L'écriture
est l'art qui consiste à transmettre ou communiquer à l'aide de
signes et de caractères conventionnels, la parole et les idées.
Paul-Louis Courrier nous dit que « lorsque l'écriture fut trouvée,
plusieurs blâmaient cette invention, non encore justifiée aux yeux
de bien des gens ; on la disait propre à ôter l'exercice de la
mémoire et à rendre l'esprit paresseux ». L'expérience a démontré
une fois de plus que les adversaires du progrès étaient dans
l'erreur puisque à tous les points de vue, l'écriture a amplement
servi la cause de la civilisation. L'écriture ne fut pas toujours ce
qu'elle est aujourd'hui, et à l'origine pour rendre sa pensée on se
servait de ce que nous appelons les hiéroglyphes. L'écriture
hiéroglyphique se divisait en hiéroglyphes représentatifs,
caractéristiques ou allégoriques. L'écriture hiéroglyphique
représentative était la plus élémentaire et la plus simple. Pour
transmettre l'idée, d'un chien, d'une table, d'un fleuve, d'une
montagne, etc., on peignait simplement cet animal, cet objet ou cette
chose de façon rudimentaire. Ainsi que son nom même l'indique,
l'écriture hiéroglyphique caractéristique servait à peindre le
caractère ; ainsi un lion, un tigre, signifiait la méchanceté, la
barbarie ; un hippopotame la cruauté ; enfin l'écriture
hiéroglyphique allégorique avait un caractère symbolique ; le
soleil annonçait la divinité ; l'oeil, un monarque, etc... On
conçoit quelle difficulté on rencontrait pour transmettre sa pensée
en utilisant de tels procédés, et que seule une faible minorité
était capable d'apprendre et susceptible d'écrire. L'écriture
phonétique n'exige, elle, qu'un nombre restreint de signes ou
caractères auquel on donne un son conventionnel et dont l'assemblage
dans des ordres différents permet à l'individu de transmettre
toutes les idées qui germent en son cerveau. On pense que l'écriture
phonétique ou alphabétique est d'origine phénicienne et que ce fut
Cadmus, le fondateur légendaire de Thèbes, qui porta aux Grecs les
premières lettres. Par la suite, les peuples varièrent la forme des
caractères et aussi leurs dispositions, et si les Orientaux
écrivent, par exemple, horizontalement de droite à gauche, les
occidentaux depuis fort longtemps, écrivent de gauche à droite ;
quant aux Chinois, leur écriture est perpendiculaire et ils écrivent
de haut en bas. Quelle que soit la forme des caractères et la façon
dont on les utilise, la nécessité de savoir écrire est
incontestable, puisque c'est l'unique moyen qui existe de s'exprimer
à distance et que l'écriture est un précieux intermédiaire entre
les hommes. L'écriture est un facteur d'évolution et il est
remarquable que les peuples analphabétiques, c'est-à-dire ceux où
la grande majorité des hommes ne savent ni lire ni écrire, sont les
plus arriérés au point de vue social. On pourrait objecter que
l'écriture est comme « les langues d'Ésope » la meilleure, mais
aussi la plus mauvaise chose qui existe ; que si elle est un facteur
d'évolution, elle est aussi un facteur d'asservissement et qu'elle
sert à traduire et à transmettre les bonnes et les mauvaises
pensées ; que les maîtres, les chefs, les dirigeants, les bergers
du peuple, par son intermédiaire, empoisonnent et corrompent la
mentalité de ceux qu'ils veulent maintenir dans l'esclavage ; pour
mieux profiter du produit de leurs travaux. C'est une erreur. La
lumière finit toujours par triompher de l'obscurité et une idée
juste d'une idée fausse. Si l'écriture véhicule des idées
fausses, elle véhicule également des idées nobles et grandes et
petit à petit - c'est une question de temps - s'effacent et
disparaissent devant le flambeau de la vérité.
Et
c'est pourquoi il est souhaitable que dans un avenir rapproché,
chaque homme sache lire et écrire. Lorsque, sur tous les points du
globe, il n'y aura plus un illettré et quand chaque individu sera
capable de comprendre ce qu'il lit, alors il sera impossible de
maintenir l'être humain dans l'asservissement et il se libèrera de
toutes les chaînes qui le tiennent encore rivé à la barbarie
ancestrale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire