A
la mémoire de Carlo Giuliani Aout 2001
Un
manifestant est mort ! jeune italien de 23 ans abattu de 2 balles
dans la tête sur le corps duquel un véhicule de la police s'est
acharné à rouler à plusieurs reprises. Un manifestant est mort !
un homme tué par cette bestialité policière qui matraque, piétine,
écrase, tabasse et assassine celles et ceux qui ont l'audace de ne
pas se soumettre à l'ordre injuste de ce monde. Un manifestant est
mort ! Carlo Giuliani a rejoint le long cortège des martyrs qui ont
lutté à en mourir pour la justice et la liberté, son nom
est venu s'ajouter à l'interminable liste de ceux qui, des 10 de
Fourmies à Gilles Tautin et Malik Oussekine, sont tombés dans la
rue et ne se sont jamais relevés.
La
violence déchaînée est inhérente à l'action de la police
lorsqu'elle devient chien de garde du pouvoir d'Etat. Toute
répression policière du mouvement social ne peut qu'être brutale
et démesurée. Elle doit l'être car seule la férocité de la
police lui permet de contenir momentanément une puissance qui lui
est infiniment supérieure : la force collective qu'engendré le
rassemblement social de volontés individuelles. D'ailleurs, après
examen des circonstances, comment ne pas considérer comme inévitable
la mort d'un manifestant ? Comment ne pas considérer cela comme une
forme d'assassinat, avec sa part de préméditation, quand on
découvre que les autorités policières berlusconiennes envoient au
front, avec en main des armes à feu, des adolescents
inexpérimentés et paniques ? Et lorsque d'autres, plus expérimentés
et d'une froide brutalité, surgirent dans la nuit pour parachever
ces basses besognes, on cru revivre à Gênes les heures sombres et
terribles de Santiago du Chili. Les dirigeants du monde ont mobilisé
20.000 policiers sur-armés pour endiguer la déferlante populaire
qui, de contre-sommets en contre-manifestations, résiste et défie
le talon de fer du capitalisme mondialisé. 20.000 policiers pour
écarter les 300.000 manifestants des 8 chefs d'Etat : c'était
dévoiler que leur pouvoir ne s'enracine pas dans le peuple dont ils
se prétendent les représentants mais tient en grande partie à la
matraque qui les protège. 300.000 manifestants aux revendications
desquels les 8 chefs d'Etat auront opposé une fin de non recevoir.
Georges W. Bush est reparti comme il est venu, déclarant: " la
mondialisation est une bonne chose, elle apporte des avantages à
tous, il faut plus de mondialisation pour permettre plus de
démocratie" ; et son affidé romain, Augusto Berlusconi
de rajouter : "Ceux qui sont contre le G8 luttent contre le
monde occidental, la philosophie du monde libre, l'esprit
d'entreprise". Des institutions qui répondent par la
violence à la contestation populaire témoignent de leur fragilité
et se condamnent à intensifier la répression. Qu'on la désigne,
comme c'est souvent le cas aujourd'hui, par le terme de
"mondialisation" ou qu'elle se cache, comme c'est le
cas depuis des décennies dans les bidonvilles du Tiers-Monde, sous
le vocable d' "ajustement structurel", c'est
toujours de la logique du Capital dont il s'agit. A Gênes, derrière
les carabiniers, elle fut contrainte une fois de plus, de se révéler
un instant telle qu'elle est, charriant des violences de toutes
sortes qui peuvent prendre à l'occasion la forme de la matraque, du
canon à eau, de la grenade lacrymogène, voire du tir à balles
réelles.
Carlo
est tombé, mais il n'est pas mort car il lutte avec nous !
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