samedi 5 mai 2018

Journal de la Commune


26 mars 1871

LA COMMUNE À MARSEILLE

Le 24 mars au matin, la proclamation suivante a été affichée :


RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Liberté, Egalité, Fraternité.
PRÉFECTURE DES BOUCHES-DU-RHÔNE.
La commission départementale provisoire aux habitants de Marseille et du département des Bouches-du-Rhône.

Citoyens,
Une collision sanglante allait éclater parmi nous. La guerre civile était prête à sortir des circulaires et des provocations irritantes qu’un pouvoir aveugle lançait comme un défi aux grandes cités françaises.
Nous sommes intervenus.
Grâce à l’union de tous les groupes républicains, nous avons vu se dissiper le malentendu qui menaçait d’armer les uns contre les autres, dans une lutte fratricide ajoutée à tant d’autres désastres, les citoyens d’une même ville, les soldats d’une même cause.
Nous avons parlé d’apaisement, de conciliation. Marseille a répondu à notre appel par une manifestation imposante. Il n’a pas été versé une seule goutte de sang. On espérait nous diviser en deux camps : Marseille a été unanime à déclarer qu’elle soutiendrait le gouvernement républicain régulièrement constitué, qui siégerait dans la capitale.
Et par là, nous avons tous ensemble affirmé du même coup notre amour pour la République, notre sympathie pour l’héroïque capitale martyre qui, à elle seule, aurait sauvé notre patrie, si notre patrie avait dû être sauvée.
Après avoir échappé au danger, à force de patriotisme et de sagesse, Marseille ne pouvait plus avoir confiance dans l’administration préfectorale.
L’opinion publique exigeait une satisfaction.
Le conseil municipal, avec le concours de tous les groupes républicains de la cité, a dû instituer une commission départementale, chargée d’administrer provisoirement le département des Bouches-du-Rhône et la ville de Marseille.
Les membres de cette commission provisoire se sont mis immédiatement à l’oeuvre. Ils comptent sur votre concours et sur votre confiance.
Maintenez avec nous l’ordre dans la cité, retournez paisiblement à vos travaux ; que le commerce et que l’industrie reprennent promptement l’essor pacifique qui doit contribuer au relèvement de notre patrie.
Nous veillons nuit et jour sur la République, jusqu’à ce qu’une autorité nouvelle, émanant d’un gouvernement régulier, siégeant à Paris, vienne nous relever de nos fonctions.

Vive Paris !
Vive la République !
Marseille, le 23 mars 1871.
Les membres de la commission départementale provisoire
du département des Bouches-Du-Rhône.
GASTON CRÉMIEUX, ÉTIENNE PÈRE, JOB,
BOSC, DAVID, DESSERVY, SIDORE,
Conseillers municipaux :
MAVIE, ALLERINI, GUELLARD, BARTHELET,
ÉMILE BOUCHET, CARTOUX.



Le comité républicain a publié l’adresse suivante :

Aux Marseillais.

CITOYENS,

Le comité républicain, réuni spontanément en présence de la manifestation de la garde nationale, déclare se rallier sans réserve à la proclamation du conseil municipal.
Le comité républicain honore Paris comme la capitale de la République, et demande qu’une Assemblée constituante y établisse son siège.
Le comité veut le maintien de la République et la nomination à toutes les fonctions d’hommes connus par leur dévouement aux principes de la démocratie.
Il demande que tous les complices de l’Empire, qui ont livré la France démoralisée et désarmée à l’invasion prussienne, soient à tout jamais exclus des fonctions publiques.
Le comité a pleine confiance dans l’énergie et l’initiative du conseil municipal pour maintenir haut et ferme le drapeau de la République et pour assurer à Marseille le respect des personnes et des propriétés publiques ou privées.

Pour le comité républicain :
Les membres du bureau,
LÉART, président ;
SOIRON ET JOSEPH MARTIN, vice-président ;
JULES RIGAULT ET GAY, secrétaires.

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