dimanche 30 décembre 2018

ECOLE n. f. (du latin schola) Encyclopedie Anarchiste de Sébastien Faure




Il n'est pas nécessaire de définir l'école, mais il est utile de montrer les défauts les plus graves des écoles que fréquentent tous les jeunes enfants et d'indiquer ce qui devrait être fait pour rendre ces écoles meilleures. Il n'est pas indispensable non plus d'étudier comment les écoles se sont différenciées ; mais il est bon de montrer que la différenciation qui a pour but de séparer les enfants des riches des enfants du prolétariat est combattue aujourd'hui par les partisans de l'école unique. Il nous faut signaler aussi l'influence de l'individualisme sur la différenciation des écoles, comment l'on se propose aujourd'hui de tenir mieux compte des intérêts et des capacités des enfants, pour aider ces enfants à devenir des hommes plutôt que pour en faire des croyants ou' des citoyens.
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Nul mieux que Roorda n'a su exposer d'une façon claire, et souvent caustique, les défauts des écoles d'aujourd'hui. « Il y a, dit le pédagogue suisse, deux écoles : 10 L'école proprement dite…, où tous les enfants vont pour commencer ; 20 L'école spéciale ou professionnelle, où l'on entre plus tard, et où tous les élèves font un même apprentissage déterminé. Cette école spéciale sera, par exemple, une école de médecine, ou une école d'horlogerie, ou une école de droit, ou une école de commerce, ou une école de dessin, ou une école dentaire.
On comprend que dans une telle école tous les élèves se livrent au même entraînement méthodique ; qu'on propose à tous les mêmes travaux et que, finalement, on exige de tous les mêmes connaissances techniques et un même minimum d'habileté : les uns exécuteront plus facilement que les autres les exercices réglementaires ; mais les exigences du maître ne varieront pas avec leurs aptitudes respectives. En somme, c'est sa science de spécialiste, ce sont ses propres talents, ses propres tours de mains qu'il s'efforce de communiquer à tous ses élèves indifféremment. Si les goûts de l'un de ceux-ci sont trop fortement contrariés par cette discipline uniforme, qu'il s'en aille. Car il y a des règles concernant la résistance des matériaux que doivent connaître tous les futurs constructeurs de ponts. Il faut exiger aussi de tous les élèves d'une école d'horlogerie, qu'en dépit de marchant d'accord. Et je trouve bon que l'on interdise aux jeunes gens qui étudient l'art dentaire une originalité excessive dans la manière d'arracher les dents. Mais c'est de la première école que je veux parler, de celle que j'appellerai simplement l'Ecole, et dont on oublie trop souvent l'un des caractères essentiels. Dans cette Ecole-là, le maître s'adresse à des enfants qui exerceront par la suite les professions les plus diverses... L'Ecole doit donc se demander : « Est-ce que la science que j'enseigne a une valeur générale?... » Donc, ici, nous ne sommes plus à l'école professionnelle. Ici, en face de son maître, l'écolier n'est plus celui des deux qui doit comprendre l'autre. Il ne s'agit plus d'enseigner à tous les élèves les mêmes procédés et les mêmes formules. Il faut fournir à chacun d'eux l'occasion d'améliorer ce que la nature lui a donné de bon. Car chacun d'eux, en qualité d'être humain, a des aptitudes précieuses dont on pourrait favoriser le développement. Or, tous les enfants ne se développent pas de la même façon ; ils ne peuvent pas progresser tous de la même allure. …il est admissible que, dans certaines leçons, tous les écoliers fassent la même chose. Mais, à côté de ce domaine où l'instruction peut être obligatoire et uniforme, n'y en a-t-il pas un autre où la diversité et la liberté doivent être admises? ...Il existe beaucoup d'écoles où les jeunes gens peuvent se spécialiser. Mais nous n'avons pas encore celle où l'enfant pourra s'épanouir ».
