Honnêtement, je vous conseille de lire ces quelques lignes et osez me dire ensuite qu'elles ne sont pas actuelles. Dites moi que ce n'est pas ce que nous vivons encore aujourd'hui, au 21°siècle. N'avons-nous pas l'impression de revenir à un temps ancien où ils avaient l'excuse de tout découvrir alors que nous , nous aurions du prendre leçon de notre passé.
« Le 1°mai est une
occasion qui peut tourner bien. Il suffirait pour cela que nos
frangins, les troubades, lèvent la crosse en l'air comme en février
1848, comme au 18 mars 1871, et ça ne serait pas long du coup ».
A propos de la grève générale,
bien avant les autres en 1889 :
« Oui, nom de Dieu, y a
plus que ça aujourd'hui : la grève générale !
Voyez-vous ce qui arriverait si
dans quinze jours y avait plus de charbon. Les usines s'arrêteraient,
les grandes villes n'auraient plus de gaz, les chemins de fer
roupilleraient.
Du coup, le populo presque tout
entier se reposerait. Ça lui donnerait le temps de réfléchir ;
il comprendrait qu'il est salement volé par les patrons, et dame, il
se pourrait bien qu' il leur secoue les puces dare-dare ! »
« Donc une fois que les
mineurs seraient tous en l'air, que laz grève serait quasi générale,
faudrait, nom de dieu, qu'ils se foutent à turbiner pour leur propre
compte ; la mine est à eux, elle leur a été volée par les
richards ; qu'ils reprennent leur bien, mille bombes. Et le jour
où, assez marioles, y aura une tripotée de bons bougres qui
commenceront le chabanais dans ce sens, eh bien ! Foi de Père
Peinard, le commencement de la fin sera arrivé ».
« Les accapareurs »
article de son journal « Le Père Peinard »
« Gouvernants,
bouffe-galette et financiers, c'est fripouille et cie. Comme
aujourd'hui, l'on a décidé une enquête. Je préfère le système
de 89, c'était mieux. Ainsi au mois de juillet de 89, Berthier de
Sauvigny était accroché à un réverbère, et un autre de ses
copains, Foullon, était massacré. Quand donc nous foutrons-nous à
appliquer à nouveau ce système, pour faire passer le goût du pain
à toute la clique des Rothschild et des Schneider? »
L'agitation à l'étranger
expliquée avec les mots de Pouget :
« En plus des gars
d'Allemagne qui se trémoussent gaillardement, les Macaronis cassent
la margoulette à leurs grands proprios, les paysans serbes et
bulgares, qualifiés de brigands par nos salopiots de
journaleux,tapent sur les grosses légumes...Y a pas jusqu'aux
Angliches qui, malgré leur flegme et leur air gnangnan, y sont allés
de leur petit grève ».
Sur les élections :
« C'est dimanche qu'elles
ont lieu ces sacrées élections ! Turellement c'est pas les
candidats qui manquent : y en a pour tous les goûts et de
toutes les couleurs : une truie n'y trouverait pas ses petits.
Mais, nom de dieu, si la couleur et l'étiquette des candidats
changent, y a une chose qui ne varie pas : les boniments !
Réacs, républicains, boulangeards , socialos, etc...tous
promettent au populo de se faire mourir de fatigue ! »
qu'est ce qu'un syndicat pour
Emile Pouget :
« Cependant, quelle que
soit la forme préférée par les militants ou imposée par les
circonstances, soit que l'agglomérat syndical se limite au
« métier » ou s'étende à « l'industrie » ;
l'identité du but se dégage toujours. Elle est :
1° Tenir constamment tête à
exploiteur ; le forcer à respecter les améliorations
conquises ; enrayer toute tentative de régression ; puis,
aussi, tendre à atténuer l'exploitation en exigeant des
améliorations fragmentaires, telles que : diminution des heures
de travail, accroissement des salaires, meilleure hygiène, etc...
modifications qui, quoiqu’elles ne portent que sur des détails,
n'en sont pas moins des atteintes efficaces aux privilèges
capitalistes, dont elles sont une atténuation ;
2° Le syndicat tend à préparer
une coordination grandissante des rapports de solidarité, de manière
à rendre possible, dans le plus bref délai qu'il soit,
l'expropriation capitaliste, seule base pouvant servir de point de
départ ç une transformation intégrale de la société. Ce n'est
qu'après cette légitime restitution sociale que pourra être
annihilée toute possibilité de parasitisme. Alors seulement, nul
n'étant plus astreint à travailler au service d'un autre, le
salariat étant aboli, la production deviendra sociale dans sa
destination comme elle l'est dans sa source : à ce moment, la
vie économique étant un réel amalgame d'efforts réciproques,
toute exploitation sera, non seulement abolie, mais devenue
impossible ».
l'autonomie syndicale
« Pour si supérieur à
toute autre forme de groupement que soit le syndicat, il ne s'ensuit
pas qu'il ait une vie intrinsèque et indépendante de celle que lui
communiquent ses adhérents. C'est pourquoi ceux-ci, pour acte de
syndiqués conscients, se doivent de participer à l’œuvre du
syndicat. Et ce serait, de leur part, n'avoir pas la moindre notion
de ce qui fait la force de ce groupement que de supposer s'être
affirmés parfaits syndiqués en se mettant financièrement en règle
avec le syndicat.
