CARACTERISTIQUES
DES ECOLES NOUVELLES
Organisation
1.
L’Ecole nouvelle est un Laboratoire de pédagogie pratique
a)
Pionner des Ecoles d’Etat, elle prépare le terrain en approuvant
l’efficacité des méthodes nouvelles.
b)
Elle s’appuie sur les données de la psychologie de l’enfant et
sur les besoins de son corps et de son esprit.
c)
Elle vise à préparer les enfants à la vie moderne avec ses
exigences matérielles et morales.
2.
L’Ecole nouvelle est un Internat.
a)
Seule l’influence totale du milieu permet de réaliser une
éducation intégrale.
b)
L’Ecole nouvelle vise surtout les enfants dont la famille n’existe
pas ou ne veut pas entreprendre l’éducation selon les exigences de
la science moderne.
c)
Elle tend à faire le pont entre la vie familiale et la vie sociale,
en réalisant les groupements par « familles » adoptives, au gré
des affections spontanées des enfants.
3.
L’Ecole nouvelle est située à la campagne.
a)
La campagne est le milieu naturel de l’enfant. Il y trouve le calme
dont son système nerveux a besoin.
b)
Possibilité de se livrer aux ébats primitifs et aux travaux des
champs.
c)
Pour les adolescents, la proximité d’une ville est désirable pour
l’éducation intellectuelle et artistique (musées, concerts,
etc.).
4.
L’Ecole nouvelle groupe les élèves par maisons séparées.
a)
Les groupes de dix à quinze élèves vivent sous la direction
matérielle et morale d’un éducateur et d’une éducatrice.
b)
L’élément féminin ne doit pas être exclu de l’éducation des
garçons, ni l’élément masculin de l’éducation des filles.
c)
Les habitudes d’ordre et les relations d’intimité ne sont
possibles que dans un milieu restreint.
5)
L’Ecole nouvelle pratique le plus souvent la coéducation des
sexes.
a)
Laissés ensemble depuis leur plus jeune âge, tout en étant élevés
selon les besoins particuliers de leur sexe, les garçons et les
filles vivent en camarades.
b)
Les éléments qui ne conviennent pas à la coéducation ou à qui la
coéducation ne convient pas sont exclus.
c)
En évitant les « refoulements » pathologiques, la coéducation
prépare des mariages sains et heureux.
Vie
physique
6.
L’Ecole nouvelle organise des travaux manuels.
a)
Ces travaux sont obligatoires pour tous les élèves et ont lieu
généralement de 2 à 4 heures.
b)
Ces travaux poursuivent non pas un but professionnel, mais éducatif.
c)
Ces travaux présentent une utilité réelle pour l’individu ou la
collectivité.
7.
L’Ecole nouvelle attribue une importance spéciale à :
1°
La menuiserie qui développe :
a)
l'habileté et la fermeté manuelles. - b) le sens 1e l'observation
exacte. -c) la sincérité et la possession de soi.
2°
La culture du sol :
a)
contact avec la nature. - b) connaissance des lois de la nature. - c)
santé et force physiques. - d) utilité de premier ordre.
3°
L'élevage, sinon du gros bétail, du moins de petits animaux :
a)
protéger et observer des êtres plus petits que soi. - b) habitudes
de persévérance. - c) observations scientifiques possibles. - d)
utilité.
8.
L'Ecole nouvelle provoque chez les enfants des travaux libres.
a)
Concours et expositions de travaux d'élèves.
a)
Développement des goûts individuels.
c)
Développement de l'initiative par l'obligation de choisir, mais la
liberté de choix.
9.
L'Ecole nouvelle assure la culture du corps par la gymnastique
naturelle.
a)
Pratiquée le torse nu ou même en bain d'air complet, elle aguerrit
et écarte les maladies.
b)
Elle rend souple et adroit sans ennuyer l'enfant.
c)
Elle s'associe aux jeux et aux sports.
l0.
L'Ecole nouvelle cultive les voyages à pied ou à bicyclette, avec
campement sous la tente et cuisine en plein air.
a)
Préparation à l'avance de ces voyages et notes prises en cours de
route.
b)
Adjuvant à l'étude : géographie locale ou des pays étrangers,
visites de monuments, usines, fabriques, etc.
e)
Culture de la force physique, aguerrissement apprentissage de
l'entraide.