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Certes, la plupart des écoles méritent encore les reproches que Roorda adresse à l'Ecole. On en comprendra la raison lorsque l'on saura que l'Ecole est née de l'Université et non l'Université de l'Ecole. Par routine, l'Ecole est restée mieux adaptée à la préparation à des études plus complètes qu'à la préparation à la vie. De plus en plus cependant, l'idée se répand que l'Ecole est faite pour les écoliers, si divers en leurs aptitudes et en leurs intérêts, et que tous les écoliers doivent profiter de l'enseignement d'une école. Sans doute parmi les défenseurs d'une meilleure et plus juste adaptation des écoles aux, écoliers, il en est un certain nombre qui se placent uniquement ou presque uniquement au point de vue social : pour qui les écoles spéciales pour arriérés ont pour but de déterminer les charges sociales, les écoles pour surnormaux de tirer le maximum de profit des élites, l'école unique - pas encore réalisée en France - de recruter toutes les élites. Mais que le but soit ou ne soit pas le progrès social, il n'en est pas moins vrai que les moyens envisagés se résument à peu près tous en une meilleure adaptation de l'enseignement aux individualités enfantines. Le progrès individuel et, partant, l'individualisation de l'enseignement sont les moyens du progrès social. Le besoin de différencier l'enseignement par la création d'écoles différentes s'est surtout fait sentir à propos des enfants trop différents des autres pour pouvoir profiter de l'enseignement collectif. La première école pour sourds muets fut créée à Paris en 1760 ; en 1784, à Paris également, on créait la première école pour aveugles ; cependant, l'écriture Braille, la plus usitée aujourd'hui pour les aveugles, ne fut inventée que vers 1829. L'enseignement pour les enfants infirmes et estropiés est encore aujourd'hui trop négligé, sauf peut-être au Danemark et aux Etats-Unis. A New-York, en 1921, près de 2.000 enfants estropiés étaient transportés journellement à des écoles spéciales par deux autobus municipaux et plusieurs véhicules loués ; plus de 500 étaient hospitalisés et 172, non transportables, instruits à domicile par 12 instituteurs volontaires. Cependant, l'intérêt des enfants n'est pas toujours seul en cause, celui des instituteurs a également influé sur la différenciation des écoles. On comprend que les enfants arriérés, anormaux, vicieux, aient été une gêne pour leurs maîtres. On devine que les élèves particulièrement bien doués n'aient pas été dans le même cas et que les maîtres soient heureux de conserver de tels élèves dans leurs classes. Aussi, alors que la première école spéciale pour arriérés était créée en Allemagne dès 1867, ce n'est qu'en 1905 que des écoles pour surnormaux furent créés aux Etats-Unis. Aujourd'hui encore, l'Ecole unique n'est désirée par la plupart des instituteurs qu'à la condition qu'ils n'y perdront pas leurs bons élèves. Pour que chaque enfant profite au maximum du temps passé par lui à l'école et du travail qu'il y fait, il faut que l'école tienne compte de la diversité des aptitudes et des intérêts. Parmi les solutions qui ont été proposées pour satisfaire à cette condition, l'une consiste à différencier les écoles et les groupes d'une même école, chaque groupe homogène pouvant ainsi recevoir un enseignement collectif profitable ; l'autre à différencier les travaux dans la même école, à individualiser l'enseignement et à assurer le contrôle, soit directement par le maître, soit indirectement. Il est, enfin, des écoles qui s'efforcent de combiner les deux solutions précédentes. Nous remettons à plus tard un exposé des méthodes employées pour la sélection des groupes ou pour l'enseignement individualisé. La première de ces solutions est employée dans quelques grandes villes, la seconde convient aux petites écoles.
