samedi 12 mai 2018

Journal de la Commune


Le journal de Constantinople, la Turquie, propose, dans un appel chaleureux, une souscription universelle en faveur de la France. Nous extrayons de cet appel les passages suivants :
« Elle n’est pas éloignée, six mois à peine, l’époque où la France, centre de l’Occident, brillait de toute sa splendeur de son génie, de sa civilisation, de sa puissance que des siècles de rayonnement lui avaient acquise. Six mois ont-ils pu effacer des siècles de gloire ? Six mois de revers ont-ils abaissé la nation française au niveau des romains de la décadence et des Grecs du Bas-Empire ? Non. Blessée, la France est tombée sur le champ de bataille perdant à flots son sang, mais elle est toujours la fille des soldats de Fontenoy et des penseurs de l’Encyclopédie. Du fond des ruines amoncelée sur la France, du sein de cette humiliation qu’un ennemi implacable a voulu lui infliger, naît chez tous les peuples une sympathie plus grande, plus rayonnante en faveur de cette nation qui a versé son sang pour toutes les nobles causes, qui a tiré constamment l’épée pour les opprimés contre les oppresseurs.
« En ce moment, tous les yeux convergent sur elle pour la voir, dans ses jours d’épreuve, occupée de sa réorganisation, et tournant ses forces vers une rénovation qui intéresse le progrès. Aujourd’hui, le grand courant civilisateur s’est ralenti. La France est à terre ; son industrie est désorganisée, son administration est à refaire ; ses finances sont épuisées, et elle a 5 milliards à payer. Elle est riche, dira-t-on ; oui, elle est riche et elle payera ; mais au prix de quels sacrifices ! Cinq milliards ! Dette écrasante pour une nation, obole pour l’univers. Cinq milliards !
presque rien pour les peuples mus par une même pensée. Et pourquoi ne se cotiseraient-ils pas, tous ceux qui ont regardé la France comme le flambeau de la civilisation ? Pourquoi, en échange de toutes les merveilles qu’elle leur a prodiguées, de toutes les lumières qu’elle a répandues, de toutes les découvertes dont elle a été l’initiatrice, pourquoi le monde entier, qui en a largement bénéficié, ne viendrait-il pas acquitter aujourd’hui une dette légitime de reconnaissance en contribuant à exonérer la France d’une charge aussi lourde ?
« Fait sans précédent, cette manifestation serait la protestation de tous contre la force, et l’affirmation solennelle de l’amour de l’humanité pour le droit ! Quel triomphe pour la justice si notre voix étant entendue, on voyait de toutes parts, dans la littérature, dans la presse, dans les salons, dans les administrations, dans les ateliers, des souscriptions s’ouvrir pour payer la rançon de celle qu’on appelle la France, mais dont le nom est : Fraternité.
« Puisse notre appel avoir de l’écho. Puissent nos confrères de toutes les parties du monde se joindre à nous et répéter : Souscription universelle. »

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