les citoyens Pyat et Jourde.
LEFRANÇAIS. L’article, publié par le citoyen Pyat peut être fondé dans le fond; mais la Commune seule a le droit et le pouvoir de demander l’origine et l’emploi des fonds que ses délégués ont eus entre les mains; je demande donc que le citoyen Pyat, pour n’avoir pas adressé, à la Commune la demande qu’il forme par la voie de son journal, soit rappelé à l’ordre par la Commune.
(Interruptions.)
LEFRANÇAIS. C’est un article qui fait beaucoup de mal.
(Bruits.)
UN MEMBRE. Je demande la lecture de l’article. C’est de toute justice pour que la Commune puisse juger.
(Oui.)
PYAT. Je demande à lire l’article. Vous verrez que c’est un article purement philosophique.
UN PROJET DE DÉCRET
Le sang est de la chair liquide, dit la physiologie.
Suivant celte science moderne, c’est le fluide nourricier, l’élément et l’aliment des solides, l’agent réparateur et créateur des tissus du corps humain.
De même, l’argent est le sang du corps social.
Le mot de circulation en français et de currency en anglais prouve bien que la physiologie politique voit dans l’argent ou tout autre signe monétaire représentatif de la richesse, du produit commun, l’analogie de la force vitale dans l’homme, l’agent de formation et d’entretien des organes et des fonctions, le globule sanguin, vraie pièce d’or, circulant dans les artères et les veines de la nation.
La vie dans l’homme, c’est l’ABC de la science, dépend de la circulation du sang.
La vie dans le peuple dépend de la circulation de l’argent.
La question des finances est donc cardinale et principale. C’est la question de vie ou de mort pour le collectif comme pour l’individu.
Prenons-y garde! nous allons! nous allons! faisons attention!
Une maison de commerce qui ne compte pas, qui n’a pas d’ordre, qui ne voit pas ses livres, qui ne connaît ni son actif, ni son passif, qui ne sait ni le doit ni l’avoir, ne peut, faute d’examen, établir sa balance… Et la vie n’est qu’une balance, un équilibre entre les dépenses et les recettes, les profits et les pertes.
Créer et constater ses ressources, en ménager et en surveiller l’emploi, c’est tout le ministère des finances.
Le ministère des Finances est le premier de tous, même avant celui de la guerre dont il est le nerf.
C’est vrai en tout temps, mais encore plus en temps de guerre, où le déficit se creuse en raison même de la multiplicité et complication des mouvements et des efforts. Une économie rigoureuse et un contrôle incessant sont plus nécessaires alors que jamais.
L’œil du maître est indispensable.
Mais la moindre des ménagères parisiennes, vigilante, soigneuse régulière et regardante comme elles le sont presque toutes, sait bien, en ce temps de crise surtout, que, si elle laisse passer le mois sans voir ses comptes, elle s’embrouille, s’endette et finit, comme elle dit expressivement, par s’enfoncer.
Le citoyen Bourget nous envoie sur ce sujet une idée excellente à l’adresse de la Commune en général et de la Commission des Finances en particulier.
Il demande la publicité périodique des comptes de l’état financier de la Commune de Paris…, un rapport mensuel comme est celui de la Banque de France.
Pourquoi pas?
ANDRIEU (pendant la lecture). L’accusation est formelle.
LE PRÉSIDENT. La proposition de Lefrançais a été que le citoyen Pyat soit rappelé à l’ordre pour son article du Vengeur. Le citoyen Pyat a demandé à lire son article; maintenant la parole est au citoyen Jourde pour lui répondre.
