L’éducation
professionnelle est nécessaire à la formation intellectuelle et
manuelle du bon ouvrier. De même l’Éducation syndicale est
indispensable à la formation intellectuelle et mo-rale de
l’exploité. Cette Education, il n’a besoin ni de maîtres, ni de
patrons pour la lui donner : C’est la vie ouvrière elle-même qui
se charge de lui faire une mentalité de revendicateur et parfois
même de révolté ; de lui former une conscience de travailleur qui
veut son indépendance et cherche la voie de son affranchissement. Il
est indéniable que l’Éducation syndicale a su développer chez
les syndicalistes l’esprit de révolte et hausser considérablement
chez la plupart des ouvriers qualifiés la conscience de leur valeur
et chez tous les salariés un besoin d’égalité en tout et pour
tout avec leurs semblables, fussent-ils leur exploiteurs, leurs
patrons, leurs maîtres. Il ne faut pas confondre cet état d’esprit,
produit de l’Éducation syndicale, avec le simple esprit de
démocratie bourgeoise. L’Éducation syndicale signifie bien enfin
que l’ouvrier, le producteur, tend à vivre « sans Dieu ni maître
», sans Etat, sans gouvernement et, par conséquent, sans tyrannie
d’aucune sorte et sans tyrans d’aucune espèce. Il a horreur de
la Dictature, de quelque nom dont on la puisse affubler, de quelque
masque dont se cache le visage un autoritaire politicien pour tromper
son monde. L’Éducation syndicale a fait des hommes de caractère
et de principes. Il est des militants syndicalistes purs auxquels ne
vint jamais à l’idée de changer d’opinions, suivant les
événements politiques ou sociaux. Dès l’instant que le régime
de l’exploitation subsiste, ils restent des révoltés et des
révolutionnaires et s’il est impossible ou inutile d’élever la
voix, ils savent se taire plutôt que de s’offrir stupidement aux
représailles féroces ou de lâchement hurler avec les loups.
L’éducation crée le stoïcisme, le généralise. L’Éducation
syndicale fait adopter le principe fameux que ni la guerre, ni la
victoire ou la défaite, n’ont pu démentir... au contraire, et qui
se traduit simplement par ces mots : « L’ouvrier n’a pas de
patrie ». Chaque fois qu’il prend les armes : pour d’autres
intérêts que les siens, il est dupe et victime. Une seule guerre le
réclame : « la guerre sociale... » un seul combat est le sien, une
seule lutte lui convient s’ils se rapportent à la Révolution
sociale. Et c’est alors, plus que jamais, que lui aura été
nécessaire l’Éducation syndicale susceptible de faire de lui,
producteur, l’organisateur d’une Société libre !
Georges
Yvetot
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