Pétera ? pétera pas ? Edito octobre 1996
Tout
le monde sent bien que l'on est au bord de l'explosion sociale. Les
sujets de mécontentement se sont accumulés au cours des mois d'été:
aggravation continue du chômage, annonces répétées de
licenciements collectifs, persistance du gouvernement
dans
sa politique de réduction des déficits publics au nom de
Maastricht, cynisme et intransigeance du même gouvernement dans
l'affaire des "sans papiers", etc. Toutes les raisons qu'il
y a eu de se révolter à la fin de l'année dernière persistent en
cette rentrée, souvent de manière plus aiguë encore. Alors,
sommes-nous à la veille du "Grand Soir" ? Rien n'est
moins certain. D'abord parce que le gouvernement a, lui aussi,
conscience de marcher sur des oeufs. Il s'apprête à lâcher
quelques miettes (cf. sa proposition d'ouverture de négociations
salariales dans la fonction publique) et, préventivement, il a déjà
fait aboyer ses "chiens de garde" qui, depuis des
semaines, promettent dans les médias une rentrée chaude en espérant
bien, ainsi, en exorciser le spectre. Les organisations syndicales
dites représentatives se disposent, une nouvelle fois, à jouer leur
rôle habituel de garde-fous: organiser le minimum de journées de
grève, de préférence en ordre dispersé, pour épuiser et
désamorcer la combativité de leur base, tout en obtenant du
gouvernement et du patronat les quelques concessions qui leur
permettront de (re)paraître crédibles auprès de cette dernière.
Reste la grande inconnue de la situation, à savoir précisément
degré de combativité de la grande masse des salariés. Si elle est
suffisante, elle se jouera de ces petits manoeuvres d'appareil ;
sinon, rien de décisif ne se produira. Ce qui est certain cependant,
c'est qu'il existe un réel potentiel de lutte, qu'il il appartient à
chacun de nous d'exploiter, autour de lui, dans les organisations
auxquelles il participe, ou en dehors de toute organisation. En
prenant part à tous les mouvements qui pourront se déclencher. Mais
aussi en cherchant à les déclencher, en se servant à cette fin de
tous les sujets de mécontentement, qui ne manquent pas. Il s'agit de
souffler sur la braise qui couve sous les cendres, de manière à ce
qu'elle devienne brasier. Sans oublier les enseignements tirés de la
dernière vague de grève: on ne pourra atteindre le point de rupture
qu'en mettant en avant des revendications de type global (par exemple
sur la réduction généralisée et massive du temps de travail) et
qu'en cherchant à dépasser les divisions sectorielles (entre privé
et public) mais aussi nationales (car les mêmes problèmes se posent
partout en Europe et même au-delà).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire