jeudi 10 mai 2018

Daniel Poncet Deuxième gauche réformisme et lutte de classe


J'ai commencé cet ouvrage et franchement, je pense qu'il va me passionner. Pourquoi?

Parce que de l 'intérieur cet homme a lutté pour arrêter cette gangrène qu'est le réformisme dans le syndicalisme et toutes les défaites qu'il entraîne. Il n'y a pas que des défaites philosophiques dans le réformisme, il y a des défaites qui amènent les gens à la misère, à l'esclavagisme moderne et ils les entraînent vers une résignation mortelle. En effet, ceux qui devraient les sauver les vendent pour des postes à fric.
On connait les trahisons assumées de Notat, Cherèque et Berger, ou plus récemment de Mailly mais il y en a de plus perverses comme celles silencieuses de la CGT qui, au fil des congrès et des changements de secrétaires généraux, sombrent vers le réformisme:  Thibault qui a cherché en permanence l'unité avec la CFDT au risque de perdre l'essentiel, les idéaux, et Martinez, qui par contre isolent les militants  des ouvriers, divisent les fédérations  et segmentent tous les conflits pour que la grève générale ne viennent jamais. Jamais, la CGT n'avait été aussi maladroite dans se stratégie de division. Seuls les militants sectaires de cette organisation y retrouvent un semblant de révolte et s'en contentent.

Il est posé la question récurrente depuis des années : qui sont les plus à même de sauver la classe ouvrière ? Les syndicats, qui sont depuis des années considérés comme les premiers organes de la classe bourgeoise et de la réaction ? Ou le parti des ouvriers, qui a toujours été un rêve et jamais réalisé car les membres du parti ne font que défendre le parti ? Ça a été aussi le problème de Lénine de vouloir implanter le parti dans les syndicats : et alors que défendons nous : le parti ou la classe ouvrière ? A lire pour se donner une idée, « Le syndicalisme en Europe de l'est »

Et vaut-il mieux parler de la classe ouvrière ou parler du peuple ?

Daniel Poncet prend dans l'ordre chronologique et j'ai donc puisé quelques dates que je pense importantes. 

Lisez ce livre, lisez le et vite!





« Propriété et expropriations. Des coopératives à l’autogestion généralisée » textes de Karl Marx et Friedrich Engels, présentés par Pierre Cours-Salies et Pierre Zarka –(Éditions Sylepse 2013) -, va m’interpeller. Le voici :
« Au cours des années 1960 et 1970, il s’est développé en France une discussion sur des projets de pouvoir autogestionnaire, des initiatives et des luttes à caractère autogestionnaire, que ce soit dans l’entreprise ou dans la société plus généralement.
Ne pouvant entreprendre ici le nécessaire retour historique critique sur l’ensemble de cette phase, nous résumerons les enjeux et les controverses pratiques et idéologiques qui se sont déroulés au sein de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), organisation qui y a tenu une place majeure.
Plusieurs courants s’y affrontent, mettant en jeu des conceptions différentes de la propriété sociale des moyens de production, de la planification démocratique, de l’autogestion des entreprises, du rapport de force crée par l’unité d’action autour des revendications et des luttes (Cours-Salies, 1988). Une des orientations, pour « être responsable », veut limiter les revendications et les objectifs et s’en tenir à une sorte de cogestion qui développerait une démocratie sociale modernisée. D’autres veulent rassembler les forces sociales disponibles pour changer le système. Après 1968, et malgré l’enthousiasme soulevé par la lutte des Lip, cette CFDT de lutte de classes a fini par perdre la bataille. Ce qui a été appelé la « deuxième gauche » a alors imposé ses choix et pris le contrôle de l’organisation. On connaît la suite, mais la référence à l’autogestion a ainsi pu donner l’impression d’être mise à toutes les sauces : du pouvoir des producteurs au choix d’une volonté de pacifier le climat social par une simple coopération « entre partenaires sociaux ».

