Une
autre démocratie est possible, et nécessaire
Toute
l’histoire du Parti Socialiste est faite de belles promesses
brillamment claironnées suivies de pitoyables abandons promptement
camouflés. Parce qu’il faut bien être réaliste, voyez-vous…Parce
qu’on ne peut pas faire autrement, n’est-ce pas ?… L’abandon
peut mener très loin : beaucoup de députés socialistes en 40 n’ont
pas pu faire autrement que de voter les pleins pouvoirs à Pétain.
Mais
jeter la pierre aux seuls socialistes français serait injuste. Leurs
homologues de tous les pays n’ont guère fait mieux, quand ils
n’ont pas fait pire là où les luttes sociales n’ont pas eu la
vigueur qu’elles ont pu parfois avoir en France.
Bref,
si les élections françaises de 2007 se déroulent “normalement”,
comme les précédentes, dans un climat de relative paix sociale, et
si les socialistes reprennent le pouvoir, on aura droit ensuite,
c’est évident, au classique et désolant scénario de capitulation
devant les exigences du capital. Une partie de l’opinion ne veut
pas le voir et continue d’accorder crédit au P.S. C’est plus
ambigu pour les leaders de la gauche de la gauche : tout en tenant
des propos critiques, ils s’inscrivent sagement dans la logique
électorale et donc la renforcent. Ils vont donc renforcer à l’insu
de leur plein gré la gravité des mesures anti-sociales d’après
élections ! Et ce n’est pas le refus de choisir le moins mauvais
candidat au 2ième tour qui change grand chose : quand la mécanique
est lancée, elle nous conduit inéluctablement là où les forces
sociales dominantes ont décidé de nous amener.
D’où
vient cette perte périodique de lucidité de la gauche de la gauche
qui - à l’exception d’une partie des libertaires -accepte de
rejouer, encore et encore, à un jeu où les dés sont si
manifestement pipés ? On a même entendu José Bové déclarer qu’il
peut gagner la Présidentielle… Mais oui, José, mais oui… Et ACC
pourrait bien aussi fêter son dix millionième abonné avant Noël !
A
l’extrême gauche, les leaders nous expliquent que s’ils ne
présentent pas de candidats, les idées qu’ils défendent
resteraient méconnues. A gauche, on nous rappelle qu’avec la
droite ce serait pire. Des arguments entendus mille fois et démentis
par les faits presque autant de fois. Des arguments qui sont aussi un
aveu : dans l’esprit de leurs auteurs c’est l’élection qui est
prioritaire; elle occulte le reste, parfois totalement; elle cache et
fait oublier qu’on ne pourra pas faire l’économie d’un
affrontement social majeur avec la bourgeoisie; elle cache et
fait oublier que les opprimés ont intérêt à engager cet
affrontement en période électorale, lorsque les élites sont un peu
affaiblies; elle cache et fait oublier qu’une autre démocratie
est possible - et nécessaire, si l’on veut vraiment un autre
monde.
Il
s’agit de cette démocratie qui s’épanouit dans les luttes pour
dépasser rapidement en pertinence et en vertus émancipatrices
toutes les pratiques antérieures. Elle peut même avoir,
momentanément, des effets étonnants sur certains élus : sous son
influence, lors des grèves de 36, ils se prononcent pour les congés
payés, les quarante heures, etc. Les mêmes, “libérés” 4 ans
plus tard de cette influence, peuvent aller jusqu’à voter Pétain…
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