samedi 5 mai 2018

Journal de la Commune


ITALIE

Le colonel-brigadier Stefano Canzio, ancien commandant de la 1re brigade de l’armée des Vosges, à qui l’on venait d’annoncer sa nomination de chevalier de la Légion d’honneur, a écrit au chef du gouvernement français la lettre que voici : Gênes, le 21 mars.


Monsieur le ministre,
Je lis mon nom parmi quelques nominations de chevalier de la Légion d’honneur faites dans l’armée des Vosges, et je m’empresse de vous annoncer que je n’accepte pas ces nobles insignes, Républicain accouru à la défense d’une république, il me suffit d’avoir la conscience d’avoir accompli un devoir. Je voudrais seulement qu’un plus grand accord de volontés, répudiant les périlleuses alliances des anciens instruments de tyrannie, eût pu rendre plus utile à la France une guerre qui n’a pas été sans gloire pour elle ni pour nous. Italien accouru pour défendre la cause d’un peuple frère, j’ai été largement indemnisé par les démonstrations de sympathie d’un grand peuple qui heureusement ne ressemble pas à ses représentants officiels.
Soldat de Garibaldi, je repousse les récompenses honorifiques d’un gouvernement tirant son autorité d’une assemblée au sein de laquelle a pu trouver accueil un Spartiate pour rire, rentré en ville ni vainqueur ni mort, l’un de ces hommes à la fatuité fanfaronne duquel la France doit ses malheurs actuels, le général Ducrot, en un mot, mentant à la vérité historique, aux premiers éléments de l’art militaire, à toute considération honnête, et colorant de stratégie les inventions d’un esprit dont je ne saurais dire s’il est plus bête que méchant.
Agréez, etc.
STEFANO CANZIO.
A. M. A. Thiers, président du conseil et chef du pouvoir exécutif de la République
française à Versailles.

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