Un modèle de différenciation du premier genre nous est offert à Jackson (Etats-Unis) où, en 1921, on comptait :
1° Des ungraded schools pour enfants déficients ;
2° Des lower auxiliary schools pour jeunes arriérés ;
3° Des upper auxiliary schools pour arriérés plus âgés;
4° Des opportunity schools pour les arriérés qui vont quitter l'école ;
5° Des speed schools, écoles rapides pour mieux doués ;
6° Des open air schools pour prétuberculeux et anémiés ;
7° Des schools for deaf pour sourds ou durs d'ouïe :
8° Des schools for the blind or sight saving scheel pour aveugles ou vues faibles ;
9° Des maîtres-répétiteurs (spécial help) pour des enfants normaux mais retardés en quelque matière. Parmi les autres typés d'écoles spéciales, dont nous n'avons pas encore parlé, nous devons citer celles pour enfants vicieux, vagabonds, délinquants, qui se sont surtout développés en Angleterre et aux Etats-Unis. Ajoutons encore les écoles destinées aux tout-petits et, parmi elles, les jardins d'enfants de Fröbel, créés en Allemagne dès 1837, les écoles maternelles françaises organisées tout d'abord par Mme Pape Carpentier et la maison des enfants (Case deï Bambini), de Mme Montessori, apparue en Italie, en 1907. Ainsi, peu à peu, en se différenciant, l'Ecole tient de plus en plus compte des aptitudes diverses des enfants. En est-il de même en ce qui concerne les intérêts enfantins? Certainement oui, mais si cet autre progrès peut être constaté dans les divers types d'écoles dont nous venons de parler, elle est surtout évidente dans ce qu'on a appelé les Ecoles nouvelles et les Ecoles du travail (Arbeitsschule). Claparède fait naître les premières en Angleterre en 1889 et sur le Continent en 1898, et les secondes aux Etats-Unis en 1896 et en Allemagne en 1907, mais il est certain que l'origine des méthodes mises en application dans ces écoles est bien plus lointaine. Ecoles nouvelles et Ecoles du travail sont aujourd'hui désignées le plus souvent sous le nom d'Ecoles actives. En résumé, l'Ecole a progressé, soit qu'elle s'efforce de tenir mieux compte du développement mental (Ecoles pour arriérés, sur mesure, de plein air, pour surnormaux) soit qu'elle veuille s'adapter aux intérêts et, en particulier, au besoin d'activité des enfants (Ecole active). Enfin, le souci de sélectionner l'élite, celui de mettre de l'ordre dans l'organisation scolaire et une palissée démocratique visent aujourd'hui le problème de l'Ecole unique. Bien que ces formes du progrès soient inséparables en réalité, que, par exemple l'Ecole active se préoccupe également de la diversité des aptitudes, nous adopterons cet ordre et cette division pour la suite de cette étude que nous terminerons en indiquant ce que doivent être l'Ecole et les Ecoles, selon nous.
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Ecoles pour anormaux et arriérés. Dans les villes comme dans les campagnes, on trouve un nombre considérable d'enfants anormaux et arriérés. Certains de ces enfants qui doivent leurs tares à des parents alcooliques, syphilitiques, ou tarés de toute autre façon, n'ont pas seulement le malheur d'être atteints de quelque infirmité ou d'être simples d'esprit, ils sont par dessus le marché les souffre-douleurs de leurs parents et de leur entourage. D'autres trouvent leur plaisir dans le vagabondage, la brutalité, les farces stupides ; ils donnent de mauvais exemples à leurs frères et soeurs, dans la famille, à tous les enfants dans la rue et dans l'école où ils sont une source de trouble. Ils gênent l'évolution des autres enfants, l'activité professionnelle de leurs parents et
