Les
collabos du capital
Ainsi
donc, comme en 2003, les «grandes» directions confédérales ont
contribué à l'enlisement de l'exceptionnelle mobilisation populaire
de ces dernières semaines. Non seulement elles n'auront rien fait
pour élargir le mouvement et pour en approfondir le contenu
revendicatif (sur les salaires, l'emploi, les conditions de travail,
etc.). Mais elles ont tout fait, au contraire, notamment par de
stériles journées de «mobilisation» et d'«action»,
pour l'immobiliser et le vouer à l'inaction. Pour garder quand même
bonne réputation, elles se sont attribué le mérite de la
démonstration de l'illégitimité du gouvernement et de sa «réforme»
du régime des retraites. Comme si cette démonstration était encore
à faire ! Comme s''il n'était pas évident depuis longtemps que
nous sommes face à un gouvernement qui reconnaît pour seules
sources de légitimité les conseils d'administration des
entreprises, les injonctions du MEDEF, les salles d'ordre où se
décide le cours du CAC 40, les avis des agences de notation et les
rapports du FMI ! Pourtant le potentiel était immense. L'arrêt des
raffineries de pétrole impliquait à terme rapproché la paralysie
progressive de toute l'activité économique via celle des transports
routiers, maillon indispensable des pratiques «flux tendus» des
entreprises. Une dynamique de solidarité et de grèves autour de ce
noyau et des AG interpros aurait pu donner au mouvement la force et
surtout l'autonomie lui permettant de déborder les appareils
syndicaux. Parions que face à une menace réelle de débordement, le
«stroumpf jaune» de la CFDT et son acolyte de la CGT
auraient opportunément découvert les moyens de défendre les
opprimés ! Mais, hélas, la situation est restée sous le contrôle
des apparatchiks qui inspirent encore confiance, semble-t-il.
Pourquoi, par exemple, la grève a-t-elle subitement cessée dans les
raffineries ?... L'élan, impulsé d'en bas par des grèves et des
blocages coordonnés dans de belles AG interpros (on n'en avait pas
vu de semblables depuis des décennies !) n'ayant pas été
suffisamment puissant, c'est le sacro-saint «front syndical» des
deux compères d'en haut qui a repris le dessus. Le constat :
«Désolé, le mouvement n'est plus viable» n'est pas loin.
Et Chérèque a déjà bondi sur une «ouverture » du
gouvernement. Comme les choses sont bien faites, à chaque fois, le
pouvoir lui donne un alibi : en 2003, c'était la promesse d'ouvrir
des négociations sur l'âge de départ en fonction de la pénibilité
(sept ans après, on les attend toujours…). En 2010, c'est la
promesse d'ouvrir en 2013 la mise en place d'un régime de retraite
par points, c'est-à-dire l'asphyxie progressive du régime par
répartition. Ainsi, d'une trahison à l'autre, les traîtres ne
prennent même plus la peine de masquer la nature de leur forfait :
le plat de lentilles pour lequel ils nous ont vendus et qu'ils nous
proposent comme pitance s'affiche cette fois-ci ouvertement infesté
de mort aux rats. Viendra bien un jour où on le leur fera bouffer !
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