Président: RASTOUL.
Assesseur: JOHANNARD.
La séance est ouverte à trois heures un quart.
Il est donné lecture du procès-verbal de la séance d’hier par l’un des secrétaires.
LE PRÉSIDENT. Quelqu’un demande-t-il la parole sur le procès-verbal?
BESLAY. Je remarque une omission grave dans le procès-verbal. Il ne fait pas connaître la situation financière donnée par Jourde hier; c’est là un document très important. Je demande que le rapport de Jourde soit publié par l’Officiel avec le compte de caisse.
AMOUROUX. Citoyens, on est venu me consulter hier sur l’opportunité de publier immédiatement le compte rendu de Jourde, et l’on m’a demandé s’il n’y aurait pas danger à faire connaître actuellement les considérations qui le décidaient alors à donner sa démission. Je n’ai pas voulu prendre sur moi la responsabilité d’une décision, et j’ai renvoyé provisoirement au Comité de salut public, me réservant d’en référer aujourd’hui à la Commune; elle aura donc à décider s’il y a nécessité, s’il y a urgence à publier le compte rendu du citoyen Jourde.
JULES ANDRIEU. Je crois que la Commune n’a qu’à gagner à ce que le rapport du citoyen Jourde soit publié. II me paraît bon que le public des affaires sache à la suite de quelle discussion le citoyen Jourde a été maintenu à son poste.
LANGEVIN. Je demande qu’avant de publier le rapport, on consulte le citoyen Jourde.
BESLAY. La publication de ce rapport me semble ne devoir donner que de bons résultats. Je serais donc heureux que l’on décidât la question dans ce sens.
MELLIET. Nous avons examiné la question de près; mais, tout en trouvant la situation on ne peut plus satisfaisante, nous nous sommes demandé s’il était bon de publier que, sur une recette de 28 millions, il nous restait seulement en caisse 800.000 francs. Je crois qu’il vaudrait mieux dire que l’état des dépenses payées par la délégation des Finances s’est élevé à 26 ou 27 millions, sans tenir compte des recettes et de l’encaisse restant au 30 avril.
BILLIORAY. Il est vrai qu’il ne restait en caisse que 842.000 francs quand le rapport a été fait; mais, quand il a été déposé, il restait 2 millions.
BESLAY. II sera très facile à ceux qui s’occupent de finances de voir que la situation financière de la Commune est très avantageuse. De plus, nous avons des crédits ouverts à la Banque qui ne sont pas encore entamés. Je crois que ce sera pour la Commune et pour l’administration du citoyen Jourde une excellente chose que le rapport paraisse dans l’Officiel en entier et les tableaux aussi.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Jourde a demandé hier la publication de son rapport dans l’Officiel. Voulez-vous l’attendre avant de voter sur cette publication?
BESLAY. Non, je puis répondre pour lui.
BILLIORAY. Il serait bon de publier avec les chiffres d’hier ceux qu’il nous donnera aujourd’hui.
LE PRÉSIDENT. Je consulte l’assemblée sur la publication du rapport.
L’assemblée vote la publication du rapport à l’Officiel.
LE PRÉSIDENT. Je mets le procès-verbal aux voix.
Le procès-verbal est adopté.
GROUSSET. Citoyens, nous avons reçu beaucoup de nouvelles de la province: ces nouvelles sont très satisfaisantes. Dans toutes les villes, les élections sont excellentes et, dans presque toutes, la liste la plus radicale a passé. Dans deux ou trois, et notamment à Lyon, le parti républicain a adopté le système de l’abstention. Je n’ai pas à juger ce système; mais toujours est-il qu’a Lyon ce système a donné lieu à une nouvelle insurrection, qui aujourd’hui est triomphante*. Jusqu’au moment où notre délégué a reçu les dernières dépêches, c’est-à-dire hier soir, la Commune triomphait. Le mouvement communaliste est maintenant apprécié à sa valeur à l’étranger. En Allemagne, en Suisse, en Angleterre, en Italie, il y a des lectures, des meetings dans lesquels la Commune a été jugée très favorablement. L’Europe commence à comprendre le mouvement et se prépare même à le soutenir. La situation en province s’est améliorée depuis huit jours. Je ne serais pas étonné que, vu le résultat des élections, nous ne recevions demain de Versailles des communications tout à fait différentes de celles des premiers jours. De plus, je demande à la Commune d’en finir avec les conciliateurs.
PLUSIEURS MEMBRES. Oui! Oui!
GROUSSET. Si 10.000 francs mis à la disposition d’une ville importante peuvent l’aider à opérer sa révolution, je demanderais qu’on nous laissât cette latitude.
ARNOULD. Le citoyen Grousset, comme délégué aux Relations extérieures, a-t-il entendu parler du rôle que Faidherbe est en train de jouer dans le Nord ?
GROUSSET. Non! Non!
ARNOULD. Un républicain arrivant du département du Nord m’a apporté des nouvelles. Je l’ai adressé au Comité de salut public avec une lettre de moi. Il m’a donné des renseignements au sujet du général Faidherbe qui m’ont paru extrêmement graves.
GROUSSET. Je n’en ai pas connaissance. Je demanderai aux membres de la Commune qui connaîtraient des hommes sûrs, des républicains sincères, de nous les envoyer pour faire de la propagande.
MELLIET. J’informerai la Commune que ce matin est venue une délégation à l’Hôtel de Ville. C’est moi qui l’ai reçue et j’ai dit que je la recevais comme auxiliaire et non comme conciliatrice. Un ouvrier, même, a déclaré que tout homme qui parlait de conciliation était un traître.
LE PRÉSIDENT. Voici une autre communication qui a été déposée sur le bureau:
«La réunion publique, composée d’environ cinq mille citoyens, tenue le 1er mai 1871, dans l’église Nicolas-des-Champs, rue Saint-Martin, a pris les résolutions suivantes:
«1° Elle demande à la Commune de faire faire les élections complémentaires de membres démissionnaires et de ceux qui n’ont pas réuni la majorité relative (la moitié des voix plus une des votants) aux dernières élections et elle prie la Commune de vouloir bien lui donner une réponse sur cette première résolution.
«2° La même réunion publique félicite, et à l’unanimité, la Commune d’avoir nommé un Comité de salut public; elle l’engage à persévérer énergiquement et résolument dans la voie révolutionnaire, qui seule peut la sauver et assurer le triomphe définitif de la République.
«Cette résolution , mise aux voix, a été adoptée à l’unanimité, au milieu du μplus grand enthousiasme et aux cris répétés de Vive la Commune.
«3° La réunion de Saint-Nicolas-des-Champs demande encore que la Commune autorise les citoyens de chaque arrondissement à se servir des églises le soir pour tenir des réunions publiques ou des clubs, afin que l’instruction et l’éducation politique des citoyens puissent se faire et qu’ils soient tenus au courant de la marche des affaires publiques.
«Cette réunion prie la Commune de mettre une note dans ce sens au Journal Officiel, afin que les délégués aux mairies des vingt arrondissements mettent les monuments destinés au culte à la disposition des citoyens pour tenir tous les soirs des réunions publiques.
«Elle charge le citoyen Vésinier, membre de la Commune présent, de transmettre ses vœux à la Commune et elle prie cette dernière de statuer sur chacune de ses résolutions et de l’informer des décisions qu’elle aura prises.
«Le président ayant mis aux voix les propositions ci-incluses, la réunion composée de cinq mille citoyens au moins, les a acceptées à l’unanimité.
« Le 1er mai 1871. P. VÉSINIER, membre de la Commune.»
LE PRÉSIDENT. Est-ce que l’assemblée pourrait entrer de suite dans la discussion de cette Communication?
(Non!)
VÉSINIER. Je ne demande pas la discussion immédiate, mais seulement qu’il soit fait mention au procès-verbal de cette communication qui viendra à son rang, pour ensuite être examinée. Je ne veux pas interrompre votre ordre du jour.
OUDET rapporte à la Commune le drapeau troué du 191e bataillon. Il est placé derrière le fauteuil du président aux applaudissements de l’assemblée.
La séance est ouverte à trois heures un quart.
Il est donné lecture du procès-verbal de la séance d’hier par l’un des secrétaires.
LE PRÉSIDENT. Quelqu’un demande-t-il la parole sur le procès-verbal?
BESLAY. Je remarque une omission grave dans le procès-verbal. Il ne fait pas connaître la situation financière donnée par Jourde hier; c’est là un document très important. Je demande que le rapport de Jourde soit publié par l’Officiel avec le compte de caisse.
AMOUROUX. Citoyens, on est venu me consulter hier sur l’opportunité de publier immédiatement le compte rendu de Jourde, et l’on m’a demandé s’il n’y aurait pas danger à faire connaître actuellement les considérations qui le décidaient alors à donner sa démission. Je n’ai pas voulu prendre sur moi la responsabilité d’une décision, et j’ai renvoyé provisoirement au Comité de salut public, me réservant d’en référer aujourd’hui à la Commune; elle aura donc à décider s’il y a nécessité, s’il y a urgence à publier le compte rendu du citoyen Jourde.
JULES ANDRIEU. Je crois que la Commune n’a qu’à gagner à ce que le rapport du citoyen Jourde soit publié. II me paraît bon que le public des affaires sache à la suite de quelle discussion le citoyen Jourde a été maintenu à son poste.
LANGEVIN. Je demande qu’avant de publier le rapport, on consulte le citoyen Jourde.
BESLAY. La publication de ce rapport me semble ne devoir donner que de bons résultats. Je serais donc heureux que l’on décidât la question dans ce sens.
MELLIET. Nous avons examiné la question de près; mais, tout en trouvant la situation on ne peut plus satisfaisante, nous nous sommes demandé s’il était bon de publier que, sur une recette de 28 millions, il nous restait seulement en caisse 800.000 francs. Je crois qu’il vaudrait mieux dire que l’état des dépenses payées par la délégation des Finances s’est élevé à 26 ou 27 millions, sans tenir compte des recettes et de l’encaisse restant au 30 avril.
BILLIORAY. Il est vrai qu’il ne restait en caisse que 842.000 francs quand le rapport a été fait; mais, quand il a été déposé, il restait 2 millions.
BESLAY. II sera très facile à ceux qui s’occupent de finances de voir que la situation financière de la Commune est très avantageuse. De plus, nous avons des crédits ouverts à la Banque qui ne sont pas encore entamés. Je crois que ce sera pour la Commune et pour l’administration du citoyen Jourde une excellente chose que le rapport paraisse dans l’Officiel en entier et les tableaux aussi.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Jourde a demandé hier la publication de son rapport dans l’Officiel. Voulez-vous l’attendre avant de voter sur cette publication?
BESLAY. Non, je puis répondre pour lui.
BILLIORAY. Il serait bon de publier avec les chiffres d’hier ceux qu’il nous donnera aujourd’hui.
LE PRÉSIDENT. Je consulte l’assemblée sur la publication du rapport.
L’assemblée vote la publication du rapport à l’Officiel.
LE PRÉSIDENT. Je mets le procès-verbal aux voix.
Le procès-verbal est adopté.
GROUSSET. Citoyens, nous avons reçu beaucoup de nouvelles de la province: ces nouvelles sont très satisfaisantes. Dans toutes les villes, les élections sont excellentes et, dans presque toutes, la liste la plus radicale a passé. Dans deux ou trois, et notamment à Lyon, le parti républicain a adopté le système de l’abstention. Je n’ai pas à juger ce système; mais toujours est-il qu’a Lyon ce système a donné lieu à une nouvelle insurrection, qui aujourd’hui est triomphante*. Jusqu’au moment où notre délégué a reçu les dernières dépêches, c’est-à-dire hier soir, la Commune triomphait. Le mouvement communaliste est maintenant apprécié à sa valeur à l’étranger. En Allemagne, en Suisse, en Angleterre, en Italie, il y a des lectures, des meetings dans lesquels la Commune a été jugée très favorablement. L’Europe commence à comprendre le mouvement et se prépare même à le soutenir. La situation en province s’est améliorée depuis huit jours. Je ne serais pas étonné que, vu le résultat des élections, nous ne recevions demain de Versailles des communications tout à fait différentes de celles des premiers jours. De plus, je demande à la Commune d’en finir avec les conciliateurs.
