samedi 12 mai 2018

Journal de la Commune


Nous reproduisons l’article suivant du citoyen Ed. Vaillant, article qui nous paraît répondre d’une façon satisfaisante à une des difficultés du moment.
Le délégué rédacteur en chef du Journal officiel.
CH. LONGUET.

On nous assure, mais la nouvelle n’a rien d’officiel, que le duc d’Aumale serait à Versailles. Si cela était vrai, c’est que de Bordeaux à Versailles le duc d’Aumale n’aurait pas rencontré un citoyen.
C’est par des faits semblables que l’on voit combien le sens moral et civique s’est affaissé. Dans les républiques antiques, le tyrannicide était la loi. Ici, une prétendue morale nomme assassinat cet acte de justice et de nécessité.
Aux corrompus qui se plaisent dans la pourriture monarchique, aux intrigants qui en vivent s’unit le groupe des niais sentimentaux.
Ceux-ci déclarent que ces pauvres diables de princes ne sont pas responsables des crimes de leurs pères, de leur nom, de leur famille, pas plus que ne le serait le fils de Tropmann.
Ils oublient que le fils du forçat n’est pas condamné par l’opinion publique, s’il n’est forçat lui-même ; mais, à juste titre, la défiance s’attache à celui dont la jeunesse a dû subir l’influence de si mauvais exemples, dont l’éducation première a eu un tel directeur.
De même un prince, fils de prince, qui continue à s’appeler prince, et qui, comme d’Aumale en question, ose venir poser dans la France républicaine la question monarchique et la candidature de sa famille excite notre colère et appelle notre justice.
Et quand même ces princes qui rêvent de nous rejeter dans l’oppression auraient été éclairés par le génie de la Révolution, ils devraient alors comprendre qu’ils ne doivent pas devenir des agents de discordes et de guerre civiles, et ils devraient se condamner eux-mêmes à aller expier dans une contrée lointaine le malheur et la honte de leur naissance.
Car il ne suffit pas qu’ils se prétendent sans ambition, — nous nous rappelons les serments et les protestations de Bonaparte, — fussent-ils sincères, leur nom, leur présence, seraient exploités par ceux que l’ambition, l’intérêt, l’intrigue attachent à leur fortune, et, quelle que fut la volonté du prince, son influence néfaste serait la même.
De même que, dans le cours inaltérable des choses, tout élément discordant est éliminé et rien de ce qui est contre l’équilibre ne pourrait prévaloir, de même dans la société, tout objet de trouble dans l’ordre moral, tout obstacle à la réalisation de l’idéal de justice que poursuit la révolution doit être brisé.
La société n’a qu’un devoir envers les princes : la mort. Elle n’est tenue qu’à une formalité : la constatation d’identité. Les d’Orléans sont en France, les Bonaparte veulent revenir : que les bons citoyens avisent !

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