samedi 8 décembre 2018

A Contre-Courant N°75


(Appel national adopté en séance plénière le 6 juin 1996)
Clovis n'est pas la France Toutes et tous ensemble pour la laïcité et la citoyenneté

Clovis n'est pas la France. Sous prétexte de commémorer la conversion, il y a quinze siècles, d'un chef de guerre, les autorités de la République présentent ce baptême comme l'acte fondateur VISITE D ' ÉTAT À ÉTAT de la Nation française".
Le pape sera ainsi en France du 19 au 22 septembre 1996. Il cherche d'évidence à accréditer l'idée que la France serait la "fille aînée de l'Église". On ne saurait oublier que Jean-Paul II, accueilli en grande pompe par Jacques Chirac et son gouvernement, s'est illustré par sa condamnation criminelle de l'usage du préservatif et par son soutien aux commandos anti-IVG, qui bafouent ici la loi Veil et vont jusqu'au meurtre aux Etats-Unis. Il est proprement scandaleux qu'un gouvernement supposé garantir et
incarner les principes de laïcité en arrive à glorifier "l'identité chrétienne de la France" chère à J.M. Le Pen.
Les pouvoirs publics, en violation de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l'État, vont jusqu'à financer généreusement, sur les fonds publics, les cérémonies religieuses accompagnant la venue du pape en France. Au moment même où vont être prélevé des dizaines de millions de francs dans les caisses de l'État afin de financer cette initiative, le gouvernement choisit de prêcher les vertus de l'austérité en matière de dépenses sociales... Les salariés, et à leurs côtés tous les défenseurs du service public et de la laïcité, apprécieront ! Le 16 janvier 1994, dans les rues de la capitale, un million de citoyens avaient dit non à la dernière agression contre l'école publique. De même le 25 novembre 1995, par dizaines de milliers nous avons défendu les droits des femmes. Nous n'accepterons pas davantage cette nouvelle remise en cause de la laïcité. Cette opération participe de l'offensive contre les libertés individuelles et les droits sociaux et contribue au rétablissement d'un "ordre moral » que les femmes et les hommes épris de liberté ont toujours combattu : nouvelle mise en cause de l'école publique par le prérapport de la commission Fauroux ; volonté affichée de démanteler les services publics ; attaques répétées contre le droit des femmes à l'avortement, à la contraception et à l'emploi ; misé en oeuvre d'une politique familialiste ; multiplication de législations sécuritaires instaurant une véritable chasse à l'étranger et aux sans-papiers ; discriminations envers les homosexuels, etc. On comprend pourquoi l'extrême-droite (Front national, monarchistes, intégristes etc.), ainsi encouragée dans le révisionnisme historique, utilise cette commémoration pour distiller ses thèses de haine, et ses conceptions de l'identité nationale, en rupture avec les principes démocratiques de la Révolution française. Le 22 septembre le pape sera à Reims pour commémorer le baptême de Clovis. Ironie de l'histoire ou provocation, le 22 septembre c'est aussi et surtout la date de la proclamation de la première République. Les citoyennes et les citoyens de ce pays saisiront cette occasion pour rappeler à nos gouvernants les valeurs républicaines de Laïcité, d'Égalité et de Liberté qui ont fondé notre identité, et faire entendre une autre voix: celle de la solidarité et de la citoyenneté.
Ordre moral ? Et puisqu'on voudrait nous engluer dans un ordre moral où les plus moraux ne seraient les encenseurs d'un tel ordre - l'Histoire en fait foi - ACC ne résiste pas au plaisir de reprendre in extenso cette information publiée par le "Réseau
Voltaire" dans son édition du 4-6 au 10-6-96 :
La justice italienne lance un mandat d'arrêt international contre S. Em. le cardinal-archevêque Ricardo-Maria Caries Le 1er juin 1996, le Parquet de Torre Annunziata (Italie) a émis 33 mandats d'arrêt internationaux dans le cadre d'une enquête sur une affaire complexe de blanchiment d'argent, de trafic d'armes et de matériels radioactifs.
Trois des personnes recherchées sont connues du grand public : le leader russe Jirinovski, l'ancien grand-maître de la loge P2 Licio Gelli, et S. Em. le cardinal Ricardo Maria Caries archevêque de Barcelone.
En novembre 1995 le parquetde Torre Annunziata avait déjà souhaité entendre l'archevêque de Barcelone. Sur la foi de documents et d'écoutes téléphoniques, les magistrats napolitains le considéraient comme le principal chef de la Camorra. Ils lui avaient alors demandé de s'expliquer dans le cadre d'une affaire de trafic d'armes, de drogues et de pierres précieuses. Le Saint- Siège, la Conférence épiscopale d'Espagne, et le gouvernement espagnol avaient apporté leur soutien à l'archevêque qui avait refusé de répondre à la commission rogatoire.
Agé de 70 ans, Mgr. Ricardo-Maria Carles-Gordo a été créé cardinal par S. S. Jean-Paul II le 26 novembre 1994. H est membre de la Congrégation pour l'Éducation catholique et surtout du Conseil pontifical Justice et Paix dont le rôle principal est de pourvoir en armement les minorités chrétiennes menacées (comme au Liban ou en Croatie). Mgr. Ricardo Maria Caries est l'un des 14 cardinaux ayant accès direct aux comptes du Saint-Siège. H siège en effet au sommet du pouvoir temporel de l'Église: au "Coetus Cardinalium ad consulendum rébus organicis et oeconomicis Apostolicse Sedis".

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