samedi 12 mai 2018

Journal de la Commune


NOUVELLES ÉTRANGÈRES

ANGLETERRE

On nous écrit de Londres :
Paris est-il à la veille du retour si désirable de l’ordre et de la paix ? Les lettres que nous avons reçues ce matin, à la première heure, semblent faire pressentir un prochain apaisement.
Le comité de l’Hôtel-de-Ville, dans une proclamation que le télégraphe nous transmet en substance, se propose de céder sa place aux citoyens dont les noms sortiront, aujourd’hui, de l’urne électorale. S’il en doit être ainsi, nous ne voyons pas pourquoi l’Assemblée nationale se montre si hostile. Oublions les premiers jours de la lutte, pour ne voir que le résultat pratique des événements accomplis.
Les actes du comité de l’Hôtel-de-Ville sont plus ou moins inconstitutionnels ; mais à l’heure des révolutions, bien des illégalités s’imposent.
La constitution de la municipalité de la capitale, celles des grandes villes de la France sont, en résumé, plus qu’un progrès social, c’est une victoire remportée sur le gouvernement arbitraire et personnel. Paris et les cités de second ordre ne seront pas livrés à la discrétion d’administrateurs officieux qui, pour plaire au pouvoir et pour servir son despotisme, chargeaient naguère encore les contribuables d’impôts iniques dont l’emploi n’était ni justifié, ni justifiable.
Si, de ce côté du détroit, nous nous montrons aussi accommodants, c’est que nous aussi, nous défendrions énergiquement nos franchises municipales.
Cependant, nous attendrons la mise en oeuvre pour nous prononcer sur le résultat pratique de la reconstitution du conseil chargé d’administrer la ville de Paris.
La presse anglaise constate que le mouvement démocratique s’accentue chaque jour davantage.
Vendredi, l’immense salle d’Old Street réunissait chefs et soldats de l’armée radicale. Il s’agissait de discuter l’opportunité de l’ouverture d’un club républicain dans la ville de Londres. Le président de l’assemblée qui comptait environ 1 500 individus, appartenant presque tous à la classe ouvrière, a fait d’abord sa profession de foi. Il constate le progrès des aspirations démocratiques dans l’opinion publique. Radical sans arrière-pensée, il pense, toutefois, que des concessions doivent être faites aux moeurs locales. Le principe monarchique héréditaire n’a, dit-il, d’autres adhérents que les intéressés directs. Birmingham, Newcastle, Nottingham et autres grands centres de population, ont ouvert chacun leur club républicain. Ce n’est point une guerre ouverte que le parti radical se propose de déclarer au pouvoir existant ; il veut faire l’éducation des masses et les amener à constituer, sans secousse, le gouvernement populaire.
Après cet exposé, fort applaudi, un comité a été nommé afin d’ouvrir au plus tôt le club républicain de Londres.


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