n. m. rad.
magnétique (lat. magneticus, de magnes, vient du grec magnes (aimant), comme
magnésie et magnésium.) A : PHYSIQUE. Le magnétisme est connu depuis la plus
haute antiquité. Le nom lui-même prend son origine dans les pierres
magnésiennes (ou de magnésie) ou magnèles, pierres d'aimants naturels ayant la
propriété d'attirer le fer, que l'on trouvait dans la région de la cité
thessalienne de Magnésie (ancienne Grèce). Le terme de magnétisme désigne
aujourd'hui tous les phénomènes d'aimantation et d'induction. Ces phénomènes,
très complexes, sont assez mal connus dans leurs origines premières et dans
leurs causes initiales bien que leurs effets aient été longuement étudiés et
observés et que les hypothèses explicatives ne manquent point. Les phénomènes
d'aimantation sont démontrés par la propriété des aimants et par l'action de la
terre sur une aiguille aimantée. Si on promène une de ces aiguilles sur une
pierre d'aimant taillée en sphère, on constate que cette aiguille subit deux
sortes d'orientations : l'une tendant à placer son axe longitudinal dans le sens
des méridiens ou longitudes de cette sphère en dirigeant la pointe aimantée
vers un point où paraissent converger tous les méridiens et que l'on appelle
pôle Nord par rapport au point opposé appelé pôle Sud ; l'autre orientation
tend à faire varier horizontalité de l'aiguille qui, parallèle à la surface de
la sphère à l'équateur, s'incline de plus en plus en approchant des pôles et
devient verticale sur les pôles même. Le magnétisme terrestre est très variable
à la surface du globe ; cette variation est séculaire, annuelle et diurne et
les diverses positions de l'aiguille aimantée s'écartant plus ou moins des
méridiens géographiques (ou axes idéals tracés d'un pôle à l'autre) indiquent
la déclinaison magnétique. Il en est de même pour les variations de horizontalité
appelée inclinaison. D'autre part, on constate qu'en approchant un aimant d'un
autre aimant suspendu les pôles de même nom se repoussent et que les pôles
contraires s'attirent. Comme la sphère terrestre se comporte vis-à-vis de
l'aiguille aimantée de la même façon que la pierre d'aimant ; comme la force
d'attraction exercée sur l'aiguille ne peut ni la mouvoir d'un mouvement de
translation qui tendrait à la déplacer toute entière vers les pôles, ainsi que
le prouve l'immobilité d'un aimant léger placé sur du liège flottant sur l'eau
; ni la mouvoir d'un mouvement semblable à celui de la pesanteur, comme le
démontre l'immobilité de la balance sur laquelle est placé un barreau d'acier
avant et après son aimantation, on suppose que l'aimantation résulte de
l'existence de deux forces égales et de sens contraires agissant d'un pôle à
l'autre, ce qui justifie le déplacement oscillatoire de l'aiguille et son
impossibilité de translation. Les phénomènes d'induction sont produits par des
champs magnétiques réalisés avec les aimants, principalement les aimants
artificiels. Si l'on tamise de la fine limaille de fer sur une feuille de papier
au-dessus d'un barreau aimanté, elle se répartit suivant certaines lignes,
appelées lignes de force, allant d'un pôle à l'autre. Si l'aimant est en forme
de fer à cheval ces lignes de force créent entre les deux pôles un champ
magnétique lequel à la propriété de faire naître un courant électrique induit
dans tout circuit métallique fermé plongé dans ce champ. Lorsqu'on le retire il
se produit également un autre courant induit, mais de sens inverse du
précédent. On voit qu'il faut qu'il y ait variation du champ magnétique pour
engendrer un courant induit. Le même résultat est obtenu en éloignant ou en
approchant un aimant d'un circuit fermé. Les résultats pratiques de ces
expériences constituent presque toutes les applications actuelles de
l'électricité. Le magnétisme terrestre permet aux navigateurs de connaître à
peu près leur situation et de trouver leur route à l'aide de boussoles très
compliquées nécessitant quelques données astronomiques. Les phénomènes
d'induction sont utilisés pour la construction des dynamos produisant du
courant électrique obtenu en faisant tourner des circuits fermés, appelés
induits, entre des électroaimants ; des moteurs qui sont des sortes de dynamos
réversibles recevant du courant et fournissant de l'énergie mécanique ; des
transformateurs créant des courants de haute ou basse tension ; etc., etc. Bien
qu'il y ait d'autres moyens de l'obtenir pratiquement les phénomènes
d'induction sont les seuls utilisés industriellement pour les grandes
productions d'électricité. B : ANIMAL. ‒ Sous le nom de magnétisme animal on
désigne des états pathologiques connus depuis des temps très reculés mais
observés seulement depuis quelque cinquante ans avec une certaine régularité.
Au XVIème siècle un mélange curieux d'astrologie et de physique, utilisant les
propriétés surprenantes des aimants, conçut diverses hypothèses dans lesquelles
un fluide mystérieux, appelé fluide universel, fluide magnétique, esprit
universel ou esprit vital, répandu dans l'univers, mettait en rapport tous les
êtres et toutes les choses et constituait l'agent essentiel de tous les
phénomènes. De l'abondance ou de la diminution de ce fluide résultait la santé
ou la maladie et la thérapeutique consistait précisément en l'art de
l'équilibrer ou de l'augmenter. On croyait même possible le traitement de
toutes les maladies à distance ; c'était le traitement par sympathie. Quelques
progrès scientifiques dissipèrent ces hypothèses chimériques mais deux siècles
plus tard, vers 1780, l'allemand Mesmer, sorte de médecin-charlatan, les
renouvela et entreprit des guérisons sur une vaste échelle au moyen de son
fameux baquet fermé, rempli d'eau et de limaille de fer, d'où émergeaient des
tiges de fer coudées, lesquelles distribuaient par leur contact le non moins
fameux fluide sur les parties malades tandis que les patients attachés ensemble
par une corde renforçaient ainsi l'intensité de la magnétisation. Un piano
jouait des airs variés et appropriés aux circonstances. Cela fit beaucoup de
bruit, tracassa les concurrents médecins et le gouvernement nomma cinq savants
dont Franklin et Lavoisier et quatre médecins pour examiner de près cette
nouvelle thérapeutique. Après de multiples et méthodiques expériences il fut
décidé qu'il n'y avait aucun fluide, que l'imagination des malades constituait
le fonds essentiel des faits observés et que les crises provenant du traitement
étaient plus dangereuses que bienfaisantes. Un adepte de Mesmer, le marquis de
Puységur, pratiquait vers cette époque une thérapeutique assez voisine de la
sienne en provoquant un somnambulisme magnétique par attouchement avec une
baguette de fer. De nombreux observateurs s'occupèrent alors de ces phénomènes,
les uns restant partisans du fluide magnétique, les autres croyant uniquement à
la suggestion. Il serait trop long de faire l'historique de l'hypnotisme depuis
cette époque mais les simulateurs l'ayant sérieusement discrédité, Charles
Richet entreprit, vers 1880, de le défendre et de l'étudier plus
scientifiquement. Deux écoles rivales s'occupèrent alors de la question. La première
fut celle que dirigea Charcot à la Salpêtrière ; elle attribuait tous les faits
de l'hypnotisme a des troubles organiques désorganisant les réflexes profonds.
Cette thèse, appuyée par quelques démonstrations utilisant l'influence des
aimants, se rapprochait quelque peu du vieux magnétisme animal. L'autre école
créée par Bernheim à Nancy, faisait reposer entièrement l'hypnotisme sur la
suggestion ou le pouvoir des idées. Les expériences et les observations ne
donnèrent complètement raison ni à l'une ni à l'autre, bien que l'école de
Nancy ait mieux compris la nature des faits. Pierre Janet, qui a longuement
étudié ces étranges modifications de la personnalité conclut à l'existence de
désordres mentaux plus ou moins profonds. D'après ses observations Il ne serait
ici nullement question de fluides mais de désagrégations psychologiques. Dans
notre état normal toutes les parties du moi concourent à établir à chaque
instant les relations exactes entre les diverses activités du subjectif et la
réalité de l'objectif et a déterminer la meilleure adaptation de ce moi aux
conditions extérieures. L'ensemble de ces actes psychiques constituent tous les
faits de la pensée ; reconnaissance, appréciation, raisonnement, délibération,
jugement, choix, détermination volontaire, etc., etc. Dans cet état normal il y
a déjà des sortes de petites désagrégations de notre moi créant des
distractions, des oublis, des tics, dans lesquelles une partie de notre moi
n'est plus en relations avec le reste. Cela se produit également pendant le
sommeil. Mais dans les cas vraiment pathologiques la désagrégation est
nettement accusée. Le moi n'est plus une fonction synthétique reliant les
images, les souvenirs du passé avec les perceptions présentes et les jugeant ;
il est formé de sortes d'îlots isolés s'ignorant les uns les autres, de
perceptions partielles déclenchant des réactions automatiques et fragmentaires séparées du reste de la
personnalité comme dans les troubles connus sous le nom de catalepsie, perte ou
dédoublement de personnalité, somnambulisme, insensibilité ou anesthésie,
aboulie ou manque de volonté, paralysie, etc. Enfin le spiritisme lui-même ne serait,
d'après Pierre Janet, qu'un des effets de la désagrégation mentale du médium.
C'est ainsi que, fondé d'abord sur une conception erronée, le magnétisme
animal, par les recherches nombreuses qu'il a nécessitées dans la pathologie
mentale, a grandement contribué à nous faire comprendre la complexité et la
fragilité du moi et le déterminisme rigoureux de toute pensée.
IXIGREC.
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