« Cette anecdote impressionnante qui illustre de la façon la plus évidente l’ancrage de la représentation mystique de Dieu à l’aide de l’angoisse sexuelle:
Une fillette d’environ sept
ans, qui avait reçu une éducation délibérément athée, développa un jour une
compulsion à prier; le terme de compulsion convient ici, puisqu’elle s’en
défendait et la ressentait comme contraire à sa conviction intime. Voici
l’histoire de la genèse de cette compulsion à prier: L’enfant avait l’habitude
de se masturber tous les soirs avant de s’endormir. Un jour, contre son
habitude, elle eut peur d’accomplir son geste habituel; au lieu de cela, elle
se sentit poussée à s’agenouiller devant son petit lit et à réciter une prière
du genre de celle rapportée plus haut. «Quand je prie, je n’ai pas peur!» La
peur s’était installée le jour où elle avait renoncé pour la première fois à la
masturbation. Pourquoi cette abnégation? La petite fille raconta à son père,
qui avait toute sa confiance, qu’elle avait eu, quelques mois auparavant, une
mauvaise expérience dans une colonie de vacances. Elle avait joué, comme font
tant d’enfants, avec un petit garçon, derrière un buisson, à avoir des rapports
sexuels («au papa et à la maman»); et voilà qu’un autre petit garçon était
survenu et leur avait crié: «C’est dégoûtant». Bien que ses parents lui eussent
appris que de tels jeux n’étaient pas mauvais, elle avait eu honte et les avait
remplacés par la masturbation, le soir, avant de se coucher. Un soir, peu avant
que n’apparût la compulsion à prier, elle était rentrée avec quelques petits
camarades, d’une réunion politique. Chemin faisant, les enfants avaient chanté
des chansons révolutionnaires. Ils rencontrèrent alors une vieille femme dont
l’apparence évoquait pour elle la sorcière du conte de «Hansel et Gretel».
Celle-ci leur cria: «Bande de mécréants, que le diable vous emporte!» Ce
soir-là, lorsqu’elle voulut à nouveau se masturber, la fillette pensa pour la
première fois qu’il pouvait peut-être tout de même y avoir un Dieu qui la voie
et qui la punisse. Dans son inconscient, elle avait établi un rapport entre la
menace de la vieille femme et son expérience avec le petit garçon. C’est ainsi
qu’elle se mit à lutter contre la masturbation, développa de l’angoisse, et –
pour venir à bout de cette angoisse – la compulsion à prier. La prière avait
donc pris la place de la satisfaction sexuelle. Cependant, l’angoisse ne
disparut pas tout à fait et la fillette était sujette à des terreurs nocturnes.
Elle avait peur d’un être surnaturel qui pût la punir pour sa faute sexuelle.
C’est pourquoi elle se mit à invoquer son secours: c’était pour elle une
manière de chercher de l’appui dans sa lutte contre la tentation de la
masturbation. 
Ce processus ne doit pas être
regardé comme un fait individuel: il représente la manière typique dont se fait
l’ancrage de l’idée de Dieu chez la plupart des enfants dans les milieux de
culture chrétienne. La recherche analytique sur les contes populaires a montré que
des contes du type de «Hansel et Gretel» remplissaient la même fonction: ils
renferment la menace de la punition de la masturbation sous une forme voilée
mais parfaitement accessible à l’inconscient des enfants. Ce n’est pas ici le
moment d’expliquer en détail la genèse de la pensée mystique des enfants à
partir de ce genre de contes, ni leur rapport avec l’inhibition sexuelle. Tous
les cas ayant été soumis à l’analyse caractérielle prouvent que la sensibilité
mystique découle de la peur de la masturbation et prend la forme d’un sentiment
de culpabilité diffus. On ne comprend pas comment ce fait a pu échapper
jusqu’ici à la recherche analytique. La représentation de Dieu n’est que
l’objectivation de la conscience morale, l’intériorisation des admonestations
ou des menaces formulées par les parents et les éducateurs. C’est là une donnée
connue de la recherche scientifique; on sait moins que la foi et la crainte de
Dieu sont, sur le plan énergétique, des excitations sexuelles ayant changé de
but et de contenu. La sensibilité religieuse serait donc identique à la
sensibilité sexuelle, à la différence près que la première est remplie de
contenus mystiques, psychiques. À partir de ces faits, on comprend aisément le
retour du vécu sexuel dans maint exercice d’ascèse, notamment dans le délire de
nombreuses religieuses qui se croient la fiancée du Christ; il est sans doute
rare que de telles idées atteignent à la conscience génitale: en général, elles
choisissent d’autres voies sexuelles, telles que le martyre masochiste. 
