Côté
vers lequel une personne ou une chose se dirige. La direction du
fleuve, la direction de la route ; suivre la même direction ; quelle
direction allons-nous prendre? Prendre la bonne direction. Le mot «
direction » s'emploie également au figuré. Dans ce cas, il sert à
signaler la façon, bonne ou mauvaise, de se conduire. « Ce garçon
suit une mauvaise direction ». Il sert également à désigner
l'organe dirigeant d'une entreprise, d'une affaire, d'une
administration. La direction de l'usine ; la direction des postes ;
la direction des contributions directes et indirectes. « Veuillez
vous adresser à la direction ». Au sens bourgeois du mot, «
direction », suppose hiérarchie, chef, autorité, contrainte, etc.,
et cela se comprend, puisque, en vertu même de la morale et de la
loi bourgeoises, celui qui dirige exerce sa volonté, devant laquelle
doivent s'incliner tous ceux qui sont placés plus bas que lui dans
l'échelle sociale. On prétend, - bien à tort du reste, et cette
insinuation est intéressée-, que les anarchistes, étant les
adversaires de l’autorité, sont, de ce fait même, ennemis de «
toute direction ». Présenter les choses sous un tel jour nous
paraît plus que simpliste. Si les anarchistes sont, en effet, les
adversaires acharnés de l'Autorité, parce qu'ils en ont compris les
effets pernicieux, cela ne veut pas dire qu'ils ne comprennent pas
l'utilité, la nécessité indispensable d'une « direction » dans
toute affaire, dans toute entreprise groupant un certain nombre
d'individus. Seulement, à leurs yeux, « direction » ne peut en
aucun cas être synonyme de supériorité personnelle et, s'ils
admettent que toute chose doit être dirigée : c'est-à-dire
conduite vers le but qui lui est assigné, d'une manière
raisonnable, logique et intelligente, celui ou ceux à qui sont
confiées cette fonction, cette charge, cette direction, ne leur
apparaissent pas comme devant être des individus devant lesquels ils
doivent s' incliner, et qu'ils ont le devoir de considérer comme des
demi-dieux
infaillibles. Partisans de l'organisation, les
anarchistes-communistes, les libertaires, ne peuvent donc, en vérité,
être les ennemis de la « direction ». Pourtant, ils ne sauraient
se ranger du leurs organisations d'avant-garde, s'inclinent devant
les décisions d'un « comité directeur », sans même analyser les
actions et les gestes qu'ils sont appelés à exécuter.
Reconnaissant les bienfaits de l'intelligence, de la logique et de la
raison, les anarchistes placent à la direction de leurs organes ou
de leurs associations, les camarades qu'ils considèrent comme les
plus capables et les plus susceptibles de propager les idées
auxquelles ils sont attachés ; mais ils conservent toute leur
liberté, se réservent le droit de critique, et ne suivent pas
aveuglément, comme des esclaves, une « direction » qui pourrait se
manifester stupide et ridicule.
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