[Octobre 1937 / Living marxism, n° 3, 1938, pp. 83-85]
Dans l’Île d’Hispaniola, en
octobre 1937, 12,000 personnes sans défense ont été soudainement abattues dans
une boucherie telle qu’un auteur a parlé « de massacre délibéré, le plus
horrible des temps modernes ». Le massacre a commencé quand le président de la
République dominicaine, Leonidas Trujillo a affirmé qu’il allait débarrasser le
pays des « chiens, des porcs et des Haïtiens ». Se rendant à une ville proche
de la frontière haïtienne pour une soirée dansante, il a prononcé, le 2
octobre, un discours où il disait : « Je suis venu à la frontière pour voir ce
que je pourrais faire pour les Dominicains vivant ici. J’ai constaté que les
Haïtiens avaient volé la nourriture et le bétail de nos fermiers. J’ai constaté
que notre peuple serait plus heureux si nous nous étions débarrassé des
Haïtiens. Je vais arranger cela : hier trois cents Haïtiens ont été tués à
Banica. Cela doit se poursuivre ». Ce discours a été le début d’une période de
carnage épouvantable. A un signal donné, le sang des tueries a jailli
quasi-simultanément dans environ soixante-cinq lieux différents. Ceux qui n’ont
pas réussi à fuir à temps en Haïti ont été conduits comme un troupeau dans des
zones de défrichement et abattus comme des animaux d’abattoir ... [suit une
description très détaillée] Tel est le récit de la façon dont Leonidas Trujillo,
à bas coût, et avec l’aide de notre gouvernement [américain], a résolu le
malaise économique en République dominicaine. D’aucuns de se demander si cette
méthode était vraiment plus rude que la cubaine, Cuba qui a impitoyablement
expédié cargaison après cargaison des travailleurs (haïtiens) vers leur pays
d’origine déjà surpeuplé et affligé de ses propres conditions économiques, où
ils pourraient seulement traîner leur existence dans la misère et la famine.
Pourtant ces deux méthodes dans le traitement des chômeurs – inanition et
assassinat – sont les seules mesures connues du capitalisme. Les ‘heureux’
Dominicains – de concert avec les ‘heureux’ pays fascistes (qui s’organisent
ouvertement pour la guerre) – peuvent maintenant réaliser la forme la plus
directe de ces deux possibilités. Les pays démocratiques, qui offrent
l’allocation chômage et l’aide alimentaire, doivent encore leur permettre de ne
mourir que de la malnutrition et de la maladie. Mais bientôt toutes les
nations, fascistes et démocratiques, emploieront la formule la plus directe
d’éliminer les chômeurs. Alors le massacre de Haïtiens pourra être reproduit
sur une échelle mondiale, mais s’effectuer cette fois non pas avec des
machettes et autres armes primitives, mais avec les chars d’assaut, les
bombardiers et tous autres engins de mort en possession des nations les plus
policées.
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