Chapitre
19 : Des mouches de la place publique
« Où
cesse la solitude, commence la place publique ; et où commence
la place publique, commence aussi le bruit des grands comédiens et
le bourdonnement des mouches venimeuses »
« La
place publique est pleine de bouffons tapageurs – et le peuple se
vante de ses grands hommes ! Ils sont pour lui les maîtres du
moment . »
« Ne
sois pas jaloux des esprits impatients et absolus, ô amant, de la
vérité. Jamais encore la vérité n'a été se pendre au bras des
intransigeants. »
« Tout
ce qui est grand se passe loin de la place publique et de la gloire :
loin de la place publique et de la gloire demeurèrent de tous temps
les inventeurs de valeurs nouvelles. »
« N'élève
plus le bras contre eux ! Ils sont innombrables et ce n'est pas
ta destinée d'être un chasse-mouches. »
« Je
te vois fatigué par les mouches venimeuses, je te vois déchiré et
sanglant en maint endroit ; et la fierté dédaigne même de se
mettre en colère. »
« Ils
bourdonnent autour de toi, même avec leurs louanges :
importunités, voilà leurs louanges. Ils veulent être près de ta
peau et de ton sang. »
« Ils
te flattent comme on flatte un dieu ou un diable ; ils
pleurnichent devant toi, comme un dieu ou un diable. Qu'importe !
Ce sont des flatteurs et des pleurards, rien de plus. »
« Aussi
font-ils souvent les aimables avec toi. Mais c'est ainsi qu'en agit
toujours la race des lâches. Oui, les lâches sont rusés ! »
« Même
quand tu es bienveillant à leur égard, ils se sentent méprisés
par toi ; et ils te rendent ton bienfait par des méfaits
cachés. »
« Oui,
mon ami, tu es la mauvaise conscience de tes prochains : car ils
ne sont pas dignes de toi. C'est pourquoi ils te haïssent et
voudraient te sucer le sang. »
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