JOURDE. Je ne voudrais pas, citoyens, que vous puissiez croire un seul instant que ma déclaration était relative à un article de journal et je le prouverai. Tous mes collègues savent que j’ai demandé des bilans, une situation complète des finances, et, ce matin, le caissier du ministère me disait qu’il n’y aurait qu’une somme de 800 francs environ dont il ne pourrait pas justifier de suite. C’est peu, je crois, pour la situation actuelle. L’article que j’ai signalé contient, selon moi, un véritable danger pour celui à qui vous avez accordé votre confiance. J’aurais déjà eu l’intention de vous présenter tous les huit, dix ou quinze jours, je le peux, ou tous les mois, une situation de nos finances, mais, encore une fois, je crois qu’il y a danger à présenter, comme on l’a fait, dans un journal, un projet de décret avant la communication à la Commune. La malveillance de cet article de journal est patente, et vous l’avez tous compris; ce n’est pas la première fois d’ailleurs que pareil fait se produit, et je demande qu’il ne se renouvelle plus.
PYAT. Je retire tout ce qui aurait pu par la parole, par l’expression, par la forme, trahir ma pensée. Je déclare sur mon honneur que je n’ai pas voulu attaquer une situation présente et notamment Jourde, que je ne connais pas particulièrement, mais que j’estime comme membre de cette Commune. J’ai voulu dire que le ministre des Finances n’opérait pas, dans l’exposé de sa situation, comme le faisait le gouverneur de la Banque de France; je n’ai été frappé que par cette idée générale, qui, d’ailleurs, je le déclare, ne m’appartient pas; elle est au citoyen Bourget, qui est un comptable. J’ai été frappé par cette seule considération d’offrir à la Commune, par la voie du journal, un moyen nouveau, à mon sens, pour assurer l’ordre et la sécurité dans les finances.
PLUSIEURS MEMBRES. Non!
D’AUTRES MEMBRES. Non!
CLÉMENCE. Plusieurs de nos collègues sont journalistes, et je m’étonne qu’ils se servent de leur mandat pour exprimer…
(Interruptions.)
PLUSIEURS MEMBRES. Ce n’est pas la question; vous ne parlez pas contre l’ordre du jour.
CLÉMENCE. Je trouve que l’ordre du jour serait une atteinte portée à la dignité des membres de la Commune.
(Bruits.)
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Longuet vient de me remettre un ordre du jour motivé dont je vais donner lecture:
« Après avoir entendu les explications du citoyen Pyat, qui sont absolument satisfaisantes pour le citoyen Jourde et pour son honorabilité… »
PYAT. Je me rallie complètement à l’ordre du jour motivé du citoyen Longuet.
GROUSSET. Avant que l’on passe au vote, je demanderai au citoyen Jourde, qui est plus particulièrement intéressé dans le débat, s’il se trouve satisfait de l’ordre du jour.
(Bruits.)
JOURDE. Je crois que, dans ces sortes de questions, les personnalités doivent s’effacer devant l’intérêt général. Il n’y a absolument à examiner qu’une chose, c’est de savoir si c’est le membre de la Commune qui se trouve attaqué dans l’article de journal dont nous parlons. C’est à l’assemblée à décider la question. Je déclare me soumettre entièrement à la décision qu’elle prendra.
LE PRÉSIDENT lit de nouveau l’ordre du jour motivé du citoyen Longuet et le met aux voix.
L’ordre du jour est adopté par 30 voix contre 17.
GROUSSET. Je demande à poser la question sur ce vote. On dirait qu’il y a 17 membres qui ont voté contre Jourde. Cela donne lieu à de mauvaises interprétations. On pourrait croire que ces 17 membres sont partisans d’un blâme à lui adresser.
(Interruptions.)
UN MEMBRE. Ce vote n’a pas été régulier.
LE PRÉSIDENT. Avec les explications qui ont été fournies à l’assemblée, et en recommandant aux secrétaires de mettre le compte rendu sténographique au Journal Officieltout le monde comprendra que les 17 membres n’ont pas voté contre Jourde.
UN MEMBRE. Cela n’effacera pas la mauvaise impression produite par l’article.
(Interruptions.)
LE PRÉSIDENT. Je vais donner communication à l’assemblée d’une adresse à la Commune du 185e bataillon.
(Réclamations.)
