« Les
économistes ont représenté le contrat forcé, conclu sous la
menace de la faim entre le patron et l'ouvrier, comme un état de
liberté. Les politiciens, d'autre part, ont décrit comme un état
de liberté celui dans lequel on trouve aujourd'hui le citoyen devenu
serf et contribuable de l'Etat. Leur erreur est donc évidente. Mais
les moralistes les plus avancés, tels Mill et ses très nombreux
élèves, en déterminant la liberté comme le droit de faire tout,
sauf d'empiéter sur la liberté égale des autres, ont aussi
inutilement limité la liberté. Sans dire que le mot "droit"
est un héritage très confus du passé, qui ne dit rien ou qui en
dit trop, la détermination de Mill a permis au philosophe Spencer, à
une quantité sans nombre d'écrivains, et même à quelques
anarchistes individualistes de reconstituer le tribunal et la
punition légale, jusqu'à la peine de mort c'est-à-dire forcément,
en dernière analyse, l'Etat dont ils avaient fait eux-mêmes une
admirable critique. L'idée du libre arbitre se cache au fond de tous
ces raisonnements ».
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