Mais retournons à notre
enfant. La compulsion à prier disparut dès qu’elle fut informée de l’origine de
son angoisse, et elle céda la place à la masturbation exempte de tout sentiment
de culpabilité. Ce cas peut paraître insignifiant, mais il permet de tirer des
conclusions importantes pour la politique sexuelle en lutte contre la
contamination mystique de notre jeunesse. Quelques mois après la disparition de
la compulsion à prier, la fillette écrivait à son père d’une colonie de
vacances: 
« Mon cher Charlie, il y a ici
un champ de blé, et c’est au bord de ce champ que nous avons installé notre
hôpital (c’est un jeu, évidemment). Là, nous jouons toujours au docteur (nous
sommes cinq petites filles). Quand l’une de nous a un bobo au cucu, elle va là-bas,
nous avons des pommades et du coton. Tout ça, nous l’avons chipé !» 
C’est là, incontestablement,
la révolution culturelle sexuelle. Qu’en est-il de la «culture»? L’enfant
suivait fort bien dans une classe dont les élèves étaient en moyenne d’un ou
deux ans plus âgées qu’elle, ses maîtres se répandaient unanimement en éloges
sur son application au travail et ses dons naturels. Par ses connaissances
politiques et générales, par son sens aigu de la réalité, elle dépassait de
très loin les enfants de son âge. Douze ans plus tard, elle était sexuellement
bien portante, remarquable par son intelligence, appréciée dans ses rapports
sociaux. »
« Examinons un tract
anti-sexuel tout à fait typique: 
Parvenir
au port ou échouer ?
Nietzsche
: Il y a de la vase au fond de leur âme, et malheur si la vase a de l’esprit! 
Kierkegaard
: Si la raison est seule baptisée, les passions restent païennes. 
Deux
rochers se dressent dans la vie de chaque homme, où il peut échouer ou contre
lesquels il peut se briser, où il peut trouver un soutien ou une cause de
perdition : Dieu et… l’autre sexe. D’innombrables jeunes hommes échouent dans
la vie non pas parce qu’ils n’ont pas assez appris, mais parce qu’ils
n’arrivent pas à se faire une idée claire de Dieu et qu’ils ne réussissent pas
à se rendre maîtres de cette pulsion qui peut apporter à l’homme le bonheur
indicible, mais aussi une profonde misère : la pulsion sexuelle. 
Beaucoup
n’arrivent pas à l’épanouissement plénier de leur humanité parce qu’ils
subissent la domination de la vie instinctuelle. En eux-mêmes, des instincts
puissants ne sont pas un sujet d’affliction. Ils signifient au contraire
richesse et accroissement de la vitalité. Ils rendent possible un amour plus
grand et plus fort, ils augmentent la force de travail et le rendement. Ils
marquent l’éveil d’une forte personnalité. Mais la pulsion peut faire du tort à
la personne et être cause de péché contre le Créateur, si l’homme ne la
discipline plus, mais en perd le contrôle et en devient l’esclave. Si l’homme
ne se laisse pas guider par le spirituel, il succombe à ses pulsions,
c’est-à-dire aux composantes animales de sa nature : il y a incompatibilité entre les deux. C’est
pourquoi tout homme qui réfléchit est confronté tôt ou tard à cette grande
alternative : prendre conscience du sens véritable de sa vie, c’est-à-dire de
sa mission d’être de lumière, ou se consumer au feu de ses instincts mal
maîtrisés ? 
Veux-tu
passer la vie comme animal ou comme être spirituel ? 
