samedi 5 mai 2018

Journal de la Commune


On écrit de Sedan, sous la date du 19 mars de ce mois :

« Depuis huit jours, la commission chargée par le gouvernement belge d’assainir le champ de bataille de Sedan opère la crémation dans les environs de cette ville.
Elle emploie un moyen très simple pour détruire les miasmes délétères qui étaient à redouter au moment des grandes chaleurs.
Voici ce moyen :
On fait ouvrir les fosses et l’on met les cadavres à nu, sans toutefois les déranger ; puis on fait verser, selon la quantité de cadavres amoncelés, du goudron de houille, de façon à les recouvrir d’une couche très épaisse de ce liquide.
Une fois le goudron infiltré partout, on fait arroser les cadavres à l’huile de pétrole, puis on y met le feu et l’on active les flammes à l’aide de bois de mélèze.
Le feu s’étend ainsi partout et pénètre jusqu’au fond des fosses. Après trois heures de combustion, il ne reste que les os tout à fait réduits.
Pendant tout le temps de l’opération, les commissaires font des dégagements de clore en masse et les ouvriers avouent qu’ils ne sentent pas la moindre odeur cadavérique. Après la calcination des cadavres, il s’est formé, paraît-il au-dessus des fosses une couche solide de brai sec, qui a elle seule est capable d’empêcher les exhalaisons. Malgré cela, les délégués belges, d’accord en tout avec le conseil supérieur d’hygiène de Sedan, font semer du chlorure de chaux sec dans les fosses et les font recouvrir de terre et de chaux vive, de façon à former de bons tumulus.
Il paraît que, d’après les rapports de ces messieurs, à l’exception des enterrements faits sous la surveillance des autorités françaises, les enfouissements sont détestables. C’est ainsi que les fosses renfermant 160 cadavres d’hommes n’étaient recouvertes que de dix centimètres de terre ! »


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