Certes, il est bon de verser
régulièrement ses cotisations, mais ce n'est que la plus mince part
de ce que se doit à lui-même, et par conséquent au syndicat, un
militant convaincu : il doit, en effet, savoir que la valeur du
syndicat est moins le résultat de son encaisse monétaire que la
multiplication de l'énergie cohérente de ses adhérents.
L'individu est la cellule
constitutive du syndicat. Seulement, il ne se produit pas pour le
syndicat le phénomène dépressif qui se manifeste dans les milieux
démocratique où, le suffrage universel étant en honneur, la
tendance est à la compression et à la diminution de la personnalité
humaine. Dans un milieu démocratique, l'électeur ne peut user de sa
volonté que pour un acte d'abdication : il est appelé à
« donner » sa « voix » au candidat qu'il
souhaite avoir pour « représentant ».
L'adhésion au syndicat
n'implique rien de semblable et le plus pointilleux n'y pourrait
découvrir la moindre atteinte à la personnalité humaine :
après comme avant, le syndiqué est ce qu'il était, après, comme
avant, autonome il était, autonome il reste.
En entrant dans un syndicat, le
travailleur se borne à passer un contrat, toujours révocable, avec
des camarades qui sont ses égaux, en vouloir et en pouvoir et, à
aucun moment, les avis qu'il pourra être amené à émettre, les
actes auxquels il lui adviendra de participer, n'auront les
caractères suspensifs ou abdicatifs de la personnalité qui
distinguent et qualifient les votes politiques.
Au syndicat, par exemple,
s'agit-il de nommer un conseil syndical, ayant charge de la besogne
administratif, il n'y a pas à comparer cette « sélection »
avec une « élection », le mode de votation,
habituellement employé en de telle circonstance, n'est qu'un procédé
pour aboutir à la division du travail et il ne s'accompagne d'aucune
délégation d'autorité. Les fonctions du conseil syndical,
strictement délimités, ne sont qu'administratives. Le conseil fait
la besogne qui lui incombe, sans jamais neutraliser ses mandants,
sans se substituer à eux, ni agir pour eux.
Autant peut s'en dire de toutes
les décisions prises au syndicat ; toutes se restreignent à un
acte défini et particulier, tandis que, dans le domaine
démocratique, l'élection implique que l'élu a reçu de son
électeur un blanc-seing qui lui permet de décider et d'agir à
saguise, sur tout et pour tout, sans même être entravé par la
volonté possiblement contraire de ses mandants, dont, en ce cas,
l'opposition, si caractérisée qu'elle soit, est inefficace, tant
que court le mandat de leur élu.
Il n'y a donc pas de parallèle
possible, et encore moins de confusion, entre l'action syndicale et
la participation aux décevantes besognes de la politique ».
Le syndicat , école de la
volonté :
Le « connais-toi
toi-même ! » de Socrate est, au syndicat, complété par
la maxime : »Fais tes affaires toi-même ».
Ainsi le syndicat s'érige comme
une école de volonté : son rôle prépondérant résulte du
vouloir de ses membres et, s'il est la forme supérieure
d'association, c'est parce qu'il est la condensation des forces
ouvrières, rendues efficaces par leur action directe, forme sublime
de l'activité consciente des volontés de la classe prolétarienne.
La bourgeoisie a manœuvré pour
prêcher la résignation et la patience au peuple en lui faisant
espérer que le progrès s'accomplirait par miracle, sans effort de
sa part, grâce à l'intervention extérieure de l'état. Ce n'était
que la perpétuation, sous une forme moins niaise, des croyances
millénaires et religiosâtres. Or, tandis que les dirigeants
tentaient de substituer cette illusion décevante au non moins
décevant mirage religieux, les travailleurs réalisaient dans
l'ombre, avec une ténacité indomptable et jamais rebutée,
l'organisme d'émancipation qu'est le syndicat. »
« Les groupements de
charité n'ont jamais porté ombrage à la bourgeoisie, qui sait fort
bien qu'étant de simples calmants ils ne peuvent, à aucun titre,
constituer un remède au mal de misère. L'espoir en la charité est
un cataplasme somnifère tout juste bon à empêcher les exploités
de réfléchir sur leur triste sort et d’y chercher une solution.
C'est pourquoi les associations mutualistes ont toujours été
tolérées, sinon encouragées par les dirigeants ».
L'oeuvre présente
« Les politiciens, qui ne
vivent que de la confusion des idées et que chagrine la répulsion
croissante qu'ont les syndicats pour leurs personnalités et leur
dangereuse intervention, ont essayé de transporter dans les milieux
économiques les querelles de mots avec lesquels ils bernent les
électeurs. Ils ont cherché à créer des zizanies et à couper les
syndicats en deux camps, en classifiant les travailleurs en
réformistes et en révolutionnaires. Pour mieux discréditer ces
derniers, ils les ont baptisés « les partisans du tout ou
rien » et les ont mensongèrement prétendus adversaires des
améliorations actuelles possibles.
Ces niaiseries n'ont de
supérieur que leur stupidité. Il n'est pas un travailleur, quelle
que soit sa mentalité ou ses aspirations, qui , par principe ou par
tactique, voudrait s'entêter à travailler 10 heures au compte d'un
patron, au lieu de 8, tout en gagnant six francs au lieu de 7 ».
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