ITALIE
Le
colonel-brigadier Stefano Canzio, ancien commandant de la 1re brigade
de l’armée des Vosges, à qui l’on venait d’annoncer sa
nomination de chevalier de la Légion d’honneur, a écrit au chef
du gouvernement français la lettre que voici : Gênes, le 21 mars.
Monsieur
le ministre,
Je
lis mon nom parmi quelques nominations de chevalier de la Légion
d’honneur faites dans l’armée des Vosges, et je m’empresse de
vous annoncer que je n’accepte pas ces nobles insignes, Républicain
accouru à la défense d’une république, il me suffit d’avoir la
conscience d’avoir accompli un devoir. Je voudrais seulement qu’un
plus grand accord de volontés, répudiant les périlleuses alliances
des anciens instruments de tyrannie, eût pu rendre plus utile à la
France une guerre qui n’a pas été sans gloire pour elle ni pour
nous. Italien accouru pour défendre la cause d’un peuple frère,
j’ai été largement indemnisé par les démonstrations de
sympathie d’un grand peuple qui heureusement ne ressemble pas à
ses représentants officiels.
Soldat
de Garibaldi, je repousse les récompenses honorifiques d’un
gouvernement tirant son autorité d’une assemblée au sein de
laquelle a pu trouver accueil un Spartiate pour rire, rentré en
ville ni vainqueur ni mort, l’un de ces hommes à la fatuité
fanfaronne duquel la France doit ses malheurs actuels, le général
Ducrot, en un mot, mentant à la vérité historique, aux premiers
éléments de l’art militaire, à toute considération honnête, et
colorant de stratégie les inventions d’un esprit dont je ne
saurais dire s’il est plus bête que méchant.
Agréez,
etc.
STEFANO
CANZIO.
A.
M. A. Thiers, président du conseil et chef du pouvoir exécutif de
la République
française
à Versailles.
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