Quelques
jours avant la révolution du 18 mars, l’Emancipation de
Toulouse
publiait
l’article suivant qui fait honneur au sens politique de son auteur
:
« Les
nouvelles de Paris sont de plus en plus graves.
Il
y a un parti pris de compromettre la paix publique et de troubler la
sûreté du pays.
Il
y a un complot organisé pour exciter à la haine des citoyens les
uns envers les autres, et pour faire succéder à la guerre contre
l’étranger la hideuse guerre civile.
Les
auteurs de cette criminelle tentative sont les drôles qui se
gratifient indûment du titre de « défenseurs de l’ordre, de la
famille et de la propriété. »
L’un
des agents les plus actifs de ce complot contre la sûreté publique
s’appelle Vinoy ; il est général, et il fut sénateur.
Lorsque
Trochu, après avoir prêté publiquement serment de ne jamais livrer
Paris, crut que le moment, depuis longtemps attendu par lui, d’ouvrir
la grande ville aux Prussiens, était enfin venu, Trochu, par un
procédé familier aux jésuites de toute robe, tint son serment en
le violant. Il se démit de son titre de général en chef, et le
passa aux vieux podagres que la bande décembriste avait jugé digne
d’être un sénateur à sa discrétion.
Vinoy
ne fit rien contre la Prusse, — au contraire. On ignore pas que
Chanzy ayant déclaré que la résistance était possible, même
après l’armistice, Vinoy déclara, en gémissant, qu’il
protestait contre la reprise des hostilités, et que, plutôt que de
la voir, il irait se constituer prisonnier en Prusse.
Mais
les Prussiens sont partis ; les capitulards du gouvernement de la
lâcheté nationale et de l’Assemblée rurale les renvoient avec
force génuflexions, gorgés de l’or de la France, propriétaires
de la Lorraine et de l’Alsace, nantis, en garantie, de tous les
départements de l’est.
Changement
de tableau.
Ces
généraux, couards devant la Prusse, deviennent aussitôt des
foudres de guerre contre les Français.
Oui,
il y a une conspiration contre la République et contre le peuple ;
Oui, le parti de l’ordre cherche à donner à cette conspiration
une issue heureuse pour lui, prochaine et sanglante.
De
toutes parts, l’ouvrier demande du travail, et des garanties de
salaire. On lui répond en l’insultant ; et, en quelques endroits,
— à Roubaix, par exemple, — les pêcheurs en eau trouble des
comités démocratiques font chorus avec la réaction.
A
Saint-Etienne, au Creuzot, à Marseille, même jeu, même comédie
présente, même tragédie future.
Ne
voilà-t-il pas que l’on déclare maintenir les lois stupides et
odieuses édictées sous les monarchies contre la liberté de réunion
et d’association ?…
Et,
pour comble d’impudence, ne se permet-on pas de juger et de
condamner les patriotes qui au 31 octobre, à Paris, ont voulu
contraindre un pouvoir lâche et sans vergogne à se rappeler enfin
qu’il était censé représenter non la Prusse, mais la France —
et qu’il devait enfin tenter une sortie décisive, sous peine
d’être reconnu coupable de haute trahison !
Au
moment où le peuple de Paris vient de reconnaître par son vote que
le plébiscite de novembre fut une grave erreur ; — au moment où
des hommes graves comme Peyrat avouent que l’insurrection du 31
octobre, si elle eût réussi, pouvait seule sauver la patrie, —
des hommes de guerre se réunissent, et sans hésiter, condamnent les
Blanqui, les Flourens et autres à la peine de mort.
Il
est vrai, très honorés seigneurs que Les gens que vous tuez se
portent assez bien ; mais enfin, s’ils ne se sont pas fusillés, ce
n’est pas votre faute, et nous nous hâtons de prendre acte de ce
que, par vous, la peine de mort, en matière politique, est rétablie.
C’est un précédent.
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