La
capitalisation est l'action qui consiste à entasser du numéraire,
de l'or, de l'argent, des billets de banque, ou à ajouter les
bénéfices réalisés sur un capital quelconque à ce même capital.
Exemples
: 1° Un paysan possède un terrain qui lui rapporte 1.000 francs par
an. Il n'en dépense que 900 et conserve 100 francs dans son bas de
laine. Il capitalise 100 francs par an ;
2°
Un rentier a un capital X placé dans une banque, qui lui rapporte à
raison de X % 1.000 francs de revenus annuellement. Il n'en dépense
que 900 et ajoute à son capital X cette somme de 100 francs qui, à
son tour, étendra ses intérêts. Il fait de la capitalisation ;
3°
Un propriétaire possède une maison, dont la location lui rapporte
annuellement une somme supérieure à celle qui est nécessaire à
ses besoins. Au bout d'un certain nombre d'années, les bénéfices
réalisés lui permettent d'acheter une autre maison. Il fait de la
capitalisation.
Il
y a donc plusieurs façons de capitaliser. En l'espèce le paysan
fait de la capitalisation improductive, puisque son argent est
retiré de la circulation et ne lui procure aucun bénéfice, alors
que le rentier, le propriétaire ou l'industriel fait de la
capitalisation productive. Naturellement plus l'individu
capitalise, plus il peut capitaliser et plus il peut grossir ses
revenus. Les bénéfices ajoutés au capital initial lui permettent
d'étendre son domaine et de poursuivre son exploitation sur une plus
grande échelle.
Quelle
que soit la forme de capitalisation, elle est contraire à la saine
morale et ne peut être réalisée que sur le travail d'autrui.
Supposons
que notre paysan qui travaille seul son champ ait au bout de 10
années réussi à capitaliser 1.000 francs. Cette somme est
absolument nulle et incapable de lui assurer un certain bien-être
s'il cesse de travailler. Au contraire, qu'il achète avec cette
somme capitalisée un autre champ et le fasse travailler par un
ouvrier en se réservant une part de bénéfice, sa capitalisation
lui sera utile et profitable, mais uniquement par le jeu de
l'exploitation. Donc le profit sera de source impure.
Il
en est de même de toutes les formes de capitalisation, et il est
ridicule de dire que l'économie seule est source de richesse.
Un
ouvrier travaillant 8, 9 ou 10 heures par jour, qui va, chaque
semaine, porter quelques francs à la Caisse d'épargne, verra son
avoir rapidement englouti si, par malheur, la maladie s'installe à
son foyer ou s'il est entraîné dans un mouvement de grève. Et en
admettant même l'impossible, que durant 25 ans il économise, en
rognant sur le nécessaire, sur l'indispensable, qu'à force de
privations, il réalise un petit capital, celui-ci ne lui permettra
pas de vivre à l'heure où la fatigue et la vieillesse l'obligeront
à abandonner son labeur. La capitalisation n'est rendue possible que
par le travail accaparé de son semblable et est, en conséquence,
néfaste à la société en général.
S'il
est exact que selon la forte expression d'Anatole France, « Le
militarisme crèvera d'obésité »,
la capitalisation, qui est une autre maladie des sociétés modernes,
périra de la même mort, entraînant avec elle la fin du
capitalisme.
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