samedi 5 mai 2018

Journal de la Commune


Ve ARRONDISSEMENT DE PARIS
(MAIRIE DU PANTHÉON)

Citoyens,
Il y a peu de jours, votre municipalité était déserte ; — les hommes que vous aviez élus au 4 novembre, quand triomphaient les idées de réaction, sentant le courage revenir au peuple, se sont enfuis tour à tour.
Sur le désir de nos amis du Comité central, nous avons remplacé cette municipalité défaillante.
Nous l’avons fait au moment où de tristes compétitions, des menées qui se couvrent d’un prétendu amour de l’ordre et de la légalité préparaient peut-être une lutte armée et allaient, involontairement sans doute, ramener ces tristes journées, non oubliées de vous, où le sang du peuple inondait nos rues.
Malgré ces démonstrations hostiles, malgré les calomnies que nous dédaignons, nous sommes restés inébranlables dans nos sentiments de rapprochement et d’entente.
Nous avons réussi. La paix est faite, les malentendus expliqués, et toute chance de danger, nous l’espérons, éloignée à jamais.
Mais la paix dans la rue sera insuffisante si elle ne s’accompagne pas de l’accord dans les esprits, de l’homogénéité dans le conseil qui va gérer tous vos intérêts.
Les hommes du 4 septembre ont laissé consommer la défaite, ruiné ou compromis les destinées de la France.
Défiez-vous, citoyens, de ceux qui ont été leurs complices, leurs collaborateurs ou même leurs adhérents, — de ceux qui, sous couleur de respecter l’ordre, de défendre la légalité, prennent parti pour une assemblée monarchique, née sous cette double influence : la peur et la pression prussienne.
Ecartez de vous ceux qui regardent comme une voie fatale l’oeuvre du salut que vous accomplissez dans un admirable accord.
Déjà vous avez les grands centres, bientôt le pays entier sera avec vous.
Electeurs du Ve arrondissement, vous prouverez par votre vote que vous vous associez à cette force immense, récemment révélée, qui résulte de l’union, de la fédération de la garde nationale ; — que vous ne blâmez pas ces jeunes citoyens dont l’énergie, le talent, la probité et l’audace heureuse ont subitement transformé une situation et vaincu la vieille politique.
Les autres classes, en réduisant le pays aux plus tristes extrémités, ont désormais donné la mesure de leur impuissance et de leur caducité : — elles ont perdu le droit de se dire les seules classes gouvernementales.
Laissez arriver l’honnêteté, le travail, la justice ; — ouvrez les portes au prolétariat instruit, au vrai peuple, à la seule classe pure encore de nos fautes et de nos déchéances ; à la seule, enfin, capable de sauver le pays.

Le maire provisoire, D.-TH. RÉGÈRE
Les adjoints provisoires,
ACONIN, MURAT,


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