PLUSIEURS MEMBRES. Oui! Oui!
GROUSSET. Si 10.000 francs mis à la disposition d’une ville importante peuvent l’aider à opérer sa révolution, je demanderais qu’on nous laissât cette latitude.
ARNOULD. Le citoyen Grousset, comme délégué aux Relations extérieures, a-t-il entendu parler du rôle que Faidherbe est en train de jouer dans le Nord ?
GROUSSET. Non! Non!
ARNOULD. Un républicain arrivant du département du Nord m’a apporté des nouvelles. Je l’ai adressé au Comité de salut public avec une lettre de moi. Il m’a donné des renseignements au sujet du général Faidherbe qui m’ont paru extrêmement graves.
GROUSSET. Je n’en ai pas connaissance. Je demanderai aux membres de la Commune qui connaîtraient des hommes sûrs, des républicains sincères, de nous les envoyer pour faire de la propagande.
MELLIET. J’informerai la Commune que ce matin est venue une délégation à l’Hôtel de Ville. C’est moi qui l’ai reçue et j’ai dit que je la recevais comme auxiliaire et non comme conciliatrice. Un ouvrier, même, a déclaré que tout homme qui parlait de conciliation était un traître.
LE PRÉSIDENT. Voici une autre communication qui a été déposée sur le bureau:
«La réunion publique, composée d’environ cinq mille citoyens, tenue le 1er mai 1871, dans l’église Nicolas-des-Champs, rue Saint-Martin, a pris les résolutions suivantes:
«1° Elle demande à la Commune de faire faire les élections complémentaires de membres démissionnaires et de ceux qui n’ont pas réuni la majorité relative (la moitié des voix plus une des votants) aux dernières élections et elle prie la Commune de vouloir bien lui donner une réponse sur cette première résolution.
«2° La même réunion publique félicite, et à l’unanimité, la Commune d’avoir nommé un Comité de salut public; elle l’engage à persévérer énergiquement et résolument dans la voie révolutionnaire, qui seule peut la sauver et assurer le triomphe définitif de la République.
«Cette résolution , mise aux voix, a été adoptée à l’unanimité, au milieu du μplus grand enthousiasme et aux cris répétés de Vive la Commune.
«3° La réunion de Saint-Nicolas-des-Champs demande encore que la Commune autorise les citoyens de chaque arrondissement à se servir des églises le soir pour tenir des réunions publiques ou des clubs, afin que l’instruction et l’éducation politique des citoyens puissent se faire et qu’ils soient tenus au courant de la marche des affaires publiques.
«Cette réunion prie la Commune de mettre une note dans ce sens au Journal Officiel, afin que les délégués aux mairies des vingt arrondissements mettent les monuments destinés au culte à la disposition des citoyens pour tenir tous les soirs des réunions publiques.
«Elle charge le citoyen Vésinier, membre de la Commune présent, de transmettre ses vœux à la Commune et elle prie cette dernière de statuer sur chacune de ses résolutions et de l’informer des décisions qu’elle aura prises.
«Le président ayant mis aux voix les propositions ci-incluses, la réunion composée de cinq mille citoyens au moins, les a acceptées à l’unanimité.
« Le 1er mai 1871. P. VÉSINIER, membre de la Commune.»
LE PRÉSIDENT. Est-ce que l’assemblée pourrait entrer de suite dans la discussion de cette Communication?
(Non!)
VÉSINIER. Je ne demande pas la discussion immédiate, mais seulement qu’il soit fait mention au procès-verbal de cette communication qui viendra à son rang, pour ensuite être examinée. Je ne veux pas interrompre votre ordre du jour.
OUDET rapporte à la Commune le drapeau troué du 191e bataillon. Il est placé derrière le fauteuil du président aux applaudissements de l’assemblée.
(À
suivre.)
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