Le
processus de la maturation que nous avons en vue ici et qui fait de toi un
homme est comparable au feu qui brûle dans l’âtre : dominée et maîtrisée, la
force du feu éclaire et réchauffe la pièce, mais malheur si les flammes
viennent jaillir hors du foyer! Malheur si la pulsion sexuelle vient à s’emparer
de l’homme tout entier, si elle domine toutes ses pensées, tous ses actes et
tous ses accomplissements! 
Notre
époque est malade. Naguère on exigeait que l’Éros fût soumis à la discipline et
au sens de la responsabilité. Aujourd’hui, on estime que l’homme moderne n’a
plus besoin de discipline. On oublie que l’homme des grands centres urbains est
plus nerveux, que sa volonté est plus faible, et qu’il doit par conséquent se
discipliner davantage. 
Et
maintenant, regarde autour de toi : ce n’est pas l’esprit qui règne dans notre
patrie, ce sont les instincts déchaînés, parmi nos jeunes hommes prévaut la
pulsion sexuelle débridée, qui très souvent dégénère en licence. À l’usine et
au bureau, sur la scène et dans la vie publique se répand l’esprit du demi-monde,
sévit l’obscénité. La joie de la jeunesse périt dans les lieux de plaisir de la
grande ville, dans les bastringues et cabarets, dans les maisons de jeu et les
mauvais cinémas! Le jeune homme d’aujourd’hui se croit particulièrement
intelligent quand il adhère à la théorie du défoulement. Mais en réalité, c’est
à lui que s’applique la parole que Goethe fait prononcer dans son « Faust » à
Méphisto : 
«
Ce qu’il appelle raison, il s’en sert exclusivement pour être plus animal que
les animaux.» 
Deux
choses rendent difficile le processus qui fait de l’enfant un homme : la grande
métropole avec son environnement anormal et le démon en nous. Le jeune homme,
quittant pour la première fois la maison familiale où il a peut-être connu une
vie protégée, se voit entouré d’une foule d’impressions nouvelles. Un vacarme
incessant, des images excitantes, des lectures sensuelles, peu d’occasions de
mouvement au grand air, l’alcool, le cinéma, et partout où il regarde des modes
vestimentaires provocantes, visant à l’effet sexuel – qui pourrait résister à
une attaque aussi concentrée ? Or, aux sollicitations du dehors, le démon
intérieur ne répond que trop volontiers par « oui ». Car Nietzsche a raison
quand il parle de « la vase au fond de l’âme » de tout homme, des « chiens
sauvages aboyant dans la cave » en attendant d’être lâchés. 
Beaucoup
succombent à la dictature de l’immoralité parce qu’ils n’ont pas été éclairés à
temps sur les dangers qu’ils couraient. Ils nous seront reconnaissants d’un
avertissement ou d’un conseil, donnés en toute franchise, leur permettant d’y
échapper ou de revenir sur le droit chemin. 
L’immoralité
sollicite la plupart d’entre eux sous la forme de la masturbation. Il a été
scientifiquement établi qu’elle commence souvent à un très jeune âge. Certes,
les conséquences de cette mauvaise habitude ont été souvent exagérées. Mais il
faudrait prendre au sérieux l’avis d’éminents médecins. Le professeur Hartung,
qui a été pendant de longues années le chef de la section dermatologique de
l’Hôpital de la Toussaint à Breslau, s’exprime à ce sujet en ces termes: « Il
ne fait pas de doute que la pratique suivie de la masturbation est fortement
préjudiciable à la santé du corps, que ce vice donne lieu, au cours de la vie
d’adulte, à des troubles variés, tels que nervosité, inaptitude au travail
intellectuel et baisse de la tonicité du corps.» L’éminent praticien souligne
que l’homme qui s’adonne à la masturbation a conscience de commettre une action
impure et perd de ce fait l’estime qu’il a de lui-même et la limpidité du
regard. L’idée qu’il doit garder sans cesse et cacher aux autres son secret
répugnant le rabaisse moralement à ses propres yeux. Il dit encore que les
jeunes gens qui tombent dans ce vice perdent leur vigueur et leur tonus,
l’envie de travailler, que toutes sortes d’états d’excitation nerveuse
affaiblissent leur mémoire et leur rendement. D’autres sommités de la médecine
ont confirmé ces constatations. 
La
masturbation n’altère pas seulement le sang, elle abolit aussi des forces
psychiques et des inhibitions dont le jeune a besoin pour s’épanouir, elle
diminue l’intégrité de l’âme et ronge, quand elle devient une habitude
invétérée, comme un ver. 
Mais
bien plus graves sont les conséquences des actes immoraux commis avec une
personne de l’autre sexe. Ce n’est pas par hasard que le fléau le plus
effroyable de l’humanité – les maladies vénériennes – sont une conséquence de
cette transgression. On peut en revanche s’étonner de la sottise dont font
preuve dans ce domaine des personnes qui, par ailleurs, se veulent
intelligentes. 
Le
professeur Paul Lazarus, de l’Université de Berlin, brosse un tableau
impressionnant des maladies du corps et de l’âme qui accablent notre peuple
comme séquelles des maladies vénériennes. 
La
syphilis est sans conteste un des fossoyeurs les plus efficaces de la force de
notre peuple. 
Mais
aussi la blennorragie, que beaucoup de jeunes gens prennent sottement à la
légère, est une maladie sérieuse et dangereuse. Et le fait que la science
médicale n’est pas à même de la guérir à coup sûr devrait servir
d’avertissement aux étourdis. 
Le
professeur Binswanger dit à propos des maladies vénériennes: « Il est à noter
que des cas apparemment bénins provoquent parfois des maladies graves et que de
longues années peuvent s’écouler entre la contagion initiale et le début d’une
affection nerveuse incurable ; signalons enfin que dans soixante pour cent des
cas cette maladie si fréquente de nos jours que le langage populaire désigne
par le nom de « ramollissement du cerveau » est imputable à une ancienne
infection vénérienne ». 
L’idée
ne doit-elle pas nous remplir d’horreur qu’un péché de jeunesse peut donner une
maladie lente et inexorable à ceux qui nous sont les plus proches, à savoir à
notre femme et à nos enfants ? 
Mais
je dois faire état encore d’une autre aberration qui de nos jours est bien plus
fréquente qu’on ne le pense communément: l’homosexualité. Disons d’emblée notre
cordiale sympathie et notre compassion à ceux qui, victimes d’une disposition
naturelle ou de l’hérédité, mènent dans ce domaine, en silence, un combat
souvent désespéré pour leur pureté. Nous saluons tous ceux qui remportent des
victoires parce qu’ils combattent avec Dieu. Mais comme Jésus aimait les
pécheurs individuels et les aidait quand ils acceptaient son aide, tout en se
dressant avec tout le sérieux de sa sainteté contre le péché, nous devons
fustiger nous aussi les manifestations de l’homosexualité qui corrompt notre
peuple et notre jeunesse. Il y eut, en effet, une époque où le monde a failli
sombrer dans les hautes eaux de la perversité. Seul l’Évangile a pu alors
sauver la civilisation condamnée à succomber à la pourriture de ces péchés de
luxure et promouvoir une civilisation nouvelle. À propos des esclaves et des
victimes de ces péchés, saint Paul écrivait aux Romains: « Pareillement les
hommes, délaissant l’usage naturel de la femme, sont brûlés de désir les uns
pour les autres, perpétrant l’infamie d’homme à homme… c’est pourquoi ils ont
été aussi abandonnés par Dieu » (Rom. 1,26-27). L’homosexualité est la marque
d’une civilisation malade jusqu’à la moelle des os, privée de Dieu et d’âme,
elle est une conséquence du monde régnant de nos jours dont le seul but dans la
vie est la recherche du plaisir. C’est à juste titre que le professeur Foerster
dit dans son Éthique sexuelle : « Là où l’héroïsme de l’esprit est tourné en
dérision, où l’abandon aux désirs naturels est glorifié, toutes les tendances
perverses, démoniaques et basses osent se montrer au grand jour; elles vont
même jusqu’à railler la santé qualifiée de maladie et à s’ériger en norme de
vie.» 
Aujourd’hui,
on voit émerger des profondeurs des choses que l’homme n’ose s’avouer à
lui-même au plus secret de son abaissement moral. Et d’autres apparaîtront; on
comprendra alors que seule une grande puissance spirituelle – l’Évangile de
Jésus-Christ – pourra y porter remède. 