« Avec le chômage de masse et les solutions social-libérales, les années 1980 ont été en France, après la victoire de la gauche, celles qui ont détruit les capacités de mobilisation et affaissé l’exigence de changement. Un des principaux dirigeants de la CFDT de conformisme avec les thèses sociales libérales, Edmond Maire, déclarera même en 1986 être fier d’avoir fait disparaître les grèves… » -page 50 »

« On ne peut aborder les questions de l’autogestion, de la lutte des classes, de la « deuxième gauche », du recentrage de la CFDT, sans parler du PSU (Parti Socialiste Unifié : créé le 3 avril 1960 et qui s’est auto-dissous le 24 novembre 1989), ni analyser la politique des partis de gauche (PCF, PS et MRG), la stratégie de l’union de la gauche, sa nature, ses contradictions. Il faut aussi bien saisir la nature des affrontements idéologiques de cette période –1968 – 1983, l’importance du contexte national et international pour comprendre qu’aujourd’hui nous en vivons les conséquences destructrices en termes de reniements, de confusion idéologique, d’ignorance, d’amalgame, d’inorganisation, de crises économiques, de risques de guerres. »

« Le discrédit puis le rejet de toutes références au communisme, à la révolution d’octobre 1917, au léninisme a permis la propagation de toute une idéologie réactionnaire fascisante (ou carrément fasciste) dans la société. Les pires illusions réformistes sur la social-démocratie ont été un terreau favorable qui a ouvert la voie au FN. L’abandon de la référence à l’alternative révolutionnaire, laisse la place à de pseudos-alternatives réformistes, que le capitalisme en tant que système, intègre sans que cela puisse le moins du monde le gêner (bien au contraire). »

« La CGT après 1968, n’hésite pas à s’associer dans certains cas avec le patronat pour expulser les militants révolutionnaires de ses structures syndicales et les faire licencier (voir par exemple : Claude Lebrun, militant PCMLF qui fut exclu de la CGT de l’Alsthom St-Ouen et licencié en janvier 1974 –HR n°215 –jeudi 31 janvier 1974- ou Jeannette Pelletier exclue de la CGT le 18 juin 1974 -source HR n°237 –du 4 juillet 1974-) puis frappée en 75. l’HR n°335 du 27 septembre annonce en page 2 : « Nantes : Agression social-fasciste contre Jeannette Pelletier ».
C’est sur cette ligne là que le PCRml va soutenir et défendre la lutte à l’intérieur de la CFDT contre la ligne réformiste du PS. Cette lutte dura globalement de 1973 à 1979, c’est-à-dire de l’opération lancée par le PS : « Assises du socialisme » 12- 13 octobre 1974 au recentrage officiel en 1979.
Cette lutte va notamment se traduire par le regroupement de syndicalistes révolutionnaires, par des appels, des pétitions… et de la part de la direction confédérale (pro-PS) par des exclusions, des dissolutions de structures entières de la CFDT (sections, syndicats, Union Départementale). Malgré cela, la ligne réformiste d’Edmond Maire dirigeant national de la CFDT continuera d’être très critiquée à l’occasion de plusieurs congrès de ce syndicat. Mais d’exclusions, en écœurement, c’est petit à petit après 1979, que l’opposition à l’intérieur de la CFDT va devenir totalement exsangue. La lutte continuera mais sur des bases très diverses, d’autant plus qu’avec mai 1981 et la gauche au pouvoir, c’est une période de reflux politique du mouvement ouvrier qui va se développer pendant plusieurs années et renforcer la désyndicalisation. Le terme de reflux apparaît déjà dans « La cause du communisme » (revue théorique de l’OCML-VP) n°3 –février 1981- en page 54 « Introduction : la période actuelle » : « Nous vivons incontestablement une période de reflux du mouvement ouvrier dans son ensemble ».Les successeurs de Maire à la tête de la CFDT, Kaspar, Notat et Chéréque, vont poursuivre et accentuer la ligne de ce syndicat pour arriver aujourd’hui avec le soutient total au « pacte de responsabilité » du gouvernement Valls-Hollande et du patronat (MEDEF). Depuis 2012 il y a un axe gouvernement, patrons et CFDT (Hollande, Gattaz, Berger).
Il faut aussi noter qu’en 1995, Nicole Notat apportera son soutien au plan Juppé, provoquant par le fait une grosse crise au sein de la CFDT


