lundi 10 décembre 2018

A Contre-Courant Aout 2001


A la mémoire de Carlo Giuliani Aout 2001


Un manifestant est mort ! jeune italien de 23 ans abattu de 2 balles dans la tête sur le corps duquel un véhicule de la police s'est acharné à rouler à plusieurs reprises. Un manifestant est mort ! un homme tué par cette bestialité policière qui matraque, piétine, écrase, tabasse et assassine celles et ceux qui ont l'audace de ne pas se soumettre à l'ordre injuste de ce monde. Un manifestant est mort ! Carlo Giuliani a rejoint le long cortège des martyrs qui ont lutté à en mourir pour la justice et la liberté, son nom est venu s'ajouter à l'interminable liste de ceux qui, des 10 de Fourmies à Gilles Tautin et Malik Oussekine, sont tombés dans la rue et ne se sont jamais relevés.
La violence déchaînée est inhérente à l'action de la police lorsqu'elle devient chien de garde du pouvoir d'Etat. Toute répression policière du mouvement social ne peut qu'être brutale et démesurée. Elle doit l'être car seule la férocité de la police lui permet de contenir momentanément une puissance qui lui est infiniment supérieure : la force collective qu'engendré le rassemblement social de volontés individuelles. D'ailleurs, après examen des circonstances, comment ne pas considérer comme inévitable la mort d'un manifestant ? Comment ne pas considérer cela comme une forme d'assassinat, avec sa part de préméditation, quand on découvre que les autorités policières berlusconiennes envoient au front, avec en main des armes à feu, des adolescents inexpérimentés et paniques ? Et lorsque d'autres, plus expérimentés et d'une froide brutalité, surgirent dans la nuit pour parachever ces basses besognes, on cru revivre à Gênes les heures sombres et terribles de Santiago du Chili. Les dirigeants du monde ont mobilisé 20.000 policiers sur-armés pour endiguer la déferlante populaire qui, de contre-sommets en contre-manifestations, résiste et défie le talon de fer du capitalisme mondialisé. 20.000 policiers pour écarter les 300.000 manifestants des 8 chefs d'Etat : c'était dévoiler que leur pouvoir ne s'enracine pas dans le peuple dont ils se prétendent les représentants mais tient en grande partie à la matraque qui les protège. 300.000 manifestants aux revendications desquels les 8 chefs d'Etat auront opposé une fin de non recevoir. Georges W. Bush est reparti comme il est venu, déclarant: " la mondialisation est une bonne chose, elle apporte des avantages à tous, il faut plus de mondialisation pour permettre plus de démocratie" ; et son affidé romain, Augusto Berlusconi de rajouter : "Ceux qui sont contre le G8 luttent contre le monde occidental, la philosophie du monde libre, l'esprit d'entreprise". Des institutions qui répondent par la violence à la contestation populaire témoignent de leur fragilité et se condamnent à intensifier la répression. Qu'on la désigne, comme c'est souvent le cas aujourd'hui, par le terme de "mondialisation" ou qu'elle se cache, comme c'est le cas depuis des décennies dans les bidonvilles du Tiers-Monde, sous le vocable d' "ajustement structurel", c'est toujours de la logique du Capital dont il s'agit. A Gênes, derrière les carabiniers, elle fut contrainte une fois de plus, de se révéler un instant telle qu'elle est, charriant des violences de toutes sortes qui peuvent prendre à l'occasion la forme de la matraque, du canon à eau, de la grenade lacrymogène, voire du tir à balles réelles.
Carlo est tombé, mais il n'est pas mort car il lutte avec nous !

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