Le
Collectif des organisations pour l'abrogation des lois
Pasqua-Méhaignerie et contre l'avant projet de loi Debré diffuse un
texte que nous reprenons ci-dessous. Pour tout contact : MRAP 89 rue
Oberkampf 75543 PARIS Cedex
Projet
de loi contre les libertés
Moins
de trois ans après les lois Pasqua, le gouvernement envisage de
nouvelles attaques contre les libertés : Des droits fondamentaux
pour notre démocratie sont niés au mépris des conventions
internationales. Cet arsenal est infamant pour un pays qui se prétend
patrie des Droits de l'Homme. Vous êtes tous concernés. La défense
des droits de l'homme, le respect de la personne, le refus de toute
forme d'exclusion et de discrimination sont indissociables de la
lutte pour la citoyenneté.
Quand
le chômage augmente, quand la précarité s'étend, la logique du
bouc-émissaire permet de diviser et d'aggraver la situation de tous
les citoyens, quelle que soit leur origine. Avec ce dispositif, on
précarise et on marginalise encore plus les immigrés en les
plongeant dans des zones de non-droit. Ils deviennent ainsi
"irrégularisables". Nous demandons que cessent ces
nouvelles attaques, que le projet Debré soit abandonné et que les
lois Pasqua-Méhaignerie soient abrogées.
Ensemble,
affirmons l'urgence de l'action solidaire pour le respect des
principes démocratiques fondamentaux. Atteinte à la vie privée :
plus de droit de visite Aujourd'hui. Etre étranger et venir rendre
visite à un proche en France pour une courte période relève du
parcours du combattant. De lourdes démarches sont à la charge de
l'hébergeant (retirer un formulaire d'hébergement, produire de
nombreux justificatifs (d'état civil, de domicile ...), fournir un
timbre fiscal de 100 Francs qui ne lui sera pas restitué quelle que
soit l'issue de sa demande. Si le maire accepte de signer le
certificat d'hébergement, ce qu'il peut faire sans qu'aucun délai
lui soit imposé, l'étranger devra encore obtenir un visa d'entrée,
que le consul est libre de lui délivrer ou non (sans délai, ni
motivation). Aucune garantie n'est assurée à l'étranger qu'il
pourra venir en France, même si la procédure est respectée Demain.
L'accueillant sera soumis à un contrôle draconien et à des
conditions dissuasives. Seul l'hébergeant disposant de ressources
suffisantes pourra recevoir la visite de ses proches demeurant à
l'étranger. En effet, on exigera de lui qu'il souscrive une
assurance couvrant les éventuels frais de maladie de l'hébergé
(dont le montant est en moyenne de 1000 Francs par mois). Son nom
sera inscrit sur un fichier national (ce qui pourra permettre une
limitation du nombre des visites sollicitées). Il sera tenu de
déclarer le départ de l'hébergé, à défaut sa responsabilité
pénale pourra être engagée.
Menace
au renouvellement de la carte de résident Aujourd'hui. Le refus de
renouvellement d'une carte de résident de 10 ans ne peut être
opposé que si son titulaire s'est absenté plus de trois ans
consécutifs du sol français ou s'il vit en état de polygamie en
France. Demain. La préfecture pourra refuser de renouveler sa carte
de résident à une personne en invoquant "la menace à l'ordre
public" qu'il représente. Cette notion aux contours flous va
élargir le pouvoir discrétionnaire des autorités préfectorales et
créer une nouvelle aberration législative : des individu résidant
depuis
10
ans en France n'auront plus droit à un titre de séjour (mais ils ne
pourront pas être expulsés). Que restera-t-il du droit d'asile ?
Etre demandeur d'asile, c'est solliciter la protection de la France
parce que l'on craint pour sa vie ou sa liberté dans son pays
d'origine. Aujourd'hui. Il est possible de refuser l'admission au
séjour en France d'un demandeur d'asile, si sa demande relève d'un
autre Etat ou si sa demande est considérée comme manifestement
infondée, parce qu'aucun risque n'existe dans son pays d'origine.
