Extraits de ce livre sur le théâtre en Haute Normandie:
Le Havre se reprend plus vite - mais moins durablement...du départ de la Salamandre. Nommé directeur du centre Dramatique du Nord à Roubaix, Gildas Bourdet, emmène son équipe. L'ex-étudiant rouennais qui a commencé comme décorateur ( et reste toujours décorateur) poursuivra dans l'air flamand l'oeuvre entreprise au vent du large normand. Mais la comédie du Havre arrive à temps pour réduire la situation "un peu confuse" , provoquée par cet exil. Marc Normant au début, puis James Ettouati et Joël Pitte ensuite ( l'un directeur artistique, l'autres administrateur) font vivre cette équipe qui montera 8 spectacles, donnera 356 représentations et touchera 66 000 spectateurs en 4 ans. Gros succès en 76 avec "Le brave soldat Sveik " de Jaroslav Hasek et avec une nouvelle version de la "guerre Picrocoline". L'équipe donne des séries d'un mois de représentations au Théâtre de l'Hôtel de Ville ou au "Royal". Elle s'intéresse à une pièce d'André Fouché "Le petit siècle", une commande de la maison de la culture du havre. Mais la Comédie du Havre souffrira, et d'autres équipes après elle, de ce que Yoland Simon appelle le "syndrome de la Salamandre". La relève repose sur une seule compagnie professionnelle qui accuse sa solitude, même si le théâtre amateur est, au Havre, une constante force vive. Exemple concret: la naissance de l'Atelier théâtral en 1979: il s'agissait, dans l'esprit de ses inventeurs, de permettre le passage progressif, bien que programmé, des élèves de l'école de théâtre au professionnalisme. Jean-Pierre Agazar pensait aussi ancrer ses spectacles dans la réalité havraise en liaison avec la municipalité, qui aide le projet, et les CLEC, centres de loisirs et d’échanges culturels, qui agissent dans les quartiers périphériques. Les ambitions buteront assez vite sur la difficulté de trouver une identité propre. D'autant que l'atelier théâtral du Havre tente de répondre à toutes les demandes d'animation de la Ville qui l'engage vers une sorte d'"activisme" que certains lui reprocheront. Bilan: l'Atelier ne réussit pas sa percée. Décidément rien n'est facile: les pièges s'ouvrent plus vite que ne fleurissent les triomphes, dirait un raisonneur de service à cette époque. Parce que la vieille rivalité entre le Havre et Rouen joue encore dans le domaine théâtral: les troupes de l'estuaire ne remontent guère à Rouen et celles de la "capitale" normande ne se risquent guère à aborder la Porte Océane. Tout le monde le regrette, mais les temps ne sont pas venus pour des échanges nourris. Ainsi les Rouennais ignorent-ils la Manicle, un théâtre de marionettes fondé en 1975 par Georges Vérin avec l'assistance de Marcel Violette. Dans la petite équipe, on trouve Wilfrid Charles qui sera l'animateur du Théâtre d'Objets animés et portera l'essai très loin dans la recherche - et dans la qualité. Manicle d'un côté, TOA de l'autre, la marionette débusque hors des fourrés ombreux d'autant que d'autres équipes essaiment les taillis: Schon a commencé par étonner les enfants, même âgés...Vérin montera notamment un conte d'André Fouché qui montre des pantins se prenant pour des dieux. Est ce que les comédiens se prennent pour des gens indispensables au moment où ils seraient les seuls à le croire? La vie théâtrale havraise agitée de scissions semble souvent hétéroclite.
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