Serge
Margel : De la
non comparution du politique
« Partons
d'une hypothèse sur la fin, sur l'eschaton.
Faisons l'hypothèse qu'aujourd'hui quelque chose du politique est
fini, a touché à sa fin et relève désormais de l'eschatologique.
Cette hypothèse pose formellement deux problèmes. Tout d'abord, que
dit-on du politique lorsqu'on évoque la fin ? Est-ce la fin du
politique en général, la revendication de plus en plus forte et
manifeste d'une société sans politique, ou de politiciens, de
gouvernants, de ministres qui administrent le bien public, le bien
privé sans faire de politique ? Dans ce cas, on n'aurait plus
besoin de penser le politique, de développer une action politique,
pour organiser la société, qui pourrait se faire et se construire
tout autrement, par les seules instances économiques et juridiques.
C'est peut-être là que se joue le grand projet du libéralisme
populiste, comme aux États-Unis ou au Brésil, et maintenant en
France. »
Boyan
Manchev :
Performance politique, politique de la performance
« La question
qui se pose dans ce contexte-là est plutôt et surtout : ne
nous faudrait-il pas concevoir également la possibilité d'un
populisme de centre ou bien d'un populisme libéral ? Telle est
au moins l'hypothèse de Michel Surya, formulée dans la
sollicitation à contribution de ce numéro ; hypothèse que je
partage et que je vais tenter de développer ici quelques arguments
supplémentaires. Surya affirme que : « un dégagisme lui
aussi populiste, pais élitaire et mondain celui-là (contradictio
in adjecto?), existe
désormais, qui domine, qui a raflé la mise et dispose de tous les
pouvoirs conférés par la constitution. » Si on poursuit cette
hypothèse, on pourrait se demander si ce n'est pas le modèle même
de ce qui est couramment identifié comme politique, en partant de
l'époque de Berlusconi ( sans doute la figure cruciale du populisme
médiatique qui a permis à Nicolas Sarkozy par exemple d’accéder
de manière aussi brusque au pouvoir, et à Vladimir Poutine, le
nouveau venu au Kremlin, de solidifier le sien), jusqu'à macron et
son homologue autrichien Sebastian Kurz ( et à bon nombre d'exemples
venant d'autres pays européens, y compris la Bulgarie, où l'ancien
roi, Siméon de Saxe-Cobourg6Gotha, et l'ancien garde du corps de
l'ancien roi, ont pu s'emparer du pouvoir pendant plus d'une
décennie, compromettant toute idée de projet politique) ? Dans
ce contexte plus général macron ne proposerait pas une nouvelle
« exception française » ; ce qui en revanche paraît
nouveau, ce sont les techniques d'accès au pouvoir, dont Macron
représente à son tour l'exemple paradigmatique. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire