lundi 21 mai 2018

Revue N°55 Fini, c'est fini, ca va finir...




Serge Margel : De la non comparution du politique

« Partons d'une hypothèse sur la fin, sur l'eschaton. Faisons l'hypothèse qu'aujourd'hui quelque chose du politique est fini, a touché à sa fin et relève désormais de l'eschatologique. Cette hypothèse pose formellement deux problèmes. Tout d'abord, que dit-on du politique lorsqu'on évoque la fin ? Est-ce la fin du politique en général, la revendication de plus en plus forte et manifeste d'une société sans politique, ou de politiciens, de gouvernants, de ministres qui administrent le bien public, le bien privé sans faire de politique ? Dans ce cas, on n'aurait plus besoin de penser le politique, de développer une action politique, pour organiser la société, qui pourrait se faire et se construire tout autrement, par les seules instances économiques et juridiques. C'est peut-être là que se joue le grand projet du libéralisme populiste, comme aux États-Unis ou au Brésil, et maintenant en France. »

Boyan Manchev : Performance politique, politique de la performance

« La question qui se pose dans ce contexte-là est plutôt et surtout : ne nous faudrait-il pas concevoir également la possibilité d'un populisme de centre ou bien d'un populisme libéral ? Telle est au moins l'hypothèse de Michel Surya, formulée dans la sollicitation à contribution de ce numéro ; hypothèse que je partage et que je vais tenter de développer ici quelques arguments supplémentaires. Surya affirme que : « un dégagisme lui aussi populiste, pais élitaire et mondain celui-là (contradictio in adjecto?), existe désormais, qui domine, qui a raflé la mise et dispose de tous les pouvoirs conférés par la constitution. » Si on poursuit cette hypothèse, on pourrait se demander si ce n'est pas le modèle même de ce qui est couramment identifié comme politique, en partant de l'époque de Berlusconi ( sans doute la figure cruciale du populisme médiatique qui a permis à Nicolas Sarkozy par exemple d’accéder de manière aussi brusque au pouvoir, et à Vladimir Poutine, le nouveau venu au Kremlin, de solidifier le sien), jusqu'à macron et son homologue autrichien Sebastian Kurz ( et à bon nombre d'exemples venant d'autres pays européens, y compris la Bulgarie, où l'ancien roi, Siméon de Saxe-Cobourg6Gotha, et l'ancien garde du corps de l'ancien roi, ont pu s'emparer du pouvoir pendant plus d'une décennie, compromettant toute idée de projet politique) ? Dans ce contexte plus général macron ne proposerait pas une nouvelle « exception française » ; ce qui en revanche paraît nouveau, ce sont les techniques d'accès au pouvoir, dont Macron représente à son tour l'exemple paradigmatique. »



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