Le
Bolkestein nouveau est arrivé
Chez
nous, les marionnettes s’agitent pour nous faire croire en la
possibilité d’un choix sans rupture avec le capitalisme
libéralisé. A Bruxelles, le breuvage d’un vin mauvais nous est
concocté. Le Bolkestein nouveau sera bientôt sur le marché.
C’était en juillet dernier, lors du Conseil des Ministres des 25
Gouvernements.
Ces
apparatchiks du capital financier, ne tenant bien sûr aucun compte
du NON au référendum, réaffirment que les «libertés
d’établissement, de circulation des personnes, des biens, des
capitaux et des services» sont des normes supérieures auxquelles
toutes les autres sont subordonnées. Ils sacralisent, dans leur
langue de bois, le droit absolu du capital. Les délocalisations ne
doivent pas être entravées par «des réglementations jugées
disproportionnées » protégeant les salariés. Dans l’UE, il
faut
permettre, en revanche, le détachement, la flexibilité des
travailleurs qui doivent s’adapter, saisir de nouvelles
opportunités pour vendre dans d’autres pays leur force de travail.
Le chômage, les licenciements ne sont d’ailleurs que des
transitions professionnelles normales.Mieux, le droit du travail ne
doit plus être une protection collective ! Il faut éviter le prix
de coûteux reclassements. Salariés, vous serez de nouveaux
nomades. Et pour faire respecter ses oukases, la caste des
ministres européens s’est octroyé le droit d’anéantir les
législations nationales qui les dérangent.
La
mouture de ce texte est venue en 2ème lecture au Parlement européen
dominé par la Droite-Gauche libérale. Débarrassés de la pression
populaire qui avait marqué les premiers débats, protégés par la
presse qui a caché les enjeux, les députés ont cette fois
servilement accepté les diktats libéraux: le 9 octobre, les 43
amendements d’opposants furent rejetés avec mépris par la
commission européenne; le 23, la commission parlementaire s’est
inclinée; le 15 novembre, le Parlement par un vote de
405
voix pour, 105 contre et 2 abstentions a fait de même. Désormais,
la casse du code du travail est admise comme loi d’airain, tout
comme la libéralisation-privatisation des services. Et, en dépit
des réticences de minoritaires et des promesses faites au temps de
la mobilisation populaire, les services sociaux sont inclus dans ce
projet de mise en «concurrence libre et non faussée».
Les
forces du capital n’en resteront pas là. On vient d’apprendre
qu’elles ont convaincu la commission européenne de la nécessité
d’une nouvelle offensive de grande envergure contre le droit du
travail. A cette fin, la commission concocte un «livre vert» (?!).
A suivre…
En
attendant, resservir cette nouvelle piquette Bolkestein ne sera pas
au goût des prolétaires. Dans leur mauvaise humeur de lutte de
classes, ils pourraient être rejoints par la colère de viticulteurs
auxquels on refait le coup de 1907 : faire disparaître les critères
de qualité, l’étiquetage de notre breuvage ancestral, introduire
le vin frelaté avec copeaux de chêne, arômes synthétiques,
cépages génétiques pour faciliter les «libertés» de vente et de
mélange. Restera la liberté de dégueuler leur vinasse et de
rappeler, par la lutte, que la protection des salariés (ainsi que
celle d’une certaine viticulture !) est un droit inaliénable.
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