samedi 5 juin 2021

Lignes N°63 collection dirigée par Michel Surya


 

Le retour de Pan, ou panique et philosophie    par Boyan Manchev

« Soyons clairs ; tant que le terme « capitalisme néo-libéral » ou néolibéralisme dure, ce terme confus et progressivement dépourvu de sens historique mais aussi de valeur mobilisatrice, exprimant surtout l’inertie de ladite pensée critique, l’incapacité à saisir sa limite et l’impuissance à imaginer son alternative radicale, le capitalisme lui-même durera. Pour paraphraser Einstein : on ne peut résoudre un problème dans les termes qui lui sont propres. Autrement dit, le discours panique ne peut que faire constat de l’abîme et de l’imminence de la fin, paralysant ainsi toute action possible, toute décision, à moins qu’il ne soit l’expression la plus directe de cette paralysie. »

 

« Aujourd’hui, il nous faut un nouveau discours de la servitude volontaire : La Boétie nous est nécessaire de nouveau. Il nous est nécessaire d’enflammer l’imagination, y compris l’imagination philosophique. Un nouvel optimisme ontologique nous est nécessaire : non parce qu’il nous faut persister dans la lutte du monde, pour ce monde.

Aujourd’hui, le temps vertical, le temps figé de la panique, est brisé. Aujourd’hui, nous commençons de nouveau à inventer le temps de nos vies, de nos pensées et de nos corps, et nous avons besoin de plus de force, de plus de courage, de plus de lucidité et d’enthousiasme, de plus d’imagination aussi pour persister dans l’exigence d’un monde juste, d’un monde nécessaire. Il nous faut persister dans le devenir libre et nécessaire à la fois, dans la nécessité de la liberté et de la justice : dans la justice de l’existence tout court. Aussi pour rendre justice à tous les êtres qui, au-delà de cette césure, ne persisteraient qu’à travers nous. »

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