« Comme on le voit, la bourgeoisie
nationale de certains pays sous-développés n’a rien appris dans les livres. Si
elle avait mieux regardé vers les pays d’Amérique latine, elle aurait sans nul
doute identifié les dangers qui la guettent. On arrive donc à la conclusion que
cette micro-bourgeoisie qui fait tant de bruit est condamnée à piétiner. Dans
les pays sous-développés, la phase bourgeoise est impossible. Il y aura certes
une dictature policière, une caste de profiteurs, mais l’élaboration d’une
société bourgeoise se révèle vouée à l’échec. Le col[1]lège des profiteurs
chamarrés, qui s’arrachent les billets de banque sur le fonds d’un pays
misérable, sera tôt ou tard un fétu de paille entre les mains de l’armée
habilement manœuvrée par des experts étrangers. »
« Les quelques remarques que nous
avons pu faire sur la bourgeoisie nationale nous conduisent à une conclusion
qui ne devrait pas étonner. Dans les pays sous-développés, la [168] bourgeoisie
ne doit pas trouver de conditions à son existence et à son épanouissement.
Autrement dit, l’effort conjugué des masses encadrées dans un parti et des
intellectuels hautement conscients et armés de principes révolutionnaires doit
barrer la route à cette bourgeoisie inutile et nocive.
La question théorique que l’on pose depuis
une cinquantaine d’années quand on aborde l’histoire des pays sous-développés,
à savoir la phase bourgeoise peut-elle ou non être sautée, doit être résolue
sur le plan de l’action révolutionnaire et non par un raisonnement. La phase
bourgeoise dans les pays sous-développés ne se justifierait que dans la mesure
où la bourgeoisie nationale serait suffisamment puissante économiquement et
techniquement pour édifier une société bourgeoise, créer les conditions de
développement d’un prolétariat important, industrialiser l’agriculture, rendre
possible enfin une authentique culture nationale. »
« La lutte contre la bourgeoisie des
pays sous-développés est loin d’être une position théorique. Il ne s’agit pas
de déchiffrer la condamnation portée contre elle par le jugement de l’histoire.
Il ne faut pas combattre la bourgeoisie nationale dans les pays [169]
sous-développés parce qu’elle risque de freiner le développement global et
harmonieux de la nation. Il faut s’opposer résolument à elle parce qu’à la
lettre elle ne sert à rien. Cette bourgeoisie, médiocre dans ses gains, dans
ses réalisations, dans sa pensée, tente de masquer cette médiocrité par des
constructions de prestige à l’échelon individuel, par les chromes des voitures
américaines, les vacances sur la Riviera, les week-ends dans les boîtes de nuit
néonisées. »
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