LE PRÉSIDENT. Je vous prie de me laisser la parole. Il s’agit d’une affaire personnelle, ici, d’une affaire entre les citoyens Pyat et Jourde.
LEFRANÇAIS. L’article, publié par le citoyen Pyat peut être fondé dans le fond; mais la Commune seule a le droit et le pouvoir de demander l’origine et l’emploi des fonds que ses délégués ont eus entre les mains; je demande donc que le citoyen Pyat, pour n’avoir pas adressé, à la Commune la demande qu’il forme par la voie de son journal, soit rappelé à l’ordre par la Commune.
(Interruptions.)
LEFRANÇAIS. C’est un article qui fait beaucoup de mal.
(Bruits.)
UN MEMBRE. Je demande la lecture de l’article. C’est de toute justice pour que la Commune puisse juger.
(Oui.)
PYAT. Je demande à lire l’article. Vous verrez que c’est un article purement philosophique.
UN PROJET DE DÉCRET
Le sang est de la chair liquide, dit la physiologie.
Suivant celte science moderne, c’est le fluide nourricier, l’élément et l’aliment des solides, l’agent réparateur et créateur des tissus du corps humain.
De même, l’argent est le sang du corps social.
Le mot de circulation en français et de currency en anglais prouve bien que la physiologie politique voit dans l’argent ou tout autre signe monétaire représentatif de la richesse, du produit commun, l’analogie de la force vitale dans l’homme, l’agent de formation et d’entretien des organes et des fonctions, le globule sanguin, vraie pièce d’or, circulant dans les artères et les veines de la nation.
La vie dans l’homme, c’est l’ABC de la science, dépend de la circulation du sang.
La vie dans le peuple dépend de la circulation de l’argent.
La question des finances est donc cardinale et principale. C’est la question de vie ou de mort pour le collectif comme pour l’individu.
Prenons-y garde! nous allons! nous allons! faisons attention!
Une maison de commerce qui ne compte pas, qui n’a pas d’ordre, qui ne voit pas ses livres, qui ne connaît ni son actif, ni son passif, qui ne sait ni le doit ni l’avoir, ne peut, faute d’examen, établir sa balance… Et la vie n’est qu’une balance, un équilibre entre les dépenses et les recettes, les profits et les pertes.
Créer et constater ses ressources, en ménager et en surveiller l’emploi, c’est tout le ministère des finances.
Le ministère des Finances est le premier de tous, même avant celui de la guerre dont il est le nerf.
C’est vrai en tout temps, mais encore plus en temps de guerre, où le déficit se creuse en raison même de la multiplicité et complication des mouvements et des efforts. Une économie rigoureuse et un contrôle incessant sont plus nécessaires alors que jamais.
L’œil du maître est indispensable.
Mais la moindre des ménagères parisiennes, vigilante, soigneuse régulière et regardante comme elles le sont presque toutes, sait bien, en ce temps de crise surtout, que, si elle laisse passer le mois sans voir ses comptes, elle s’embrouille, s’endette et finit, comme elle dit expressivement, par s’enfoncer.
Le citoyen Bourget nous envoie sur ce sujet une idée excellente à l’adresse de la Commune en général et de la Commission des Finances en particulier.
Il demande la publicité périodique des comptes de l’état financier de la Commune de Paris…, un rapport mensuel comme est celui de la Banque de France.
Pourquoi pas?
ANDRIEU (pendant la lecture). L’accusation est formelle.
LE PRÉSIDENT. La proposition de Lefrançais a été que le citoyen Pyat soit rappelé à l’ordre pour son article du Vengeur. Le citoyen Pyat a demandé à lire son article; maintenant la parole est au citoyen Jourde pour lui répondre.
