mardi 11 décembre 2018

Journal officiel de la Commune


Paris, le 9 avril 1871.

Chaque compagnie doit élire trois délégués, sans distinction de grade, pour former le cercle du bataillon. Les cercles des bataillons d’un arrondissement doivent élire deux délégués pour former le conseil de légion avec les chefs de bataillons de l’arrondissement. Les conseils de légion de chaque arrondissement doivent élire trois délégués pour former le Comité central. Les chefs de bataillon d’un arrondissement désignent à l’élection l’un d’eux comme chef de légion pour faire également partie du Comité central. Un des délégués de compagnie est spécialement désigné pour assister aux assemblées générales de la Fédération et en rendre compte à ses commettants. Assistent également aux assemblées générales : les officiers élus par le corps des officiers de leurs bataillons et les chefs de bataillon. Les cercles de bataillon et les conseils de légion sont des conseils de famille qui doivent spécialement s’occuper des intérêts particuliers de leurs mandants ; ils ont à connaître des réclamations de toute nature, les appuyer auprès du Comité central.
Ils doivent faire procéder aux élections des vacances dans les délégations. Ils doivent veiller au bon esprit de leurs bataillons ou légions, au maintien de la discipline, par la persuasion et l’exemple, et mettre tout en oeuvre pour qu’aucun des gardes nationaux ne puisse se soustraire à la part de service qui lui incombe. Ils font connaître au Comité central leurs voeux et leurs idées pour les améliorations à apporter dans l’organisation générale. Les chefs de légion peuvent recevoir directement de l’autorité militaire les ordres concernant un ou plusieurs bataillons placés sous leur commandement. En aucun cas, les conseils de légion, les cercles de bataillon ou les délégués de compagnie ne peuvent s’immiscer dans le commandement, donner des ordres, ou faire battre ou sonner le rappel pour les bataillons. Il importe au salut commun que ces prescriptions soient scrupuleusement observées, de manière que tous les intérêts, civils et militaires, de la garde nationale soient complètement sauvegardés et qu’une discipline intelligente vienne s’introduire dans les rangs des valeureux citoyens sur l’intelligence et le courage desquels repose l’avenir de la République. Les gardes nationaux ne sauraient apporter trop de soin dans l’élection de ceux qu’ils appellent à les commander. La science militaire, l’énergie et la foi républicaine sont des qualités que doivent réunir les candidats. Mais, une fois les choix faits avec ce discernement, ils doivent donner leur confiance à leurs élus, s’abstenir d’interpréter les ordres qu’ils reçoivent, ne jamais perdre de vue que l’obéissance et la discipline sont la force des armées, et que tout corps indiscipliné devient une bande sans cohésion, facilement battue. L’autorité qui donne un ordre en est responsable, et toute désobéissance, quelquefois même toute hésitation, peut devenir un crime qui compromet l’honneur de la garde nationale et le succès d’une opération. Les chefs doivent commander avec douceur, mais doivent énergiquement réprimer toutes les velléités de discorde. Le bon sens des citoyens établira facilement ce lien de confiance et de solidarité réciproques, qui doivent être la discipline de la garde nationale. La présente circulaire sera copiée sur les livres d’ordres de chacune des compagnies et lue à trois appels consécutifs.
Pour le Comité central.
G. ARNOLD, ANDIGNOUX, AUDOYNAUD, AVOINE FILS, BAROUD, BOUIT, L. BOURSIER, H. CHOUTEAU, A. DU CHAMP, FABRE, FERRAT, FOUGERET, C. GAUDIER, GROLARD, GOUHIER, GHELLIER, GUIRAL, LAVALETTE, EF. MOREAU, PRUDHOMME, ROUSSEAU.
Approuvé :
Le délégué à la guerre.
CLUSERET.

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