26
mars 1871
LA
COMMUNE À MARSEILLE
Le
24 mars au matin, la proclamation suivante a été affichée :
RÉPUBLIQUE
FRANÇAISE
Liberté,
Egalité, Fraternité.
PRÉFECTURE
DES BOUCHES-DU-RHÔNE.
La
commission départementale provisoire aux habitants de Marseille et
du département des Bouches-du-Rhône.
Citoyens,
Une
collision sanglante allait éclater parmi nous. La guerre civile
était prête à sortir des circulaires et des provocations
irritantes qu’un pouvoir aveugle lançait comme un défi aux
grandes cités françaises.
Nous
sommes intervenus.
Grâce
à l’union de tous les groupes républicains, nous avons vu se
dissiper le malentendu qui menaçait d’armer les uns contre les
autres, dans une lutte fratricide ajoutée à tant d’autres
désastres, les citoyens d’une même ville, les soldats d’une
même cause.
Nous
avons parlé d’apaisement, de conciliation. Marseille a répondu à
notre appel par une manifestation imposante. Il n’a pas été versé
une seule goutte de sang. On espérait nous diviser en deux camps :
Marseille a été unanime à déclarer qu’elle soutiendrait le
gouvernement républicain régulièrement constitué, qui siégerait
dans la capitale.
Et
par là, nous avons tous ensemble affirmé du même coup notre amour
pour la République, notre sympathie pour l’héroïque capitale
martyre qui, à elle seule, aurait sauvé notre patrie, si notre
patrie avait dû être sauvée.
Après
avoir échappé au danger, à force de patriotisme et de sagesse,
Marseille ne pouvait plus avoir confiance dans l’administration
préfectorale.
L’opinion
publique exigeait une satisfaction.
Le
conseil municipal, avec le concours de tous les groupes républicains
de la cité, a dû instituer une commission départementale, chargée
d’administrer provisoirement le département des Bouches-du-Rhône
et la ville de Marseille.
Les
membres de cette commission provisoire se sont mis immédiatement à
l’oeuvre. Ils comptent sur votre concours et sur votre confiance.
Maintenez
avec nous l’ordre dans la cité, retournez paisiblement à vos
travaux ; que le commerce et que l’industrie reprennent promptement
l’essor pacifique qui doit contribuer au relèvement de notre
patrie.
Nous
veillons nuit et jour sur la République, jusqu’à ce qu’une
autorité nouvelle, émanant d’un gouvernement régulier, siégeant
à Paris, vienne nous relever de nos fonctions.
Vive
Paris !
Vive
la République !
Marseille,
le 23 mars 1871.
Les
membres de la commission départementale provisoire
du
département des Bouches-Du-Rhône.
GASTON
CRÉMIEUX, ÉTIENNE PÈRE, JOB,
BOSC,
DAVID, DESSERVY, SIDORE,
Conseillers
municipaux :
MAVIE,
ALLERINI, GUELLARD, BARTHELET,
ÉMILE
BOUCHET, CARTOUX.
Le
comité républicain a publié l’adresse suivante :
Aux
Marseillais.
CITOYENS,
Le
comité républicain, réuni spontanément en présence de la
manifestation de la garde nationale, déclare se rallier sans réserve
à la proclamation du conseil municipal.
Le
comité républicain honore Paris comme la capitale de la République,
et demande qu’une Assemblée constituante y établisse son siège.
Le
comité veut le maintien de la République et la nomination à toutes
les fonctions d’hommes connus par leur dévouement aux principes de
la démocratie.
Il
demande que tous les complices de l’Empire, qui ont livré la
France démoralisée et désarmée à l’invasion prussienne, soient
à tout jamais exclus des fonctions publiques.
Le
comité a pleine confiance dans l’énergie et l’initiative du
conseil municipal pour maintenir haut et ferme le drapeau de la
République et pour assurer à Marseille le respect des personnes et
des propriétés publiques ou privées.
Pour
le comité républicain :
Les
membres du bureau,
LÉART,
président ;
SOIRON
ET JOSEPH MARTIN, vice-président ;
JULES
RIGAULT ET GAY, secrétaires.
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