Le
journal de Constantinople, la Turquie, propose, dans un appel
chaleureux, une souscription universelle en faveur de la France. Nous
extrayons de cet appel les passages suivants :
«
Elle n’est pas éloignée, six mois à peine, l’époque où la
France, centre de l’Occident, brillait de toute sa splendeur de son
génie, de sa civilisation, de sa puissance que des siècles de
rayonnement lui avaient acquise. Six mois ont-ils pu effacer des
siècles de gloire ? Six mois de revers ont-ils abaissé la nation
française au niveau des romains de la décadence et des Grecs du
Bas-Empire ? Non. Blessée, la France est tombée sur le champ de
bataille perdant à flots son sang, mais elle est toujours la fille
des soldats de Fontenoy et des penseurs de l’Encyclopédie.
Du fond des ruines amoncelée sur la France, du sein de cette
humiliation qu’un ennemi implacable a voulu lui infliger, naît
chez tous les peuples une sympathie plus grande, plus rayonnante en
faveur de cette nation qui a versé son sang pour toutes les nobles
causes, qui a tiré constamment l’épée pour les opprimés contre
les oppresseurs.
«
En ce moment, tous les yeux convergent sur elle pour la voir, dans
ses jours d’épreuve, occupée de sa réorganisation, et tournant
ses forces vers une rénovation qui intéresse le progrès.
Aujourd’hui, le grand courant civilisateur s’est ralenti. La
France est à terre ; son industrie est désorganisée, son
administration est à refaire ; ses finances sont épuisées, et elle
a 5 milliards à payer. Elle est riche, dira-t-on ; oui, elle est
riche et elle payera ; mais au prix de quels sacrifices ! Cinq
milliards ! Dette écrasante pour une nation, obole pour l’univers.
Cinq milliards !
presque
rien pour les peuples mus par une même pensée. Et pourquoi ne se
cotiseraient-ils pas, tous ceux qui ont regardé la France comme le
flambeau de la civilisation ? Pourquoi, en échange de toutes les
merveilles qu’elle leur a prodiguées, de toutes les lumières
qu’elle a répandues, de toutes les découvertes dont elle a été
l’initiatrice, pourquoi le monde entier, qui en a largement
bénéficié, ne viendrait-il pas acquitter aujourd’hui une dette
légitime de reconnaissance en contribuant à exonérer la France
d’une charge aussi lourde ?
«
Fait sans précédent, cette manifestation serait la protestation de
tous contre la force, et l’affirmation solennelle de l’amour de
l’humanité pour le droit ! Quel triomphe pour la justice si notre
voix étant entendue, on voyait de toutes parts, dans la littérature,
dans la presse, dans les salons, dans les administrations, dans les
ateliers, des souscriptions s’ouvrir pour payer la rançon de celle
qu’on appelle la France, mais dont le nom est : Fraternité.
«
Puisse notre appel avoir de l’écho. Puissent nos confrères de
toutes les parties du monde se joindre à nous et répéter :
Souscription universelle. »
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