vendredi 6 octobre 2017

Commune de Paris Séance du 28 avril 1871 (1)




Président : Jules VALLÈS.
Assesseurs : 
LANGEVIN, TRINQUET.
La séance est ouverte à 3 h. 1/2.

Avant la lecture du procès-verbal de la séance d’hier, le citoyen Ranvier demande la parole.
RANVIER. Des bataillons qui rentrent du fort d’Issy ont défilé tout-à-l’heure devant l’Hôtel de Ville ; ils viennent de se battre, et, pour mon compte, j’ai été heureux d’assister à ce défilé ; mais ce qui m’a rendu moins heureux, c’est de voir des cadavres accompagnés des membres de la Commune à cheval, revêtus de leur écharpe, et formant cortège autour des voitures qui transportaient les morts. Il y avait là une sorte de carnaval qui ne doit pas se renouveler ; aussi, je demande que la Commune prenne des mesures et donne des ordres absolus pour que l’écharpe communale ne se trouve pas compromise dans de pareilles circonstances.
(Approbation générale.)
OSTYN. Je demande que la motion du citoyen Ranvier soit mise aux voix.
BERGERET. Il est indispensable, en effet, qu’on sache à Paris quel est notre sentiment à cet égard.
LANGEVIN. Comme membre de la Commune, je crois qu’avant de prendre une décision, il faudrait attendre des explications de nos collègues, auxquels il est fait allusion.
RANVIER. C’était une vraie mascarade, une fête de mardi-gras. Il faut y mettre ordre. (Oui !)Rendons les derniers devoirs aux victimes de Versailles, mais avec la mesure et la forme qui conviennent à des membres de la Commune.
(Très bien !)
EUDES. Je pense qu’il vaudrait mieux enterrer les morts aux endroits où ils ont été frappés.
OSTYN. C’est impossible. Nous autorisons, du reste, les familles à faire enlever leurs morts.
RANVIER. Je demande seulement que la Commune inflige un blâme à ceux de nos collègues qui font partie de cérémonies pareilles, ceints de leur écharpe ; il y a là une atteinte grave portée à la dignité des membres de la Commune, et il importe d’y remédier.
OSTYN. J’approuve cette motion : il ne faut pas que l’écharpe de la Commune aille du café au comptoir [cabaret, biffé].
LE PRÉSIDENT met aux voix la proposition du citoyen Ranvier.

Elle est adoptée.
PLUSIEURS MEMBRES demandent que l’incident soit relaté au procès-verbal et au compte rendu analytique.
VAILLANT. Je suis d’avis qu’il est inutile de faire connaître cet incident au public. Je m’oppose à l’insertion au compte rendu.
LE PRÉSIDENT, après avoir pris l’avis de l’assemblée, déclare que cet incident sera inséré seulement au procès-verbal pour que les membres de la Commune en aient seuls connaissance et non au compte rendu analytique.
(Très bien !)
BILLIORAY. J’appuie complètement cette détermination.
(À suivre.)




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