On
écrit de Sedan, sous la date du 19 mars de ce mois :
«
Depuis huit jours, la commission chargée par le gouvernement belge
d’assainir le champ de bataille de Sedan opère la crémation dans
les environs de cette ville.
Elle
emploie un moyen très simple pour détruire les miasmes délétères
qui étaient à redouter au moment des grandes chaleurs.
Voici
ce moyen :
On
fait ouvrir les fosses et l’on met les cadavres à nu, sans
toutefois les déranger ; puis on fait verser, selon la quantité de
cadavres amoncelés, du goudron de houille, de façon à les
recouvrir d’une couche très épaisse de ce liquide.
Une
fois le goudron infiltré partout, on fait arroser les cadavres à
l’huile de pétrole, puis on y met le feu et l’on active les
flammes à l’aide de bois de mélèze.
Le
feu s’étend ainsi partout et pénètre jusqu’au fond des fosses.
Après trois heures de combustion, il ne reste que les os tout à
fait réduits.
Pendant
tout le temps de l’opération, les commissaires font des
dégagements de clore en masse et les ouvriers avouent qu’ils ne
sentent pas la moindre odeur cadavérique. Après la calcination des
cadavres, il s’est formé, paraît-il au-dessus des fosses une
couche solide de brai sec, qui a elle seule est capable d’empêcher
les exhalaisons. Malgré cela, les délégués belges, d’accord en
tout avec le conseil supérieur d’hygiène de Sedan, font semer du
chlorure de chaux sec dans les fosses et les font recouvrir de terre
et de chaux vive, de façon à former de bons tumulus.
Il
paraît que, d’après les rapports de ces messieurs, à l’exception
des enterrements faits sous la surveillance des autorités
françaises, les enfouissements sont détestables. C’est ainsi que
les fosses renfermant 160 cadavres d’hommes n’étaient
recouvertes que de dix centimètres de terre ! »
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