dimanche 15 octobre 2017

Les Femen: Sommes nous des féministes ou des exhibitionnistes ?


Le 31 mai, le Tribunal de Grande instance de Paris devra de nouveau trancher sur la question. Car
si, pour la sphère politique et médiatique, nous sommes des féministes, la justice hésite encore !
C'est un comble, alors que nous combattons les violences faites aux femmes, nous sommes
accusées d’exhibition sexuelle, 1er degré de l'agression sexuelle.
De partout dans le monde, nous sommes poursuivies. Certains pays nous taxent d'hooliganisme,
de rébellion, de trouble à l'ordre public, d’atteinte aux bonnes moeurs. Mais la France a cette
particularité bien à elle ! En effet, il n'y a qu'ici que nos actions ne sont pas considérées comme
politiques, mais bien comme une agression sexuelle.
Depuis deux ans, avec la mise en place de l'Etat d'urgence, les activistes font face à ce nouveau
type d'accusations sexuelles inédites dans le parcours du mouvement. FEMEN voit petit à petit
le ton des instances judiciaires se durcir et s'illustrer en se singularisant de façon
discriminatoire et humiliante. A chaque action sextrémiste, la charge est systématique. Nous
rappelons que jamais aucun homme n'a fait l'objet de poursuite en montrant son torse.
L'exhibition sexuelle pour qu'elle soit sexuelle, il faut qu'elle soit caractérisée. Ce qui est loin
d'être notre cas puisque nos intentions sont politiques. Aucune de nous n'est saisie d'une pulsion
incontrôlable à se dévêtir en voyant défiler Poutine ou DSK, ou lorsqu'elle se retrouve dans la
travée d'une église face à un curé.
Nous ne sommes donc pas des malades mentales ! Et être féministe ce n'est pas criminel.
Pourtant, à ce jour, si 3 activistes ont été relaxées en appel, une autre a été condamnée à du
sursis et une amende et se pourvoit donc en cassation, pour une action pacifiste et engagée en
faveur du droit à l'avortement.
Le 31 mai 2017, sur 4 activistes convoquées au TGI de Paris, 3 d'entre nous subiront un double
procès. Nous sommes des extrémistes de l'égalité, nous voulons donc plus que tout que nos
torses aient la même égalité de traitement que les hommes. Et nous restons persuadées que ce
sont le fascisme, les religions, les violences patriarcales qui sont obscènes mais pas nos seins !

Soyons toutes topless le mercredi 31 Mai à 8h30 devant le TGI de Paris pour défendre un corps
militant et politique !
Un procès politique… suite
L'audience a été longue. Pendant plus de 4h, Le Procureur très technique et procédurier a
décortiqué la loi en nous enjoignant de continuer à militer mais sans nous dénuder. En taxant nos
poitrines féminines d'impudiques, il a revendiqué et légitimé pendant de longues minutes
l'inégalité de traitement entre les torses des hommes et des femmes, pour des raisons
biologiques.
Nos avocats, Valentine Reberioux et Michaël Ghnassia ont porté avec force et brio nos
revendications politiques et féministes, ainsi que notre volonté d'utiliser nos corps à des fins
politiques. Ils ont invoqué la liberté d'expression et ce besoin irrépressible, de la justice de nous
faire taire en nous traitant, sommairement, comme des perverses sexuelles.
La juge nous a donné un nouveau rendez vous le 28 juin 2017 à 9 h pour rendre son verdict.
A ce jour, Les charges retenues contre nous sont de 50 jours-amendes par activiste et par
action, à raison de 10 € par jour. Soit l'équivalent de 3500 € d'amendes dans la totalité, ou de
100 jours d'emprisonnement à effectuer pour chacune d'entre nous.
Les soutiens continuent à affluer de toutes parts : Après une lettre de soutien de la Secrétaire
à l'égalité au gouvernement, Marlène Schiappa, Laurence Rossignol a salué notre combat et
pointé l'incohérence de notre procès via un tweet. Nous restons donc mobilisées !
Un double procès pour les mêmes motifs nous attend le 20 septembre au TGI de Béthunes !
Nous sommes toujours, de plus en plus fermement convaincues, de la pertinence et de la
légitimité de notre combat. Les militantes #FEMEN remercient chaleureusement toutes les
associations, militant-e-s, et soutiens de les avoir accompagné jusqu'au tribunal. C’était très fort
et puissant. C’est ensemble que nous ferons changer la société et bouger les lignes !

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