L'origine
du mot laisse supposer, qu'un candidat, qu'elle que soit la place, le
titre, la fonction qu'il postule doit être « blanc » de toute
souillure, vierge de tout reproche. Vulgarisé, le mot a dépassé sa
valeur étymologique.
On
s'inscrit comme candidat pour subir un examen, pour obtenir un
diplôme, mais le mot candidat s'applique surtout aujourd'hui à
celui qui se présente pour obtenir des électeurs un mandat
politique, ou une charge publique : « candidat au Parlement,
candidat au Conseil municipal, candidat au Conseil général,
candidat au Conseil d'arrondissements, etc. ».
Pour
tout homme raisonnable et logique, un candidat est un homme
moralement discrédité ; car, pour obtenir de ses électeurs les
suffrages qu'il réclame, il est obligé d'user d'intrigues et de
bassesses. La corruption des candidats n'est pas nouvelle et
certaines lois romaines du reste inopérantes, édictées cinq
siècles, avant l'ère chrétienne prévoyaient des mesures pour
assurer la loyauté des candidats et la propreté des élections. En
étendant son champ d'action, la politique a également étendu son
champ de corruption, et le candidat n'hésite pas à affirmer les
monstruosités les plus invraisemblables, à employer la délation,
la diffamation, le mensonge, pour abattre un adversaire, qui n'est du
reste d'ordinaire pas plus intéressant que lui. Les procédés les
plus ignominieux sont employés par le candidat pour assurer son
succès. Il ne recule devant aucune promesse, même les plus
ridicules, les plus irréalisables, pour s'attacher les faveurs de
l'électeur sollicité et, si cela ne suffit pas, il ne répugne pas
à acheter les consciences, de même qu'il est prêt à
vendre
la sienne.
Les
exemples de candidats qui ont trahi sont innombrables et nombre de
pays offrent un curieux assemblage d'hommes de toutes classes, qui,
entrés dans la politique par la porte de gauche, se trouvent,
quelques années plus tard, les plus farouches adversaires de la
classe ouvrière. On se demande qui est le plus à blâmer : de
l'électeur naïf et par trop crédule, ou du candidat retors et
menteur. L'électeur est la cause dont le candidat est l'effet ; ce
n'est que celui-ci qui peut supprimer celui-là. (Voir Électeur.
Élection.)
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