causent à ceux-ci mille tracas. Les uns coûtent à la société parce qu'ils sont incapables de se suffire, les autres coûtent également parce que nuisibles. Il est certain que l'injustice sociale, avec ses taudis pourvoyeurs de cabarets, la mauvaise organisation .lu travail : oisiveté voulue ou non voulue (chômage) d'un côté et surmenage de l'autre est en grande partie la cause de la multiplication des anormalités. Cependant, dans une certaine mesure, il semble que le progrès des uns nécessite la régression des autres, que les sociétés mieux organisées auront sans doute encore leurs déchets, que les progrès de la masse des individus sont à la fois cause et résultat de la formation d'individus dégénérés aussi bien que de la constitution des élites. Faut-il s'occuper des enfants anormaux et arriérés? De multiples raisons justifient une réponse affirmative. A côté des raisons de justice et d'intérêt social qui s'explique par ce qui précède, on peut ajouter qu'un régime éducatif spécial, l'apprentissage de certains métiers peuvent alléger les charges sociales qui résultent des enfants inaptes ou dangereux. On peut aussi faire remarquer qu'un traitement spécial, dans les écoles ou internats spéciaux, en débarrassant les enfants anormaux d'un voisinage nuisible, ne peut qu'être favorable à l'instruction et à l'éducation de ceux-ci. Non seulement le traitement spécial des enfants anormaux ou arriérés diminue les inconvénients, les dangers et les charges qu'ils constituent, mais encore de ce traitement la médecine et la pédagogie retirent un grand profit pour l'éducation et la préservation des enfants normaux. De même que l'étude des maladies a eu pour effet de permettre les progrès de l'hygiène, de même l'étude des anormaux permet peu à peu de reconnaître et de prévenir les causes de dégénérescence. Enfin l'étude des méthodes propres à l'enseignement des anormaux ou arriérés nous a déjà permis de reconnaître certains défauts de l'enseignement donné aux enfants normaux et d'améliorer nos méthodes générales d'enseignement. Comment faut-il s'occuper des enfants anormaux et arriérés? D'abord, pour certains, un traitement physique s'impose : régimes, médications, cures de soleil, d'air, etc., selon les cas. Tout ceci est de la compétence des médecins. Ensuite, un traitement éducatif s'impose également. Ce traitement éducatif spécial, dont nous reparlerons à propos de l'éducation, est évidemment très variable, car il y a une grande variété d'anomalies et d'infériorités ; aussi il exige le plus souvent des éducateurs spécialisés, ayant la charge d'un petit nombre d'enfants, et des écoles spéciales. Moins l'hérédité a donné de valeurs latentes à l'enfant et plus l'influence du milieu éducateur devra être intense pour permettre au mieux l'épanouissement de ces valeurs. Les écoles spéciales pour anormaux et arriérés ont donc en tout premier lien pour rôle de favoriser le développement physique, mental et affectif de ces enfants. Elles s'efforcent ensuite de les préparer à des professions qu'ils soient capables de remplir.
Ajoutons, pour terminer, qu'actuellement, en France, le nombre des écoles spéciales est tout à fait insuffisant et que, surtout dans les campagnes, la plupart des enfants arriérés ou ne vont pas à l'école, ou vont à l'école ordinaire et y font peu ou point de progrès tout en nuisant à l'instruction et à l'éducation de leurs condisciples.
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Ecole sur mesure. En 1900 la ville de Mannheim (Allemagne) introduisit dans ses classes une organisation que l'on désigne tantôt sous le nom d' « Ecole sur mesure », tantôt sous celui de « système de Mannheim ». Ce système s'efforçait de tenir compte de la diversité des capacités des élèves en fractionnant chaque classe en trois divisions : l'une pour les enfants très intelligents, l'autre pour les moyens et la troisième pour les très faibles. Le système de Mannheim a été l'objet de nombreuses critiques et nous ne le signalons que comme la première tentative sérieuse de réaliser l'adaptation de l'enseignement à la nature de l'écolier.
