jeudi 3 mai 2018

Journal de la Commune


VILLE DE PARIS
MAIRIE DU XXE ARRONDISSEMENT

Citoyens du XXe arrondissement,
Nous venons de prendre à votre le poste auquel votre confiance nous avait appelés, et qui, jusqu’ici, avait été occupé par un commissaire provisoire.
L’admirable victoire qui a remis le peuple parisien en possession de son indépendance communale n’est encore qu’incomplète.
Il nous faut soutenir énergiquement notre droit à l’autonomie municipale, contre tous les empiétements arbitraires, illégaux, des pouvoirs politiques.
La majorité de nos collègues aux mairies de Paris et quelques députés de Paris prétendent que nous ne pouvons élire nos conseillers municipaux, sans que l’Assemblée de Versailles ait statué sur notre droit à faire des élections.
Cette prétention, insoutenable en bonne justice, est le fruit d’une erreur complète de principes et d’une confusion flagrante de pouvoirs. Le droit que possède chaque commune d’élire sa municipalité est imprescriptible et inaliénable. Ce droit, toutes les communes de France, excepté Paris, l’exercent, et il n’a pu vous être ravi que par l’abominable despotisme de l’Empire.
Paris a reconquis son droit de municipalité libre par sa dernière révolution ; malheur à qui essaierait de le lui reprendre !
Cette entreprise insensée, criminelle, serait le signal de la guerre civile. Nous ne voulons plus que notre sang coule dans des luttes fratricides entre Français.
C’est pourquoi nous ne voulons plus dans Paris d’autre armée que la garde nationale, d’autre municipalité que celle librement élue par le peuple.
Nous vous convoquons donc pour demain dimanche, 26 mars, à l’effet d’élire, dans le XXe arrondissement, quatre représentants au conseil municipal de Paris.
En même temps que cette affiche, en paraît une autre où nous vous indiquons le mode de votation et le lieu de vote pour chaque section de l’arrondissement.
Citoyens, les hommes que vous avez chargés de défendre provisoirement vos intérêts, et qui siègent en ce moment à l’Hôtel-de-Ville, vivent de leurs trente sous de gardes nationaux, eux et leurs familles.
C’est la première fois qu’un tel exemple de désintéressement se produit dans l’histoire.
Faites en sorte de nommer des hommes aussi dévoués, aussi honnêtes, et vous aurez sauvé la France.
Vive la république démocratique et sociale, universelle !
Paris, le 25 mars 1871.
Le maire
RANVIER
L’adjoint,
GUSTAVE FLOURENS

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