Nous
reproduisons l’article suivant du citoyen Ed. Vaillant, article qui
nous paraît répondre d’une façon satisfaisante à une des
difficultés du moment.
Le
délégué rédacteur en chef du Journal officiel.
CH.
LONGUET.
On
nous assure, mais la nouvelle n’a rien d’officiel, que le duc
d’Aumale serait à Versailles. Si cela était vrai, c’est que de
Bordeaux à Versailles le duc d’Aumale n’aurait pas rencontré un
citoyen.
C’est
par des faits semblables que l’on voit combien le sens moral et
civique s’est affaissé. Dans les républiques antiques, le
tyrannicide était la loi. Ici, une prétendue morale nomme
assassinat cet acte de justice et de nécessité.
Aux
corrompus qui se plaisent dans la pourriture monarchique, aux
intrigants qui en vivent s’unit le groupe des niais sentimentaux.
Ceux-ci
déclarent que ces pauvres diables de princes ne sont pas
responsables des crimes de leurs pères, de leur nom, de leur
famille, pas plus que ne le serait le fils de Tropmann.
Ils
oublient que le fils du forçat n’est pas condamné par l’opinion
publique, s’il n’est forçat lui-même ; mais, à juste titre, la
défiance s’attache à celui dont la jeunesse a dû subir
l’influence de si mauvais exemples, dont l’éducation première a
eu un tel directeur.
De
même un prince, fils de prince, qui continue à s’appeler prince,
et qui, comme d’Aumale en question, ose venir poser dans la France
républicaine la question monarchique et la candidature de sa famille
excite notre colère et appelle notre justice.
Et
quand même ces princes qui rêvent de nous rejeter dans l’oppression
auraient été éclairés par le génie de la Révolution, ils
devraient alors comprendre qu’ils ne doivent pas devenir des agents
de discordes et de guerre civiles, et ils devraient se condamner
eux-mêmes à aller expier dans une contrée lointaine le malheur et
la honte de leur naissance.
Car
il ne suffit pas qu’ils se prétendent sans ambition, — nous nous
rappelons les serments et les protestations de Bonaparte, —
fussent-ils sincères, leur nom, leur présence, seraient exploités
par ceux que l’ambition, l’intérêt, l’intrigue attachent à
leur fortune, et, quelle que fut la volonté du prince, son influence
néfaste serait la même.
De
même que, dans le cours inaltérable des choses, tout élément
discordant est éliminé et rien de ce qui est contre l’équilibre
ne pourrait prévaloir, de même dans la société, tout objet de
trouble dans l’ordre moral, tout obstacle à la réalisation de
l’idéal de justice que poursuit la révolution doit être brisé.
La
société n’a qu’un devoir envers les princes : la mort. Elle
n’est tenue qu’à une formalité : la constatation d’identité.
Les d’Orléans sont en France, les Bonaparte veulent revenir : que
les bons citoyens avisent !
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