ÉVÉNEMENTS
DE TOULOUSE
La
commune a été proclamée à Toulouse dans la soirée du 25. Voici
en quels termes le Messager de Toulouse du 26 annonce cet
événement :
Hier,
à cinq heures du soir, du haut du balcon du Capitole, la Commune a
été proclamée à Toulouse par quelques officiers de la garde
nationale.
Vers
midi, le rappel avait été battu. L’objet présumé de la
convocation était la formation d’une garde nationale
constitutionnelle destinée à aller prêter main forte à
l’Assemblée de Versailles.
Les
gardes nationaux convoqués se sont rendus drapeau en tête, à la
préfecture. Il était alors deux heures. Là se trouvaient M. de
Saint-Gresse, premier président ; M. Manau, procureur général ; M.
Deleurrou, procureur de la République ; M. Castelbou, maire, et M.
le préfet. Les officiers de la garde nationale, consultés, ont
déclaré (à l’exception de huit) ne pas reconnaître Versailles
et adhérer au gouvernement de Paris.
Vers
trois heures, la manifestation s’est dirigée en armes, sur la
place du Capitole. Il y a eu, dans l’intérieur de la mairie,
séance d’une heure et demie. Après quoi (il était alors cinq
heures), M. Saint-Gaudens, régisseur du théâtre, a lu un manifeste
proclamant la Commune à Toulouse, la déchéance de l’Assemblée
nationale, la destitution de M. de Kératry et la nomination de M.
Duportal comme délégué du pouvoir central de Paris.
Le
même journal publie sur cet événement les détails suivants : Il
paraît qu’il y a eu d’abord, à un heure, réunion à la
préfecture des officiers des mobilisés qui, en très grand nombre,
ont été se faire inscrire pour prêter aide et concours à
l’Assemblée de Versailles.
Les
officiers de la garde nationale avaient été également convoqués.
Mais tous ne se sont pas rendus à la convocation, et ceux qui s’y
sont rendus ont déclaré ne pas vouloir reconnaître l’Assemblée
de Versailles. Ils ont alors quitté la préfecture et y sont revenus
plus tard plus tard, avec une partie de leurs hommes en armes, dans
le but de proclamer la Commune.
C’est
alors que les autorités civiles et judiciaires se sont réunies à
la préfecture. La délibération a, dit-on, été longue et
orageuse. On nous affirme que M. Saint-Gresse et M. Deleurrou,
procureurs de la République, ont refusé d’adhérer à un acte de
cette nature.
De
la préfecture, la manifestation s’est rendue au Capitole, et c’est
là qu’a été rédigée la proclamation lue par l’acteur
Saint-Gaudens, capitaine adjudant-major de la garde nationale.
Combien
étaient-ils pour faire de coup d’Etat ? Nous croyons être dans le
vrai en disant qu’il n’y avait pas plus de douze cents hommes.
Beaucoup de gardes nationaux, connaissant le but de la manifestation,
avaient refusé de prêter leur concours et ne s’étaient pas
rendus à l’appel.
Lorsque
la proclamation a été lue du haut du Capitole, personne, en dehors
des gardes nationaux manifestants, n’a crié : « Vive Paris ! »
Des cris de « Vive Versailles ! » se sont, au contraire fait
entendre. Et plusieurs des personnes qui les avaient prononcés ont
été arrêtées sur le moment même.
Le
bruit a couru que M. de Kératry était à Toulouse et qu’il
attendait à l’Arsenal l’issue des événements. D’autres
disaient qu’il était retenu prisonnier à la préfecture. Il ne
nous a pas été possible de vérifier la vérité de ces derniers
détails.
Une
panique s’est produite, au passage des manifestants, dans les rues
Saint-Etienne-Boulbonne, Saint-Romme et de la Pomme. Plusieurs
magasins ont fermé.
Il
n’y a eu dans la journée aucune collision, aucune tentative contre
personne.
La
population a assisté impassible et dédaigneuse aux actes qui se
sont passés à la préfecture et au Capitole. Aucun militaire ne
s’est mêlé à la manifestation.
Quel
rôle ont joué en tout ceci nos autorités ? Que pensent-elles ?
Comment tourneront les choses ? L’avenir nous le dira.
En
attendant, nous conseillons aux Toulousains de ne donner aucun
prétexte au désordre.
Nous
ignorons le nom des membres qui font partie de la Commune. On les dit
pris dans le comité des officiers de la garde nationale.
Dans
la soirée, beaucoup d’agitation sur la place du Capitole, mais pas
de troubles.
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