On
lit dans la Commune :
« Les
efforts tentés par M. Jules Favre, pour chercher dans l’intervention
prussienne un point d’appui contre la Révolution du 18 mars, vont
enfin être percés à jour. Interpellé, dans la séance nocturne du
23, sur la communication officielle du quartier général prussien au
Gouvernement de l’Hôtel-de-Ville, le ministre de la capitulation
n’a pu que se réfugier dernière des faux-fuyants pour faire
concorder ce document avec celui dont il avait donné lecture la
veille. A la déclaration si catégorique du commandant prussien, il
n’a trouvé à opposer que deux dépêches de Berlin et de Rouen,
dans lesquelles l’autorité prussienne se réserve le droit de
réprimer l’émeute de Paris.
Ces
réserves sont formulées en ces termes par la Gazette de
l’Allemagne du Nord, organe officiel de M. de Bismarck : « IL
EST DE LA PLUS GRANDE IMPORTANCE POUR NOUS QUE LE NOUVEAU
GOUVERNEMENT DU COMITÉ CENTRAL DE PARIS AIT AUSSI L’INTENTION
D’EXÉCUTER LE TRAITÉ DE PAIX.
«
NOUS POURRONS DONC TRANQUILLEMENT ATTENDRE LA MARCHE ULTÉRIEURE DES
CHOSES. »
Mais
une révélation bien autrement grave nous est rapportée par un
journal anglais, le Weekly Lloyd, que nous traduisons
fidèlement pour l’édification de ceux qui, jusqu’à ce jour,
ont eu des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point
entendre.
Voici
ce que dit le journal anglais :
«
Le comte de Bismarck en arrivant à Berlin s’entretint avec les
notables qui sollicitaient l’autorisation de présenter leurs
hommages au chef diplomatique de la campagne. A l’un, le chancelier
fédéral affirmait que la Champagne ne serait pas longtemps occupée,
attendu que la France payerait certainement l’indemnité aussi tôt
que possible.
«
À d’autres, M. de Bismarck confia que L’ASSEMBLÉE NATIONALE
AURAIT PRÉFÉRÉ VOIR LA PRUSSE OCCUPER PARIS, DÉSARMER LA GARDE
NATIONALE PLUTÔT QUE DE S’INCLINER DEVANT L’OPINION
RÉPUBLICAINE. »
Ces
lignes portent tout naturellement à croire que le gouvernement et
l’Assemblée ont pu s’entendre avec M. de Bismarck pour étouffer
la révolution et assassiner la République.
Le
journal anglais nous donne lui-même à ce sujet tous les
renseignements désirables.
Continuons
:
«
Nous sommes en mesure, écrit-il, d’affirmer, de façon à
défier même un démenti de l’ambassadeur que M. Thiers s’est
cru le devoir d’envoyer à Londres, que ce sont bien MM. Jules
Favre et Thiers qui ont fait au comte de Bismarck L’OUVERTURE DONT
IL EST QUESTION CI-DESSUS, c’est-à-dire de lui livrer Paris,
en s’autorisant de l’opinion de la majorité de l’Assemblée
nationale.
«
Quant à la réponse de M. de Bismarck à ces attrayantes ouvertures,
elle serait navrante pour M. Thiers. Il aurait, assure-t-on, répondu
que les affaires intérieures de la France ne le regardent pas, que
d’ailleurs les hommes du Comité central, Assi entre autres, n’ont
trompé personne ; que lorsque MM. Jules Favre et Thiers ont accepté,
— alors qu’on vantait leurs vertus, — ces hommes intègres,
comme instruments de leur opposition à l’Empire, ils ne le
faisaient qu’au point de vue de leurs intérêts personnels ou
dynastiques. Que, dans ce cas, le Comité central est encore le
pouvoir qui lui inspire le plus d’estime ; qu’à peine vainqueur,
il parle de s’effacer, tandis que vaincus par le ridicule,
après avoir été déshonorés par le crime, les hommes du 4
septembre s’obstinent à vouloir demeurer! »
Il
résulte donc de l’opinion du journal anglais que le patriotisme de
Versailles équivaut à un patriotisme monarchique. Le roi
avant tout, même avec le Prussien, et meure la France si l’on peut
crier Vive le roi !
Aujourd’hui,
ils envoient l’amiral Saisset pour parlementer.
Méfions-nous
d’un parlementaire qui se présente l’arme au poing. Cette
concession cache une surprise, un piège ; ne nous y laissons pas
prendre.
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