Ils se foutent de
notre gueule !
Qui ça ? Les
patrons ? Sûrement ! Le gouvernement ? Bien sûr aussi. Mais ceux
que nous visons aujourd’hui, ce sont «nos» dirigeants syndicaux.
Le 4 octobre
dernier, ils ont une nouvelle fois organisé une «journée d’action
et de mobilisation» contre la politique gouvernementale.
Relativement bien suivie par les salariés, à en juger par le nombre
de grévistes et de manifestants. Et qui, comme les précédentes,
n’a abouti à rien. Si ce n’est à démontrer, une fois de plus,
que la répétition de ce genre de journées ne peut, par son
inefficacité, que conduire à la démobilisation progressive des
salariés et, en définitive, à leur inaction. Du moins tant qu’on
leur proposera d’agir et de se mobiliser dans de pareilles formes.
Au demeurant, on
peut se demander si ce n’est pas là le but non avoué, parce
qu’évidemment inavouable de cette forme d’action. Epuiser les
travailleurs en de vaines «journées de mobilisation» pour émousser
leur combativité. C’est là très exactement la tactique qu’ont
utilisée les organisations syndicales, CGT en tête, au printemps
2003 pour dévoyer la mobilisation populaire contre le projet de
réforme des retraites. Avec le «succès» que l’on sait.
Si les dirigeants
syndicaux organisent ainsi la démobilisation des travailleurs, c’est
qu’ils craignent par-dessus tout les effets potentiels d’une
telle mobilisation qui risquerait de les déborder et de les
emporter. Or, en bons gestionnaires du rapport salarial qu’ils
sont, ils se doivent de tenir leurs troupes pour asseoir leur
crédibilité auprès des autres «partenaires sociaux» que sont le
patronat et leur gouvernement. Pas question par conséquent de
laisser trop de mou dans la bride sur le cou des travailleurs.
Cependant, en
agissant de la sorte, ils scient progressivement la branche sur
laquelle ils sont assis. Car leur crédibilité suppose encore deux
autres conditions. D’une part, de pouvoir mobiliser suffisamment
les travailleurs pour pouvoir inquiéter leurs «partenaires» dans
la parodie de lutte de classes qu’ils organisent. C’est
d’ailleurs toute la difficulté de leur jeu tactique dans cette
pièce : en faire assez (pour inquiéter le patronat et le
gouvernement et les contraindre à négocier) mais ne pas en faire
trop (sinon la base risque de se lancer dans «l’aventure»,
laquelle, qui sait, risque de mener jusqu’à la révolution).
Tandis que, d’autre part, cette même crédibilité suppose que les
travailleurs se mobilisent dans les formes voulues par eux, et dans
aucune autre. Au contraire, si ces derniers ne font plus confiance
aux dirigeants des appareils, c’est le crédit de ces dirigeants
auprès du patronat et du gouvernement qui s’étiole. Or nous avons
vu que la stérilité grandissante des formes dans lesquelles ils
cherchent à mobiliser comportent le risque de démobiliser petit à
petit les ouvriers. Ou de les pousser tant à radicaliser leurs
objectifs de lutte que d’autonomiser leurs formes de lutte.
Alors, Thibault,
Mailly, Chérèque, Ollive, Aschiéri et consorts, continuez à vous
foutre de notre gueule ! Et dépêchez-vous d’en profiter ! Car il
se pourrait bien que vous n’en profitiez plus très longtemps !
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