Certains
élèveront des objections: «Ne s’agit-il pas là, direz-vous peut-être, d’une
pulsion naturelle qui demande à être satisfaite ? » – Quand la passion se
déchaîne, ce n’est pas la nature qui parle mais l’anti-nature. Dans la plupart
des cas, les mauvais désirs ont été préparés, enflammés et nourris par la faute
du pécheur ou par celle d’autres personnes. Regardez donc un buveur ou un
morphinomane. Son envie perpétuelle d’alcool ou de morphine est-elle par hasard
naturelle ? Cette envie a été artificiellement créée par la répétition du vice.
L’instinct que Dieu a déposé en nous pour que nous nous mariions et perpétuions
la race humaine est bon en lui-même et pas très difficile à maîtriser. Des
milliers d’hommes s’en rendent parfaitement maîtres. 
«
Mais la continence n’est-elle pas préjudiciable à l’homme mûr ? » Le professeur
Hartung, que nous citerons une fois de plus, dit à ce sujet textuellement: « Ma
réponse sera claire et nette : Non, le contraire est vrai! L’homme qui s’est
avisé de vous dire que chez des hommes bien portants, la chasteté et la
continence peuvent causer des dommages au sens large, vous a abominablement
trompé, et, s’il a vraiment réfléchi à ce qu’il a dit, il était un personnage
ignorant ou immoral. » 
On
ne saurait trop déconseiller l’usage de préservatifs. La seule protection
véritable est la continence jusqu’au mariage. 
J’ai
essayé de vous montrer avec franchise les conséquences de l’immoralité. Vous voyez
qu’elle mène à la perte physique et spirituelle de celui qui s’adonne au péché.
À quoi s’ajoute le dommage que le vice cause à l’âme. J’affirme solennellement
que la luxure est un crime contre Dieu. Elle prive l’homme de la paix du cœur
et l’empêche de trouver la vraie joie et la vraie tranquillité. La Parole de
Dieu vous met en garde : « Qui sème dans sa chair, récoltera de la chair la
corruption » (Gai. 6, 8). 
L’esprit
du demi-monde fait nécessairement irruption où le contact avec le monde
surnaturel est perdu. 
Mais
à l’intention de tous ceux qui ne veulent pas succomber à l’immoralité ou y
rester, j’ajoute encore quelques mots de conseil et d’encouragement: il faut
que vous parveniez à rompre totalement avec le péché de luxure en pensées,
paroles et actes. C’est la première règle dont doivent s’inspirer ceux qui ne
veulent pas devenir des esclaves. Il va sans dire que les lieux de séduction et
de péché ne doivent plus être fréquentés, il vaudrait même mieux écarter dans
la mesure du possible tout ce qui pourrait favoriser d’une façon ou d’une autre
la corruption. C’est ainsi qu’il faut éviter la fréquentation de camarades
immoraux, la lecture de livres grivois, la vue d’illustrations pornographiques,
l’assistance aux spectacles équivoques. Il faut au contraire rechercher de
bonnes fréquentations, qui vous soutiennent et entraînent vers les hauteurs. Il
faut recommander tout ce qui aguerrit le corps et facilite la lutte contre
l’immoralité, les exercices physiques, les sports, la natation, les marches à
pied, le lever tout de suite après le réveil. La modération est indiquée dans
la consommation de la nourriture et surtout des boissons. Il faut éviter
l’alcool. Mais tout cela ne suffit pas encore ; car nombreux sont ceux qui,
ayant suivi ces conseils, n’en ont pas moins à plus d’une reprise fait
l’expérience douloureuse que l’instinct déchaîné est bien trop fort. 
Où
trouverons-nous la fermeté nécessaire pour résister, ou la force de vaincre,
car il nous faut vaincre si nous ne voulons pas perdre ce que nous avons de
plus précieux, notre personnalité ? Quand la flamme vive de la tentation nous
gagne, quand le brasier de la jouissance sensuelle nous atteint, alors il
apparaît que la seule information ne suffit pas. Pour dominer nos instincts,
pour nous défendre efficacement des puissances impures en nous et autour de
nous, il nous faut une force, une force vivante, un seul peut nous donner cette
force : Jésus. Par son sacrifice sanglant, il nous a obtenu le pardon, pour que
nous trouvions la paix malgré les accusations de notre conscience ; mais par
son Esprit, il est pour nous aussi la force vive d’une vie nouvelle et pure.