Vie
intellectuelle
11.
L'Ecole nouvelle entend par la culture générale, la culture du
jugement et de la raison.
a)
Méthode scientifique : observation, hypothèse, vérification, loi.
b)
Un noyau de branches obligatoires réalise l'éducation intégrale.
c)
Pas d'instruction encyclopédique faite de connaissances mémorisées
mais faculté de puiser dans le milieu et dans les livres de quoi
développer, du dedans au dehors, toutes les facultés innées.
12.
L'Ecole nouvelle ajoute à la culture générale une spécialisation.
a)
Cours spéciaux périodiques, choix libre mais obligation de choisir.
b)
D'abord spécialisation spontanée : culture des goûts prépondérants
de chaque enfant.
c)
Puis spécialisation réfléchie : culture systématique développant
les intérêts et les facultés de l'adolescent dans un sens
professionnel.
13.
L'Ecole nouvelle base son enseignements sur les faits et les
expériences.
a)
Observations personnelles de la nature.
b)
Observations des industries humaines et des organisations sociales.
c)
Essais scientifiques de cultures et d'élevages et travaux de
laboratoires -travaux qualitatifs chez l'enfant, quantitatifs chez
l'adolescent.
14.
L'Ecole nouvelle recourt à l'activité personnelle de l'enfant.
a)
Association d'un travail concret à la plupart des études
abstraites.
b)
Utilisation du dessin comme un adjuvant à toutes les branches
d'étude.
c)
On a dit : savoir, c'est prévoir. On pourrait dire à plus forte
raison : savoir, c'est pouvoir.
15.
L'Ecole nouvelle établit son programme sur les intérêts spontanés
de l'enfant.
a)
Première enfance : 4 à 6 ans: âge des intérêts disséminés ou
âge du jeu ;
b)
Seconde enfance : 7 à 9 ans : âge des intérêts attachés aux
objets concrets immédiats. - 10 à 12 ans : âge des intérêts
spécialisés concrets ou âge des monographies ;
c)
Adolescence : 13 à 15 ans : âge des intérêts abstraits complexes.
-Préparation du futur père, économiste privé, citoyen et
professionnel.
Organisation
des études
16.
L'Ecole nouvelle recourt au travail individuel des élèves.
a)
Recherche de documents (dans les faits, les livres, les journaux, les
musées).
b)
Classement des documents (classeurs par catégories, fiches,
répertoires).
c)
Elaboration individuelle des documents (cahiers illustrés, ordre
logique des matières, travaux personnels, conférences).
17.
L'Ecole nouvelle recourt au travail collectif des élèves.
a)
Mise en commun des matériaux réunis sur un même sujet.
b)
recherche des associations que suggère le sujet traité dans le
temps et l'espace.
c)
recherche des applications : utilité (chez les enfants),
systématisation scientifique (chez les adolescents).
18.
A l'Ecole nouvelle l'enseignement proprement dit est limité à la
matinée.
a)
De 8 heures à midi, il y a quatre heures. 24 heures par semaine
doivent suffire largement pour un travail plus intensif qu'extensif.
b)
Il y a étude personnelle de 4 1/2 à 6 heures, pas d'étude pour les
petits, étude de répétition chez les moyens, étude d'élaboration
chez les grands.
c)
La classe sera d'ailleurs plus souvent une classe laboratoire ou une
classe musée, qu'un lieu consacré à l'abstraction pure.
19.
A l'Ecole nouvelle on étudie peu de branches par jour.
a)
L'intérêt soutenu n'est pas favorisé par le morcellement des
études.
b)
La variété naît non pas des sujets traités, mais de la façon de
les traiter.
c)
La concentration plus grande assure un rendement très supérieur :
plus d'effets utiles pour moins d'efforts inutiles.
20.
A l'Ecole nouvelle on étudie peu de branches par mois ou par
trimestre.
a)
Système analogue à celui des cours universitaires.
b)
Horaire individuel de chaque élève.
c)
Les élèves sont groupés non pas d'après leur âge, mais d'après
leur degré d'avancement dans les branches étudiées. Condition de
concentration et d'efficacité des études.
Education
sociale
21.