« -1919 : Fondation de la CFTC.
-1927 : Naissance de la JOC.
-1932 : Parution de la revue Esprit.
-1946 : Fondation en janvier de Reconstruction.
-1949 : Condamnation par Reconstruction des « chrétiens progressistes » qualifiés de « compagnons de route » du PCF.
-1964 : La CFTC devient la CFDT le 7 novembre.
-1965 : En décembre, la CFDT appelle à voter contre le général de Gaulle aux présidentielles.
-1966 : Signature d’un pacte d’unité d’action avec la CGT le 10 janvier.
-1966 : Colloque de Grenoble : Assises de la « Nouvelle gauche ».
-1968 : La CFDT se réfère à l’autogestion.
-1970 : En juin la CFDT « adopte » le socialisme.
-1988 : Au 41e congrès la CFDT abandonne la référence au socialisme et à l’autogestion.
-2014 : La CFDT supprime de ses statuts la référence au combat anticapitaliste »


« La CFDT supprime de ses statuts la référence au combat anticapitaliste Pour ses 50 ans, la CFDT modifie ses statuts, datés de 1964, afin de « mettre l’organisation à la hauteur de son ambition transformatrice », a indiqué Laurent Berger. Outre la suppression du mot « chrétien » renvoyant à ses origines, la CFDT inscrit dans son préambule le « dialogue social ». Par ailleurs, l’article 1er des statuts raye la référence au combat « contre toutes les formes de capitalisme et de totalitarisme». Il précise que la confédération « combat toutes les formes d’abus de pouvoir, d’autoritarisme ou de totalitarisme et participe à la consolidation de la démocratie ».

« -Le 15 juin 1972 : l’HR n°152 publie un article d’Henri Jour en page 7 : « PSU : un coup de barre à droite ». Henri Jour indique ; « Sous l’impulsion de la tendance réformiste du député Michel Rocard, le PSU s’engage sur un chemin dangereux. » plus loin il informe de l’exclusion de la tendance « gauche révolutionnaire » de ce parti. Et dénonce clairement les manoeuvres de Rocard « fondamentalement acquis à des solutions réformistes (électoralisme ‘‘pouvoir ouvrier dans les usines’’… etc ) a tenté de renouer des alliances avec le tandem contre-révolutionnaire Marchais-Mitterrand »

« -1er mai 1976 : Grosses mobilisations et manifestations syndicales. Dans la manifestation sur Paris, le SO de la CGT agresse des féministes, des militantes du MLAC (Mouvement Pour l’Avortement et la Contraception) et aussi du GLHPQ (Groupe de Libération Homosexuelle –Politique et Quotidien). Le GLH-PQ est le descendant du FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire). »

« -28 janvier 1978 : Jacques Moreau présente son « rapport » au Conseil national de la CFDT. Le « rapport Moreau » prétend « recentrer » l’action de la CFDT Il officialise une sorte de « virage » programmatique et idéologique, répondant à certaines oppositions et critiques internes qui étaient présentes (et souvent combattues) en son sein. Il veut adapter la CFDT d’aujourd’hui aux défis de demain, mais sur les bases idéologiques de la deuxième gauche. Le recentrage sera une aide précieuse pour aider à faire passer les « reniements » de la gauche après 1981 et le « réalisme économique », la rigueur, l’austérité, la flexibilité, l’affaiblissement du collectif ouvrier. »

« -Du 9 au 13 mai 1979 : XXIIIe Congrès du PCF à Saint-Ouen : Abandon du marxisme-léninisme et inscription de l’autogestion dans ses statuts. »

« -4 août 1982 : La loi « relative aux libertés des travailleurs dans l’entreprise » de Jean Auroux est promulguée. Celle concernant les « institutions représentatives du personnel » sera promulguée le 28 octobre 1982. Celle « relative à la négociation collective et au règlement des conflits du travail » (promulguée le 13 novembre 1982) et celle sur les « comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail » (promulguée le 23 décembre 1982). C’est cet ensemble de lois qui est appelé Lois Auroux. »

« -29 septembre 1982 : Mitterrand veut réhabiliter les généraux putschistes de l’OAS. « Octobre 1982 : Mitterrand et le gouvernement veulent réhabiliter les officiers putschistes de l’OAS » c’est ce qu’indique page 4 la brochure de l’URP –Union de Résistance Populaire contre la réaction, le fascisme et la guerre dans la brochure « Notre activité de février 82 à mai 85 ». Syndicats :

« La CGT est créée le 23 septembre 1895 à Limoges.
La CGTU vient d’une scission de la CGT en décembre 1921. La CGT et la CGTU se réunifient en 1936.
La CGT-FO : vient d’une scission de la CGT en 1947. Son congrès constitutif à lieu le 12 avril 1948.
La CFDT est née en 1964 d’une scission de la CFTC créée en 1919. »

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