quelques
motifs d'espoir
En
plein désarroi, ils ont été réduits à faire n’importe quoi :
un Président de la République a demandé de ne pas appliquer une
loi au moment même où il en annonçait la promulgation, tandis
qu’un gouvernement fut dessaisi des négociations avec les
organisations syndicales au profit de l’appareil d’un parti.
Montesquieu a dû se transformer en gyrophare dans sa tombe !… Mais
laissons aux responsables politiques, syndicaux et médiatiques
l’angoisse qui les a saisi devant pareille chienlit au sommet de
l’Etat. Ne faut-il pas y voir d’abord des signes réjouissants,
précurseurs d’une fragilisation d’un système plus vulnérable
qu’on pouvait le craindre il y a encore quelques mois ? S’ajoute
un autre motif de satisfaction: la mobilisation contre feu le CPE a
débouché sur la troisième défaite qu’encaisse la droite en
France après celles des élections de 2004 et celle du référendum
du 29 mai 2005 ; et il s’agit là, plus nettement encore que pour
les consultations électorales, d’un rejet franc et massif de
l’orientation néolibérale de la politique gouvernementale.
Du
coup, c’est également un avertissement adressé à l’ensemble de
la « classe politique », toutes tendances confondues : on souhaite
bien du plaisir aux futur(e)s candidat( e)s aux présidentielles qui
feront campagne sur des thèmes néolibéraux. Avis aux éléphant(
e)s du PS tenté(e)s d’entrer en lice ! « Victoire » ? Oui, mais
elle a seulement consisté en l’obtention d’un rapport de forces
suffisant pour faire reculer le pouvoir de manière visible, concrète
et immédiate. Cela pourrait, certes, produire des effets
considérables en favorisant la réapparition d’un imaginaire
politique qui pourrait se (re)construire autour de la nécessité et
de l’efficacité des luttes. Mais ce recul du pouvoir n’est pas
une avancée en terme d’acquis sociaux nouveaux. Au contraire : la
LEC et le CNE sont toujours là; les nombreux autres dispositifs de
précarisation aussi; les menaces de nouvelles régressions dans ce
domaine également. Parisot vient de siffler les bureaucraties
syndicales qui accourent. Pour négocier quoi, sinon des remises en
cause du code du travail sacrifié sur l’autel de la concurrence et
des profits, toujours et encore à maximiser ?
Les
bureaucrates ont sablé le champagne, paraît-il. On comprend leur
soulagement de n’avoir pas été désarçonnés par une monture
qu’une impétueuse jeunesse a galvanisée. Les lycéens et les
étudiants engagés n’ont pas pu ou n’ont pas su placer à temps
le mouvement sur la voie d’une lutte contre toute précarité. Si
bien que la revendication dominante du seul retrait du CPE, étriquée
dans son objectif, a fourni aux bureaucrates les moyens de pousser la
monture vers les écuries libérales et de l’y enfermer, du moins
pour le moment… …Car l’espoir le plus sérieux que l’on
puisse nourrir, c’est que le mouvement social se souvienne
prochainement de la belle efficacité de l’action et de la
démocratie directes, de celle d’une auto organisation bien
coordonnée et d’une détermination sans faille où le harcèlement
des autorités ne
cesse
pas. Par contraste, en retrouvant des méthodes qui avaient été
oubliées, la jeunesse aura mis en évidence la désespérante
médiocrité de la stratégie des organisations syndicales
traditionnelles qui, pendant près de trois décennies, nous ont
conduits d’échec en échec.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire