vendredi 7 décembre 2018

A Contre-Courant Edito de Mars 2010


La Démocratie est morte ! Vive la démocratie !


On daube souvent sur la démocratie athénienne en faisant remarquer que seul le dixième des habitants pouvait prendre part aux délibérations et désigner les gouvernants. Tandis que les esclaves, affranchis,métèques et autres citoyens de seconde zone en étaient exclus. Il n’est pas certain que «nos» démocraties contemporaines soient de meilleure qualité. Certes, on n’en est plus au suffrage censitaire. Et le suffrage dit universel, longtemps réservé aux hommes, inclut désormais aussi les femmes.Mais les résidents étrangers en sont toujours exclus, en tout ou en partie. Et, surtout, sous l’influence de la classe dominante, d’autres phénomènes dévitalisent «nos» démocraties . Candidats, élus et gouvernants sont issus d’une petite minorité de catégories sociales et l’absence de programme clair réduit leurs promesses à des formules souvent creuses et ineptes. La distance grandissante entre élus et électeurs, favorisée par la professionnalisation de la vie politique, rabaisse le débat à un spectacle médiatique où la forme (l’apparence physique et vestimentaire, la petite phrase) l’emporte sur le fond (le discours argumenté). L’infidélité répétée des élus à leurs engagements et leur manque cynique de tout sens civique les ont décrédibilisés. Et ce n’est pas leur totale absence de volonté de transformer le monde en affrontant les intérêts des maîtres de ce monde - dont ils ne sont que les marionnettes parfaitement interchangeables – qui peut inspirer le respect. Tous ces traits dominants de «nos» démocraties conduisent parfois la moitié des inscrits à se tenir à l’écart de la consultation. Plus largement, des citoyens se tiennent à l’écart du débat politique parce qu’ils ne se reconnaissent plus dans les discours et propositions, qu’ils n’y retrouvent plus l’écho de leurs propres préoccupations et aspirations. Tout cela n’est pas neuf. Et les élections régionales, dont la campagne se déroule dans une large indifférence, en donnent une nouvelle et malheureuse illustration, sans que la présence de listes d’extrême gauche y change quoi que ce soit. Pour réagir, nous vous proposons de glisser dans l’urne non pas un bulletin de vote en faveur d’un candidat, fût-il sympathique, mais un bulletin portant mention d’une exigence en rapport avec les urgences de la situation actuelle. On en donne un exemple page 11. En voici d’autres: «Arrêt de tous les licenciements !», «Réduction effective du temps de travail à 32 heures avec embauches correspondantes !», «Augmentation massive des impôts et des cotisations sociales sur les hauts revenus et le capital !», «Développement quantitatif et qualitatif des services publics et des équipements collectifs de logement, de santé, d’éducation, de la culture !», etc. Faisons ainsi jaillir des urnes de vigoureuses revendications, qu’il s’agira surtout de porter par nos luttes pour que s’épanouisse enfin une vraie démocratie.


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