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Ecoles pour surnormaux. Dès la Révolution Française, les projets d'organisation de l'enseignement public, présentés à la Convention par Condorcet et Lepelletier de Saint-Fargeau, posaient le principe que les enfants qui témoignent d'une intelligence supérieure doivent continuer leurs études aux frais de l'Etat et devenir les « Pupilles de la Pairie ». Plus tard, Napoléon, en fit des « Elèves du Gouvernement ».Aujoursystème mérite de sérieuses critiques. D'abord il est une aide imparfaite et par cela même- profite beaucoup plus à la petite bourgeoisie qu'au prolétariat. Ensuite le choix des boursiers se fait à l'aide d'examens qui ont le tort de tenir beaucoup plus compte de l'acquis scolaire que des aptitudes enfantines. Enfin les élèves ainsi sélectionnés se trouvent réunis à des cancres de familles riches et l'homogénéité des classes n'est pas obtenue dans les écoles. La sélection des mieux doués, sous sa forme actuelle, se fait surtout au profit de la classe sociale privilégiée qui tente d'aspirer les éléments les meilleurs du prolétariat. Il n'en est pas moins vrai qu'il y a un intérêt social évident à ce que l'on découvre très tôt l'élite intellectuelle et qu'on lui permette de se développer. L'intérêt social n'est pas seulement en jeu. Tout comme les anormaux, les normaux causent un déséquilibre des classes dont pâtissent les élèves moyens. Il y a enfin à cette sélection un intérêt individuel trop méconnu : l'enfant surnormal profite mieux d'un travail à sa mesure ; de plus, c'est souvent un enfant à surveiller au point de vue médical. N'oublions pas qu'il ne faut pas confondre l'enfant précoce, qui devient de bonne heure un petit homme mais s'arrête très tôt dans son développement et l'enfant surnormal exceptionnellement doué. Dès 1905, un allemand : Petzoldt, réclamait des écoles spéciales pour surnormaux. En 1917 la ville de Berlin créa de telles écoles. Son exemple fut suivi en 1918 par Hambourg. Dans le Northumberland (Angleterre) la sélection des mieux doués a aussi été organisée. Il en est de même en Autriche et en Amérique. En Belgique, une loi du 15 octobre 1921 a créé un « fonds provincial des mieux doués ». Non seulement la sélection des mieux doués gagna du terrain, mais encore elle perfectionne une méthode : aux examens ordinaires, où triomphent surtout les élèves doués d'une bonne mémoire et gavés de connaissances, on préfère de plus en plus les tests psychologiques, épreuves qui permettent de juger beaucoup mieux les aptitudes des élèves.
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Ecoles de plein air. Ces écoles naquirent en Allemagne et en France en 1904 et se l'épandirent peu à peu : les premières furent celles de Charlottenburg (Allemagne) et de Montigny-sur-Loing (France). Ensuite des écoles analogues furent créées au Danemark et en Hollande (1905), en Italie (1906), en Angleterre et en Norvège (1907), aux Etats-Unis et en Hongrie 11908), au Canada (1912), en Russie (1914), etc. Un premier Congrès international des écoles de plein air s'est tenu à Paris du 24 au 28 juin 1922. Ce Congrès a adopté un certain nombre de voeux ainsi que les modifications suivantes :
1° La classe aérée est une classe dans laquelle les fenêtres d’un côté ou de l'autre restent toujours ouvertes. II est désirable que toutes les classes deviennent des « classes aérées ».
2° L'Ecole de plein air est un établissement d'éducation situé hors des villes dans de bonnes conditions d'exposition et, pour le moment, réservé aux enfants non tuberculeux, mais ayant besoin d'un régime scolaire et hygiénique spécial, sous un contrôle médical. Elle peut être conçue sur le type externat ou sur le type internat ; celui-ci devra être offert à ceux des enfants qui subissent au foyer familial des conditions hygiéniques défectueuses. Il est désirable que ces types d'établissements scolaires se généralisent à l'ensemble de la population enfantine.
3° Les Préventoriums sont des établissements situés à la campagne, où des enfants, le plus souvent exposés à la contagion dans le milieu familial, non fébricitants et non contagieux, atteints des formes initiales, latentes et curables de tuberculose non pulmonaire, sont soumis en régime d'internat, à une hygiène spéciale, constituée par une alimentation, surveillée, une aération continue et une association de repos et d'entraînement physique, respectivement dosés par la collaboration d'un médecin et d'un pédagogue.