Par lui, même une volonté paralysée au service du péché peut se raffermir et
ressusciter à la liberté et à la vie, par lui elle peut, dans le dur combat
avec le péché, remporter la victoire. 
Celui
qui veut parvenir à la vraie liberté, qu’il vienne au Sauveur vivant, qui a ôté
sa puissance au péché, qui dispense à chacun sa force et son secours. Ce n’est
pas là une théorie chrétienne, mais un fait d’expérience que d’innombrables
jeunes gens fortement exposés aux tentations ont quotidiennement vérifié. Si
c’est possible, confiez-vous aussi à un chrétien authentique, à un vrai ami,
qui puisse vous conseiller et lutter avec vous. Car combat il y aura, mais au
bout du combat la victoire possible vous attend ! 
Pour
terminer, je voudrais te poser, à toi, cher ami, une question personnelle :
quel sort comptes-tu faire à cet avertissement ? 
Veux-tu,
pour plaire à des hommes frivoles et sans scrupules, te laisser perdre, ou te
joindre à des hommes intègres et nobles, dont la fréquentation élève ton âme et
trempe ta volonté pour lutter contre l’impureté ? Veux-tu être un homme qui par
ses paroles, par son exemple, par son genre de vie, fasse son malheur et celui
de ses semblables, ou veux-tu devenir un homme qui soit une bénédiction pour
ses frères ? 
Veux-tu
pour quelques instants de plaisir fugace perdre – pour ce monde et pour
l’éternité – ton corps, ton caractère, ton âme, ou veux-tu te laisser sauver
tant qu’il est encore temps ? 
Réponds,
je t’en prie, avec sincérité à ces questions, et prends le courage de faire ce
que Dieu suggère à ta conscience ! 
Choisis
honnêtement ! Demi-monde ou monde surnaturel ? Animal ou être spirituel ? 
Parvenir
au port ou échouer ? Voilà la question ! »
« Mais la découverte des
mécanismes d’infestation des masses n’épuise pas le problème. Un rôle
particulier échoit au culte de la Vierge Marie. Nous reproduisons à nouveau un
tract typique afin de fixer les idées: 
Le
culte de la Vierge Marie et le jeune homme, par le Dr Théol. Gerhard Kremer. 
Tout
jeune homme catholique vraiment pieux sera toujours attaché à la dévotion à la
Sainte Vierge. Il n’est pas exact que le culte de la Vierge Marie porte
atteinte à une piété forte et ardente à l’égard du Christ; bien au contraire,
la vraie dévotion à Marie conduit nécessairement vers le Christ et une vie
conforme aux prescriptions de la morale. Nous ne voulons pas renoncer à l’idéal
de la Vierge dans l’éducation morale et religieuse de notre jeunesse. 
La
jeunesse est une période de transition, de combat intérieur et extérieur. Les
passions s’éveillent, le jeune homme sent en lui une sorte de fermentation, de
lutte, d’impatience et de croissance. En ce temps de détresse, la jeunesse a
besoin d’un idéal, d’un idéal puissant, vigoureux, lumineux, qui reste lui-même
intact au milieu de l’agitation et des tourbillons intérieurs, capable
d’entraîner vers la hauteur les cœurs chancelants, un idéal qui éclipse par son
éclat tout ce qui est vil et bas, qui tire vers le haut l’esprit vacillant.
Pour le jeune homme, cet idéal doit être Marie, en qui s’incarne une pureté et
une beauté incomparables. » On dit qu’il existe des femmes qui éduquent par
leur seule présence, puisque leur comportement chasse les pensées basses,
bannit des lèvres toute parole frivole. Une telle noblesse appartient en
premier lieu à Marie. Un jeune chevalier qui s’est voué à son service, qui est
persuadé que son regard repose sur lui, est incapable de toute vulgarité. Si,
oublieux de sa présence, il devait tout de même commettre une faute, son
souvenir lui causera une douleur si vive que sa noblesse d’esprit finira par
reprendre le dessus » (P. Schilgen S. J.). 
