lundi 21 juin 2021

La psychologie de masse du fascisme Par Wilhelm Reich

 

Quelle réponse aurait pu donner la réaction politique à la demande de renseignement suivante de la jeunesse allemande:

« L’incorporation de la jeunesse allemande dans le Service du Travail obligatoire a fortement empiété sur sa vie privée et sexuelle. Des questions urgentes demandent à être éclaircies et résolues, puisque de graves et dangereux abus ont partout fait leur apparition. La situation est aggravée par la crainte et la timidité qui empêchent généralement les jeunes de discuter de leurs problèmes personnels les plus brûlants, à quoi s’ajoute que la direction des camps interdit tout dialogue sur de tels problèmes. Et pourtant, il y va de la santé physique et psychique de la jeunesse !!!

Comment se présente la vie sexuelle des jeunes dans les camps de travail ?

Les jeunes gens astreints au Service du Travail se trouvent en moyenne à l’âge de l’éclosion de la sexualité, la plupart avaient l’habitude de satisfaire leur besoin d’amour naturel dans une relation amoureuse avec une petite amie. Il est vrai que la vie sexuelle de cette jeunesse se trouvait déjà auparavant rétrécie par le manque de commodités permettant une saine vie amoureuse (pénurie de logements pour les jeunes), par les difficultés financières de se procurer les moyens contraceptifs, par l’attitude hostile de l’autorité de l’État et des milieux réactionnaires à l’égard d’une saine vie amoureuse de la jeunesse, telle qu’elle correspondrait à ses besoins. Par le Service du Travail cette situation grave s’est encore aggravée.

Aucune possibilité de rencontrer des jeunes filles, d’entretenir les anciennes relations amoureuses:

D’où : nécessité de continence et d’autosatisfaction.

Conséquence : Dégradation et dépravation de la vie érotique, prédominance de la grivoiserie et de la plaisanterie obscène, apparition inévitable de fantasmes pénibles, malsains, démoralisants, susceptibles de paralyser la volonté et les énergies (viol, lascivité, fantasmes masochistes).

Pollutions nocturnes involontaires qui ruinent la santé et ne procurent aucune satisfaction.

Développement de penchants et de relations homosexuels entre garçons qui, en temps normal, n’y auraient jamais songé ; molestations pénibles de la part de camarades homosexuels.

Augmentation de la nervosité, de l’excitabilité, malaises physiques, troubles psychologiques de tous genres.

Menaces pour l’avenir.

Tout jeune homme qui, se trouvant justement entre 17 et 25 ans environ, n’a pas connu de vie sexuelle satisfaisante, est menacé par la suite de graves troubles sexuels affectant sa puissance en entraînant souvent des perturbations de l’aptitude au travail. Quand un organe ou une fonction restent longtemps inactifs, ils finissent par cesser d’être utilisables. Des affections nerveuses et psychiques, des perversions (aberrations sexuelles) en sont généralement la conséquence.

Comment réagissons-nous aux mesures et ordres de nos chefs concernant ces questions ?

Nos chefs ont exigé jusqu’ici en termes assez généraux le « renforcement moral de la jeunesse ». Nous n’avons pas très bien compris ce qu’il faut entendre par là. La jeunesse allemande avait soutenu, au cours des années, d’âpres combats contre le milieu familial et les bonzes du système en vue de conquérir peu à peu son droit à une vie sexuelle saine ; il est vrai qu’étant donné les conditions sociales, elle n’a pu atteindre son objectif. Mais l’idée s’était répandue dans de nombreux milieux sociaux que la jeunesse doit lutter contre le bigotisme sexuel, la pornographie et l’hypocrisie, conséquences de l’oppression sexuelle de la jeunesse. La jeunesse était d’avis qu’une bonne camaraderie intellectuelle et sexuelle devait régner entre garçons et filles; que la société était obligée de régulariser la vie de la jeunesse et de la rendre plus facile. Quelle est sur ce point l’attitude du nouveau Reich ?

Les décrets pris jusqu’ici sont en flagrante contradiction avec les aspirations de la jeunesse ; l’interdiction de la vente publique d’articles contraceptifs ne permet plus aux jeunes de se les procurer. Les mesures prises par la Police de Hambourg à l’encontre des amateurs des sports nautiques, la menace de jeter dans un camp de concentration ceux qui « offensent les bonnes mœurs et la décence » sont une atteinte à nos droits. Est-ce « offenser les bonnes mœurs et la décence » si un garçon couche avec son amie sous une tente ?

Nous demandons aux dirigeants du Reich chargés de la jeunesse :

Quelle doit être la vie sexuelle de la jeunesse ?

Il n’y a que quatre possibilités:

1) La continence. La jeunesse doit-elle vivre dans la continence, c’est[1]à-dire s’abstenir de toute activité sexuelle jusqu’au mariage ?

2) L’autosatisfaction. La jeunesse doit-elle recourir à des pratiques masturbatoires ?

3) La satisfaction homosexuelle. La jeunesse allemande doit-elle pratiquer l’homosexualité ? Si oui, sous quelle forme ? Par la masturbation réciproque ou par des rapports anaux ?

4) La vie amoureuse naturelle et les rapports sexuels entre garçons et filles. Si oui,

Où la vie amoureuse doit-elle avoir lieu (problème du logement) ? Comment et avec quoi la contraception doit-elle être mise en œuvre ? Quand cette vie amoureuse doit-elle se dérouler ?

Le jeune a-t-il le droit d’imiter son führer ? »

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