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Ecole active. Le terme « Ecole active » tend depuis quelques années à prendre la place d'un autre terme « Arbeitsschule » (école du travail), auquel les pédagogues reprochaient un certain manque de précision. A. Pabst note, dans l'avant-propos d'un ouvrage allemand, consacré à la pratique de l'Ecole du travail, que le terme Arbeitsschule « a eu assez fréquemment le tort d'être mal compris ». D'après lui, Arbeitsschule n'est ni simplement l'école de travail manuel ni l'ennemi de l'étude, Pour lui l'activité manuelle est une des formes les plus importantes de l'activité de l'enfant ; mais il ne faut pas omettre non plus l'enseignement par l'observation et l'expérience, l'enseignement occasionnel et l'enseignement en plein air. En outre « l'emploi des objets (enseignement de la réalité) et l'éveil de l'initiative et de l'activité personnelle de l'enfant doivent surtout être toujours placées au premier plan ». L'Arbeitsschule est une école d'éducation qui « place la formation de la volonté au centre de tout l'enseignement ». On ne peut, dit encore Pabst, « former et améliorer les hommes par le moyen d'un savoir verbal. C'est seulement sur une base de connaissances acquises par le travail personnel, par l'observation personnelle, la manière de faire et la pensée que peut se développer avec valeur la force de la volonté et celle de l'intelligence » ; Dans le même ouvrage (Aus der Praxis der Arbeitsschule), un instructeur de Leipzig, Karl Röszger, oppose la vieille pédagogie qui, sans souci de l'enfant, organisait le travail d'une façon logique, à la nouvelle pédagogie qui se place au point de vue psychologique et construit ses méthodes eu partant de l'enfant. Par suite, trois questions se posent à l'instituteur de 1’Arbeitsschule : 1° quel degré de développement a atteint l'enfant non encore entré à l'école ; 2° quelle est, dans le développement, la direction qu'il faut prendre ; 3° par quels moyens l'école peutelle influencer heureusement le développement? La réponse à la première question nécessite des épreuves spéciales destinées à juger le développement : corps, taille, poids, des organes des sens (tests), du langage, etc.
C'est l'élève seul, dit-il, qui fait reconnaître la direction qu'il faut prendre, le pédagogue psychologue doit tenir compte des individualités et ne pas exiger la même chose de chacun. Cependant la tendance au mouvement et à l'activité est propre à tous. « C'est pourquoi l'enseignement doit être vivant, c'est dire que les élèves doivent toujours avoir quelque chose à faire, avec les mains et les jambes, avec la, tête et le corps, et non seulement avec l'oreille, l'oeil et la bouche ». « La première parole, dit-il, doit provenir du besoin et non de l'exigence, et le premier succès doit encourager à une action ultérieure ». Il n'importe pas surtout d'obtenir une certaine quantité de résultats en un temps donné, ce n'est pas le maître seul qui doit déterminer le travail ; il n'est « pas là comme le directeur tout puissant des volontés et des actions, qui ordonne et qui. défend, rien que parce que cela lui plaît », mais il est celui qui, observant les enfants, connaissant leurs intérêts, s'efforce de trouver le moyen de suggérer à ses élèves la direction à prendre pour en retirer avantage ; il ne renonce pas à faire agir sa volonté, il n'oublie pas, que l'on n'apprend pas à lire, à écrire, à calculer sans certains exercices, mais toujours les exercices qu'il propose sont dans « un rapport quelconque avec les intérêts spéciaux des élèves ».
Tous les pédagogues allemands n'ont pas, il est vrai, conçu l'Arbeitsschule comme le font Pabst et Röszger. Avant d'être une école d'activité spontanée, aussi bien intellectuelle que manuelle, l'Ecole du travail fut dominée par les préoccupations professionnelles pures, puis par un souci d'activité trop exclusivement manuelle.
