samedi 5 mai 2018

Journal de la Commune


Il y a quelques jours, M. Michelet consacrait à Garibaldi les lignes suivantes :

Il y a un héros en Europe. Un !
Je n’en connais pas deux.
Toute sa vie est une légende. Comme il a les plus grands sujets d’être mécontent de la France, comme on a tiré sur lui à Aspromonte, Mentana, vous devinez que cet homme va se dévouer pour la France.
Et combien modestement !
Peu importe où on le mette, au poste le plus obscur et le moins digne de lui.
Grand homme, mon seul héros, toujours plus haut que la fortune, comme sa sublime pyramide monte, grandit vers l’avenir !
Elle sera belle, l’histoire des nobles coeurs italiens qui firent tant d’efforts pour le suivre. Ni la mer, ni l’horreur des Alpes en plein hiver, ne les arrêtait.
Quel hiver ! le plus terrible.
Dans une tempête de neige qui a duré plusieurs jours et fermé tous les passages (fin novembre), un de ces vaillants n’a pas voulu s’arrêter.
A travers l’affreux déluge, de station en station il a obstinément monté. Le tonnerre des avalanches n’a pu le retarder. Il a monté, opposant aux frimas qui la raidissaient la force de son jeune coeur.
Tout hérissé de glaçons, quand il arrive en haut, il n’était plus qu’un cristal.
La tempête avait fini, l’homme aussi.
Il se trouva fini, raidi sous la voûte d’où l’on voit déjà la France.
C’est là qu’on l’a trouvé. Rien sur lui, point de papier qui le fit connaître.
Tous les journaux en parlèrent, mais ne purent dire son nom…Son nom ? Je vais le révéler.
Celui qui, d’un si grand coeur, dans cet abandon de la France, s’était élancé vers elle, il s’appelait… Italie.


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