Mort du général
Duval.
La
Vérité publie le récit suivant d’un témoin qui a vu
mourir le général Duval :
Les
généreux Duval, Henri et près de mille gardes nationaux avaient
été cernés dans la redoute de Châtillon, et contraints de mettre
bas les armes. Jusqu’à ce qu’un tribunal quelconque eût statué
sur leur sort, ils étaient prisonniers de guerre, c’est-à-dire
sacrés.
Les
fédérés ont été conduits entre deux rangs de soldats jusqu’au
Petit-Bicêtre, petit groupe de maisons situées sur le rebord de la
route de Choisy à Versailles ; un combat très vif a eu lieu ici le
17 septembre, et une grande fosse surmontée d’une croix noire
indique l’endroit unique où les victimes de cette journée ont été
enterrées.
C’est
à cet endroit que le général Vinoy, arrivant de Versailles avec
son état major, rencontra la colonne des prisonniers ; il donna
l’ordre de s’arrêter, et, descendant de cheval :
— Il
y a parmi vous, fit-il, un monsieur Duval qui se fait appeler
général ; je voudrais bien le voir.
— C’est
moi, dit Duval avec fierté en sortant des rangs.
— Vous
avez aussi deux chefs de bataillons avec vous ?
Les
deux officiers désignés sortirent des rangs.
— Vous
êtes d’affreuses canailles, dit Vinoy, vous avez fusillé le
général
Clément
Thomas et le général Lecomte ; vous savez ce qui vous attend.
— Capitaine,
reprit le signataire de la capitulation de Paris, s’adressant au
commandant de l’escorte, faites former un peloton de dix chasseurs,
et vous messieurs, passez dans le champ à côté.
Les
trois officiers de la Commune obéirent simplement ; ils sautèrent
un petit fossé, suivis du peloton funèbre. Le général et les
commandants furent acculés contre une petite maisonnette qui, ironie
du sort, portait sur sa façade l’inscription suivante : Duval,
horticulteur.
Le
général Duval et ses compagnons d’armes ont mis eux-mêmes habit
bas, et deux minutes après, ils tombaient foudroyés, au cri de :
Vive la Commune ! Vinoy et son état-major assistaient, impassibles,
à cette triple exécution. Quant aux officiers, ils étaient touchés
et émus de tant de courage et de sang froid.
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