samedi 12 mai 2018

Journal de la Commune


ÉVÉNEMENTS DE TOULOUSE


La commune a été proclamée à Toulouse dans la soirée du 25. Voici en quels termes le Messager de Toulouse du 26 annonce cet événement :
Hier, à cinq heures du soir, du haut du balcon du Capitole, la Commune a été proclamée à Toulouse par quelques officiers de la garde nationale.
Vers midi, le rappel avait été battu. L’objet présumé de la convocation était la formation d’une garde nationale constitutionnelle destinée à aller prêter main forte à l’Assemblée de Versailles.
Les gardes nationaux convoqués se sont rendus drapeau en tête, à la préfecture. Il était alors deux heures. Là se trouvaient M. de Saint-Gresse, premier président ; M. Manau, procureur général ; M. Deleurrou, procureur de la République ; M. Castelbou, maire, et M. le préfet. Les officiers de la garde nationale, consultés, ont déclaré (à l’exception de huit) ne pas reconnaître Versailles et adhérer au gouvernement de Paris.
Vers trois heures, la manifestation s’est dirigée en armes, sur la place du Capitole. Il y a eu, dans l’intérieur de la mairie, séance d’une heure et demie. Après quoi (il était alors cinq heures), M. Saint-Gaudens, régisseur du théâtre, a lu un manifeste proclamant la Commune à Toulouse, la déchéance de l’Assemblée nationale, la destitution de M. de Kératry et la nomination de M. Duportal comme délégué du pouvoir central de Paris.

Le même journal publie sur cet événement les détails suivants : Il paraît qu’il y a eu d’abord, à un heure, réunion à la préfecture des officiers des mobilisés qui, en très grand nombre, ont été se faire inscrire pour prêter aide et concours à l’Assemblée de Versailles.
Les officiers de la garde nationale avaient été également convoqués. Mais tous ne se sont pas rendus à la convocation, et ceux qui s’y sont rendus ont déclaré ne pas vouloir reconnaître l’Assemblée de Versailles. Ils ont alors quitté la préfecture et y sont revenus plus tard plus tard, avec une partie de leurs hommes en armes, dans le but de proclamer la Commune.
C’est alors que les autorités civiles et judiciaires se sont réunies à la préfecture. La délibération a, dit-on, été longue et orageuse. On nous affirme que M. Saint-Gresse et M. Deleurrou, procureurs de la République, ont refusé d’adhérer à un acte de cette nature.
De la préfecture, la manifestation s’est rendue au Capitole, et c’est là qu’a été rédigée la proclamation lue par l’acteur Saint-Gaudens, capitaine adjudant-major de la garde nationale.
Combien étaient-ils pour faire de coup d’Etat ? Nous croyons être dans le vrai en disant qu’il n’y avait pas plus de douze cents hommes. Beaucoup de gardes nationaux, connaissant le but de la manifestation, avaient refusé de prêter leur concours et ne s’étaient pas rendus à l’appel.
Lorsque la proclamation a été lue du haut du Capitole, personne, en dehors des gardes nationaux manifestants, n’a crié : « Vive Paris ! » Des cris de « Vive Versailles ! » se sont, au contraire fait entendre. Et plusieurs des personnes qui les avaient prononcés ont été arrêtées sur le moment même.
Le bruit a couru que M. de Kératry était à Toulouse et qu’il attendait à l’Arsenal l’issue des événements. D’autres disaient qu’il était retenu prisonnier à la préfecture. Il ne nous a pas été possible de vérifier la vérité de ces derniers détails.
Une panique s’est produite, au passage des manifestants, dans les rues Saint-Etienne-Boulbonne, Saint-Romme et de la Pomme. Plusieurs magasins ont fermé.
Il n’y a eu dans la journée aucune collision, aucune tentative contre personne.
La population a assisté impassible et dédaigneuse aux actes qui se sont passés à la préfecture et au Capitole. Aucun militaire ne s’est mêlé à la manifestation.
Quel rôle ont joué en tout ceci nos autorités ? Que pensent-elles ? Comment tourneront les choses ? L’avenir nous le dira.
En attendant, nous conseillons aux Toulousains de ne donner aucun prétexte au désordre.
Nous ignorons le nom des membres qui font partie de la Commune. On les dit pris dans le comité des officiers de la garde nationale.
Dans la soirée, beaucoup d’agitation sur la place du Capitole, mais pas de troubles.


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