JOURDE. Je ne voudrais pas, citoyens, que vous puissiez croire un seul instant que ma déclaration était relative à un article de journal et je le prouverai. Tous mes collègues savent que j’ai demandé des bilans, une situation complète des finances, et, ce matin, le caissier du ministère me disait qu’il n’y aurait qu’une somme de 800 francs environ dont il ne pourrait pas justifier de suite. C’est peu, je crois, pour la situation actuelle. L’article que j’ai signalé contient, selon moi, un véritable danger pour celui à qui vous avez accordé votre confiance. J’aurais déjà eu l’intention de vous présenter tous les huit, dix ou quinze jours, je le peux, ou tous les mois, une situation de nos finances, mais, encore une fois, je crois qu’il y a danger à présenter, comme on l’a fait, dans un journal, un projet de décret avant la communication à la Commune. La malveillance de cet article de journal est patente, et vous l’avez tous compris; ce n’est pas la première fois d’ailleurs que pareil fait se produit, et je demande qu’il ne se renouvelle plus.
PYAT. Je retire tout ce qui aurait pu par la parole, par l’expression, par la forme, trahir ma pensée. Je déclare sur mon honneur que je n’ai pas voulu attaquer une situation présente et notamment Jourde, que je ne connais pas particulièrement, mais que j’estime comme membre de cette Commune. J’ai voulu dire que le ministre des Finances n’opérait pas, dans l’exposé de sa situation, comme le faisait le gouverneur de la Banque de France; je n’ai été frappé que par cette idée générale, qui, d’ailleurs, je le déclare, ne m’appartient pas; elle est au citoyen Bourget, qui est un comptable. J’ai été frappé par cette seule considération d’offrir à la Commune, par la voie du journal, un moyen nouveau, à mon sens, pour assurer l’ordre et la sécurité dans les finances.
PLUSIEURS MEMBRES. Non!
D’AUTRES MEMBRES. Non!
CLÉMENCE. Plusieurs de nos collègues sont journalistes, et je m’étonne qu’ils se servent de leur mandat pour exprimer…
(Interruptions.)
PLUSIEURS MEMBRES. Ce n’est pas la question; vous ne parlez pas contre l’ordre du jour.
CLÉMENCE. Je trouve que l’ordre du jour serait une atteinte portée à la dignité des membres de la Commune.
(Bruits.)
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Longuet vient de me remettre un ordre du jour motivé dont je vais donner lecture:
« Après avoir entendu les explications du citoyen Pyat, qui sont absolument satisfaisantes pour le citoyen Jourde et pour son honorabilité… »
PYAT. Je me rallie complètement à l’ordre du jour motivé du citoyen Longuet.
GROUSSET. Avant que l’on passe au vote, je demanderai au citoyen Jourde, qui est plus particulièrement intéressé dans le débat, s’il se trouve satisfait de l’ordre du jour.
(Bruits.)
JOURDE. Je crois que, dans ces sortes de questions, les personnalités doivent s’effacer devant l’intérêt général. Il n’y a absolument à examiner qu’une chose, c’est de savoir si c’est le membre de la Commune qui se trouve attaqué dans l’article de journal dont nous parlons. C’est à l’assemblée à décider la question. Je déclare me soumettre entièrement à la décision qu’elle prendra.
LE PRÉSIDENT lit de nouveau l’ordre du jour motivé du citoyen Longuet et le met aux voix.
L’ordre du jour est adopté par 30 voix contre 17.
GROUSSET. Je demande à poser la question sur ce vote. On dirait qu’il y a 17 membres qui ont voté contre Jourde. Cela donne lieu à de mauvaises interprétations. On pourrait croire que ces 17 membres sont partisans d’un blâme à lui adresser.
(Interruptions.)
UN MEMBRE. Ce vote n’a pas été régulier.
LE PRÉSIDENT. Avec les explications qui ont été fournies à l’assemblée, et en recommandant aux secrétaires de mettre le compte rendu sténographique au Journal Officieltout le monde comprendra que les 17 membres n’ont pas voté contre Jourde.
UN MEMBRE. Cela n’effacera pas la mauvaise impression produite par l’article.
(Interruptions.)
LE PRÉSIDENT. Je vais donner communication à l’assemblée d’une adresse à la Commune du 185e bataillon.
(Réclamations.)
(À
suivre.)
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