Demain. Le caractère abusif du dépôt d'une demande d'asile
deviendra la règle, son bien fondé l'exception. Le demandeur
d'asile sera tenu de se présenter régulièrement à la préfecture
: qu'il manque à deux reprises cette convocation sans "motif
valable" et sa demande sera considérée comme abusive. Il devra
faire la preuve qu'il est entré depuis moins de deux mois en France,
à défaut sa demande sera également considérée comme abusive.
Précarité des jeunes Avoir vécu toute son enfance dans un pays et
se voir refuser le droit d'y vivre à l'âge de 18 ans est-il
tolérable ? Aujourd'hui. Un jeune ne peut obtenir un titre de séjour
à sa majorité que s'il est entré avant l'âge de 6 ans hors
regroupement familial en France ou s'il est entré pendant sa
minorité dans le cadre du regroupement familial. Cette procédure
est lourde : elle dure au minimum 6 mois, elle ne peut être engagée
que si l'un de ses parents vit régulièrement en France depuis au
moins 18 mois, justifie de ressources stables et suffisantes et
dispose d'un logement confortable. Demain. Le jeune entré dans le
cadre du regroupement familial qui aura dû repartir dans son pays
d'origine, par exemple pour s'occuper d'un proche malade quelque
temps, se verra refuser un titre de séjour à sa majorité parce
qu'il ne pourra justifier d'une résidence continue sur le sol
français depuis sa première entrée.
La
restriction au pouvoir judiciaire en matière de rétention
Aujourd'hui. Un étranger en situation irrégulière peut être
maintenu dans un centre de rétention pendant au maximum 10 jours, le
temps strictement nécessaire pour organiser son éloignement du sol
français. Au-delà de ces 10 jours, la décision de maintien en
rétention de l'étranger relève de la compétence du juge
judiciaire. Demain. L'administration pourra prolonger de 10 jours en
10 jours le maintien en centre de rétention, avec une consultation "
symbolique" du juge judiciaire. Quel but poursuit le
gouvernement en arrogeant au pouvoir administratif ce qui relevait du
pouvoir judiciaire ? Quelles seront les pressions exercées sur
l'individu placé en rétention pour permettre son éloignement ?
Parallèlement, aux réflexions interministérielles sur une réforme
de la législation sur l'immigration, la Commission d'enquête
parlementaire sur l'immigration clandestine a rendu un rapport le 16
avril dernier, dans lequel elle présente une série de propositions
draconiennes. Certaines d'entre elles vont fragiliser les
possibilités d'intégration des étrangers résidant en France.
Parmi celles-ci figurent :
-
La création d'un fichier des demandeurs de visas.
-
La limitation de l'accès à l'aide médicale hospitalière aux seuls
étrangers sans papiers dont la situation nécessite une prise en
charge d'urgence ou qui présentent un danger de contagion.
-
La levée de l'immunité des enfants mineurs étrangers contre une
mesure d'éloignement. Ces derniers pourraient être reconduits dans
deux hypothèses :
-
si la personne qui subvient à leurs besoins fait l'objet d'une
mesure d'éloignement. La Commission d'enquête entend faire
respecter par ce biais le droit de vivre en famille... - - s'ils ont
commis un délit et que des structures d'encadrement existent dans
leur pays d'origine.
-
L'obtention du certificat d'hébergement lorsque l'hébergeant est
étranger soumise à des conditions draconiennes.
-
La volonté de faire obstacle aux mariages entre ressortissants
français et étrangers s'ils ne produisent pas un titre de séjour
en saisissant la préfecture et le Procureur avant la publication des
bans.
-
Soumettre l'acquisition de la nationalité française pour les
enfants nés en France de parents étrangers à la régularité du
séjour de leurs parents durant les cinq années précédant leur
naissance.
Dans
le même esprit, le "rapport CUQ" justifie des mesures
radicales de fermeture des foyers en faisant l'amalgame entre les
clandestins et les travailleurs immigrés qui résident dans ces
foyers.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire