NOUVELLES
ÉTRANGÈRES
ANGLETERRE
On
nous écrit de Londres :
Paris
est-il à la veille du retour si désirable de l’ordre et de la
paix ? Les lettres que nous avons reçues ce matin, à la première
heure, semblent faire pressentir un prochain apaisement.
Le
comité de l’Hôtel-de-Ville, dans une proclamation que le
télégraphe nous transmet en substance, se propose de céder sa
place aux citoyens dont les noms sortiront, aujourd’hui, de l’urne
électorale. S’il en doit être ainsi, nous ne voyons pas pourquoi
l’Assemblée nationale se montre si hostile. Oublions les premiers
jours de la lutte, pour ne voir que le résultat pratique des
événements accomplis.
Les
actes du comité de l’Hôtel-de-Ville sont plus ou moins
inconstitutionnels ; mais à l’heure des révolutions, bien des
illégalités s’imposent.
La
constitution de la municipalité de la capitale, celles des grandes
villes de la France sont, en résumé, plus qu’un progrès social,
c’est une victoire remportée sur le gouvernement arbitraire et
personnel. Paris et les cités de second ordre ne seront pas livrés
à la discrétion d’administrateurs officieux qui, pour plaire au
pouvoir et pour servir son despotisme, chargeaient naguère encore
les contribuables d’impôts iniques dont l’emploi n’était ni
justifié, ni justifiable.
Si,
de ce côté du détroit, nous nous montrons aussi accommodants,
c’est que nous aussi, nous défendrions énergiquement nos
franchises municipales.
Cependant,
nous attendrons la mise en oeuvre pour nous prononcer sur le résultat
pratique de la reconstitution du conseil chargé d’administrer la
ville de Paris.
— La
presse anglaise constate que le mouvement démocratique s’accentue
chaque jour davantage.
Vendredi,
l’immense salle d’Old Street réunissait chefs et soldats de
l’armée radicale. Il s’agissait de discuter l’opportunité de
l’ouverture d’un club républicain dans la ville de Londres. Le
président de l’assemblée qui comptait environ 1 500 individus,
appartenant presque tous à la classe ouvrière, a fait d’abord sa
profession de foi. Il constate le progrès des aspirations
démocratiques dans l’opinion publique. Radical sans
arrière-pensée, il pense, toutefois, que des concessions doivent
être faites aux moeurs locales. Le principe monarchique héréditaire
n’a, dit-il, d’autres adhérents que les intéressés directs.
Birmingham, Newcastle, Nottingham et autres grands centres de
population, ont ouvert chacun leur club républicain. Ce n’est
point une guerre ouverte que le parti radical se propose de déclarer
au pouvoir existant ; il veut faire l’éducation des masses et les
amener à constituer, sans secousse, le gouvernement populaire.
Après
cet exposé, fort applaudi, un comité a été nommé afin d’ouvrir
au plus tôt le club républicain de Londres.
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