Qu'on la désigne sous le terme d'Arbeitsschule ou sous celui d'Ecole active on voit ce qui caractérise cette école. Elle est celle qui se préoccupe de la liberté, de la spontanéité enfantines. Elle ne veut pas imposer à l'enfant des efforts pour un but qui ne l'intéresse pas, elle se refuse même à tenter de rendre l'étude intéressante pour l'enfant. Ce qu'elle veut : c'est obtenir l'effort en vue d'un but intéressant par lui -même, sans récompense autre que l'obtention du résultat poursuivi, sans punition, sans artifices ; c'est l'organisation d'un milieu scolaire tel, que les enfants soient placés dans des conditions convenables pour qu'ils éprouvent le besoin d'agir, d'observer, d'expérimenter, de se développer corporellement et mentalement. Tout ceci n'est point vraiment nouveau : Socrate, Rabelais, Montaigne, Luther J.-J. Rousseau, Pestalozzi, Fröbel, furent des précurseurs des écoles actives d'aujourd'hui. Plus près de nous Tolstoï à Jasnaïa Poliana (Russie) ; Giroud, Delon et Robin à Cempuis, Sébastien Faure à La Ruche, M. Vernet à l'Orphelinat d'Epône ; Jean Ligtharten en Hollande ; Mme Montessori en Italie ; le Dr Decroly en Belgique ; John Dewey, Angelo Patri, etc., en Amérique ; Gaudig, Kerschensteiner, Lag, Scharrelmann, Gansberg, etc., en Allemagne ; Seidel, Oertli, Ferrière, Claparède, H. Tobler, etc., en Suisse ; O'Neill, Sauderson, etc., en Angleterre, ont été, ou sont encore, parmi les plus ardents artisans de l'Ecole active. Le pouvoir soviétique, lui-même, a voulu établir en Russie le régime de l'Ecole du travail, mais il paraît certain que les instituteurs russes, en général, n'étaient pas suffisamment préparés au rôle qu'on a voulu leur faire jouer et d'autre part que la liberté et la spontanéité enfantines ont été trop négligées, pour satisfaire aux préoccupations politiques des dirigeants. Une place à part doit être faite à ces écoles expérimentales qui s'efforcent d'améliorer l'Ecole et portent le nom d'Ecoles nouvelles. Nous extrayons de « Pour l'Ere nouvelle » des renseignements copieux sur ces écoles : « Elles visent un triple but : satisfaire les besoins psychologiques spontanés de l'esprit de l'enfant ; l'armer pour la vie d'aujourd'hui ou, mieux encore, pour celle de demain ; enfin le mettre à même de s'élever par son effort propre jusqu'aux valeurs universelles de l'esprit, indépendantes du temps et du lieu : la vérité, le bien, la beauté! Le nom d'Ecole nouvelle - en anglais new school - Cecil Heddie, qui créa la première institution de ce genre en 1889 à Abbotsholme dans le Derbyshire. Le sociologue Edmond Demolins l'importa en France, où il établit en 1899 l'Ecole des Roches à Verneuil-sur-Avre (Eure). En Allemagne, le Dr Hermann Lietz désigna ses écoles du nom de Land—Erziehungs d'éducation à la campagne. Mais les plus récentes de ces écoles, celles tout au moins qui ont étendu à toute la communauté scolaire la pratique du selfgovernment, portent le nom de Freie-Schulgemeinden. Il n'est pas facile de caractériser l'école nouvelle. Nombre d'institutions se dénomment « Ecoles nouvelles » sans ressembler de près ni de loin aux écoles modèles qui ont donné à ce terme sa consécration... Il est bon toutefois que le public soit averti. « Méfiez vous des contrefaçons », lui crierait-on volontiers. Mais comment le public reconnaîtra-t-il le vrai du faux, puisqu'il ne s'y entend pas et que les directeurs d'écoles, à l'instar des politiciens de profession, le leurrent de belles promesses et de « plans fort beaux sur le papier... »?... Des séjours nombreux et prolongés dans les principales Ecoles nouvelles de différents pays nous ont permis de déceler ce qui les distingue des écoles traditionnelles, et cela non plus seulement dans les principes - qui sont en soi invisibles et impalpables et dont le dernier « marchand de soupe » venu peut se réclamer - mais dans les réalités concrètes. Trente traits caractéristiques, tirés de l'expérience même des Ecoles nouvelles, permettent de « jauger » celles-ci, s'il est permis de s'exprimer ainsi. Un bref séjour permettra à un père de famille de diagnostiquer si l'école à laquelle il voudrait confier son enfant est, ou non, une Ecole nouvelle. Le procédé a sans doute forcément quelque chose d'un peu arbitraire : toute application d'une théorie à la pratique comporte ce caractère. Mais moins il y a d'arbitraire dans l'établissement de cette norme de valeurs, mieux cela vaut. C'est à quoi nous avons visé.

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