mardi 11 décembre 2018

Journal officiel de la Commune


Mort du général Duval.

La Vérité publie le récit suivant d’un témoin qui a vu mourir le général Duval :
Les généreux Duval, Henri et près de mille gardes nationaux avaient été cernés dans la redoute de Châtillon, et contraints de mettre bas les armes. Jusqu’à ce qu’un tribunal quelconque eût statué sur leur sort, ils étaient prisonniers de guerre, c’est-à-dire sacrés.
Les fédérés ont été conduits entre deux rangs de soldats jusqu’au Petit-Bicêtre, petit groupe de maisons situées sur le rebord de la route de Choisy à Versailles ; un combat très vif a eu lieu ici le 17 septembre, et une grande fosse surmontée d’une croix noire indique l’endroit unique où les victimes de cette journée ont été enterrées.
C’est à cet endroit que le général Vinoy, arrivant de Versailles avec son état major, rencontra la colonne des prisonniers ; il donna l’ordre de s’arrêter, et, descendant de cheval :
Il y a parmi vous, fit-il, un monsieur Duval qui se fait appeler général ; je voudrais bien le voir.
C’est moi, dit Duval avec fierté en sortant des rangs.
Vous avez aussi deux chefs de bataillons avec vous ?
Les deux officiers désignés sortirent des rangs.
Vous êtes d’affreuses canailles, dit Vinoy, vous avez fusillé le général
Clément Thomas et le général Lecomte ; vous savez ce qui vous attend.
Capitaine, reprit le signataire de la capitulation de Paris, s’adressant au commandant de l’escorte, faites former un peloton de dix chasseurs, et vous messieurs, passez dans le champ à côté.
Les trois officiers de la Commune obéirent simplement ; ils sautèrent un petit fossé, suivis du peloton funèbre. Le général et les commandants furent acculés contre une petite maisonnette qui, ironie du sort, portait sur sa façade l’inscription suivante : Duval, horticulteur.
Le général Duval et ses compagnons d’armes ont mis eux-mêmes habit bas, et deux minutes après, ils tombaient foudroyés, au cri de : Vive la Commune ! Vinoy et son état-major assistaient, impassibles, à cette triple exécution. Quant aux officiers, ils étaient touchés et émus de tant de courage et de sang froid.

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