L'Ecole nouvelle forme, dans certains cas, une république scolaire.
a)
L'Assemblée générale prend toutes les décisions importantes
concernant la vie de l'Ecole.
b)
Les lois sont les moyens tendant à régler le travail de la
communauté en vue du progrès spirituel de chaque individu.
c)
Ce régime suppose une influence morale prépondérante du directeur
sur les « meneurs » naturels de la petite république.
22.
A l'Ecole nouvelle, on procède à l'élection de chefs.
a)
Les chefs ont une responsabilité sociale définie qui a pour eux une
haute valeur éducative.
b)
Les élèves préfèrent être conduits par leurs chefs plutôt que
par les adultes.
c)
Les professeurs se trouvent ainsi libérés de toute la partie
disciplinaire et peuvent se consacrer tout entiers au progrès
intellectuel et moral des élèves.
23.
L'Ecole nouvelle répartit entre les élèves les charges sociales.
a)
Collaboration effective de chacun à la bonne marche du tout.
b)
Apprentissage de la solidarité et de l'entraide sociale.
c)
Sélection des plus capables qui seront choisis comme chefs.
24.
L'Ecole nouvelle agit par des récompenses ou sanctions positives.
a)
Les récompenses consistent en occasions fournies aux esprits
créateurs d'accroître leur puissance de création.
b)
Les récompenses s'appliquent uniquement aux travaux libres et
favorisent ainsi l'esprit d'initiative.
c)
Il n'y a pas de récompenses basées sur la concurrence. Dans les
jeux, le seul enjeu est le mérite de la victoire.
25.
L'Ecole nouvelle agit par des punitions ou sanctions négatives.
a)
Les punitions sont, autant que possible, en corrélation directe avec
la faute commise.
b)
Les punitions visent à mettre l'enfant en mesure, par des moyens
appropriés, d'atteindre le but bon qu'il n'a pas atteint ou qu'il a
mal atteint.
c)
Pour les cas graves, il n'y a pas de sanctions prévues dans le code,
mais une action morale personnelle exercée par un adulte, ami du
coupable.
Education
artistique et morale
26.
L'Ecole nouvelle met en jeu l'émulation.
a)
L'entraide, par appel aux services volontaires, a une efficacité de
premier ordre.
b)
Ce cas est le seul où registre peut être tenu avec notes
appropriées.
c)
Dans tons les cas, il faut comparer le travail actuel de l'élève
avec son propre travail passé et non avec celui d'autrui.
27.
L'Ecole nouvelle doit être un milieu de beauté.
a)
L'ordre en est la condition première, le point de départ.
b)
Les travaux manuels, en particulier d'art industriel, qu'on pratique,
ainsi que les oeuvres de ce genre dont on s'entoure, contribuent à
la beauté du milieu ambiant.
c)
Enfin le contact avec les chefs-d'oeuvre de l'art et, chez les élèves
les plus doués, la pratique de l'art pur satisfont les besoins
esthétiques d'ordre spirituel.
28.
L'Ecole nouvelle cultive la musique collective :
a)
Par des auditions quotidiennes de chefs-d'oeuvre après le repas du
milieu du jour ;
b)
Par la pratique quotidienne du chant en commun ;
c)
Par la pratique fréquente de l'orchestre ; ces activités concertées
d'ordre affectif, chez ceux qui aiment la musique, contribuent à
resserrer les liens collectifs par l'émotion qui émane d'elles.
29.
L'Ecole nouvelle fait l'éducation de la conscience morale :
a)
En présentant chaque soir aux enfants des lectures ou récits
empruntés à la vie fictive ou réelle.
b)
En provoquant ainsi chez eux des réactions spontanées de leur
conscience morale, véritables jugements de valeur.
c)
En les liant ainsi pratiquement à ces jugements de valeur qui
affermissent leur conscience et les déterminent au bien.
30.
L'Ecole nouvelle fait l'éducation de la raison pratique :
a)
En suscitant chez les adolescents des réflexions et des études
portant sur les lois naturelles du progrès spirituel, individuel et
social.
b)
En associant à ces réflexions, d'une part, la biologie, la
psychologie et la physiologie, d'autre part l'histoire et la
sociologie.
c)
En faisant converger toute la vie de la pensée vers l'accroissement
de puissance de l'esprit, ce qui est proprement, qu'on se place ou
non à un point de vue confessionnel, l'éducation religieuse.
-Ad.
FERRIÈRE, Directeur de la section d'Education
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