Littéralement
: qui choisit. L'éclectisme est une méthode des philosophes, des
politiques qui prennent dans les divers systèmes de leurs devanciers
ou de leurs contemporains ce qui leur paraît être la vérité pour
en former un corps de doctrine. Dans l'histoire de la philosophie, «
I'éclectisme désigne particulièrement l'école des néoplatoniciens
que vit naître Alexandrie au IIIème siècle environ avant J.-C.,
dont Potamon fut le chef et dont les méthodes furent remises en
honneur au XIXème siècle
par
Victor Cousin et ses disciples. Il est bon d'étudier tous les
systèmes, mais il est également utile de s'en adopter un. Si, en ce
qui concerne la philosophie, l'éclectisme est une spéculation ou
une gymnastique, il n'en est pas de même en sociologie où il fait
de terribles ravages. « L'éclectisme dit P. Leroux, ne repousse
aucun système et n'en accepte aucun en entier. Considéré comme
méthode, I'éclectisme ne supporte pas l'examen, car pour choisir
entre plusieurs systèmes, il faut un motif de choisir, c'est-à-dire
qu'il faut savoir de certaine façon ce que l'on cherche. » Il est
en effet regrettable de constater qu'il existe un nombre incalculable
d'individus qui ne savent pas ce qu'ils veulent, qui butinent à
droite et à gauche, prennent à l’un et à l'autre, ne sont ni
pour ni contre ceci, ne sont ni pour ni contre cela, et promènent
leur indifférence en la qualifiant pompeusement d'éclectisme. Les
milieux anarchistes ne sont pas exempts de ces parasites de l'idée,
qui passent leur temps à véhiculer leur faux savoir, et dont
l'éclectisme consiste à n'être jamais d'accord avec personne. «
Eclectiques » ils le sont certes; d'opinions, ils n'en n'ont guère
et c'est en vain que l'on insisterait auprès d'eux, afin de les
intéresser à une action quelconque; ils se dérobent toujours,
laissent leurs camarades accomplir le travail, se contentant de
critiquer lorsque celui-ci est terminé. L'éclectisme redevient à
la mode. C'est une maladie du siècle, maladie épidémique qui gagne
tous les milieux, tous les cercles, tous les individus. Il est un
signe de l'égoïsme et de l'indifférence qui se sont emparé des
hommes. Méfions-nous de tomber à notre tour dans cette erreur; elle
peut être fatale au mouvement anarchiste car l'éclectisme, en tant
que doctrine, est un facteur de division. Il est toujours possible de
trouver des lacunes dans une méthode, quelle qu'elle soit; mais
l'homme sincère, qui sait ce qu'il veut, qui à des idées et qui
entend lutter pour les soutenir, les défendre et les propager, a
besoin de s'associer avec d'autres de ses semblables. L'éclectisme
au sens absolu du mot, c'est l'individualisme, le plus étroit, et
l'individu ne peut rien par lui même. Si, philosophiquement,
l'éclectisme peut se soutenir, au point de vue social il faut le
combattre car il est faux que l'homme seul soit l'homme fort. C’est
l'union qui fait la force et, socialement parlant, l'éclectisme ne
permet pas l'union.
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