Pour
le jeune homme, Marie se pare d’une grâce, d’une noblesse, d’une dignité qu’il
ne trouvera nulle part dans la nature, dans l’art ou le monde des humains.
Pourquoi les artistes et les peintres n’ont-ils cessé de consacrer à la Madone
leur art et leur activité ? Parce qu’ils voyaient en elle le sommet de la beauté
et de la dignité, dignité et beauté qui ne décevront jamais. En Marie, le jeune
homme possède une reine, une souveraine, et il considérera comme son plus grand
honneur de la servir et de lui prouver ses qualités, «Voilà l’auguste dame et
la fiancée spirituelle à laquelle tu peux t’abandonner avec toute la force
d’amour jaillissant de ton cœur juvénile, sans craindre le déshonneur et la
profanation ». 
L’idéal
de la Vierge doit enthousiasmer le jeune homme : surtout à une époque qui aime
à obscurcir tout ce qui reluit, à traîner dans la boue tout ce qui est sublime,
l’idéal de la Vierge doit lui servir de phare, de source de salut et de force.
Il doit lui rendre sensible la grandeur, la noblesse de la beauté et de la
chasteté de l’âme. Il doit lui donner la force de prendre le chemin des
hauteurs même si tous les autres s’attardent dans les bas-fonds pour y perdre
le meilleur d’eux-mêmes. 
L’idéal
de Marie doit encourager celui qui chancelle, redresser et revigorer celui qui
trébuche, et même relever celui qui est tombé, pour qu’il reprenne cœur. Marie
est l’étoile de la mer qui luit au fond de la nuit des passions que le jeune
homme traverse ; qui réveille ses sentiments nobles quand tout semble vaciller
autour de lui : « Lorsque je parcours monts et prairies / poussé par des
tourments intérieurs / j’aperçois au fond de la vallée / la chapelle de
Notre-Dame : que mon pied passe le seuil / et déjà s’apaise mon sang / je pense
à toi, Marie / et tout est pour le mieux…» (Fr. W. Weber). 
Jeunes
gens, vous qu’anime un idéal, vous qui menez un rude combat pour la vertu et la
sainteté, levez les yeux vers votre reine et souveraine. Comment un jeune homme
peut-il lever les yeux vers elle sans être rempli d’un saint idéalisme ?
Comment peut-il réciter le « Je vous salue Marie » sans éprouver en lui la
nostalgie d’une chasteté à toute épreuve ? Comment peut-il chanter les beaux
cantiques en l’honneur de la Sainte Vierge sans retrouver le courage de la
lutte ? Comment un jeune homme qui a bien compris l’idéal de la Vierge,
attentera-t-il à l’innocence d’une femme ou d’une jeune fille ? Comment peut-il
l’appeler mère et reine, et trouver goût à la déchéance féminine ? En vérité,
l’idéal de la Vierge – à condition que le jeune homme se soit pénétré de son
sérieux – est une forte incitation et un puissant appel à la chasteté et à la
virilité. « Les yeux fixés sur elle, portant son image dans ton cœur, ne
dois-tu pas rester pur, si difficile que soit la lutte que tu mènes ? » 
L’altitude
morale du jeune homme est déterminée par son attitude face à la jeune fille, à
la femme. 
«
Lors de l’adoubement, le chevalier devait jadis faire vœu de protéger les
femmes sans défense. C’était l’époque qui a bâti les cathédrales en l’honneur
de la reine du ciel » (P. Gemmel S.J.). Il y a une corrélation intime entre
l’amour de Marie et la vraie courtoisie à l’égard des femmes. L’homme animé de
l’idéal de la Vierge porte nécessairement en lui cette noblesse chevaleresque
qui procède de l’estime respectueuse qu’il voue à la dignité et à la grandeur
de la femme. C’est pourquoi l’adoubement engageait au Moyen Âge le jeune homme
au service de l’amour sacré et à la protection de l’honneur des dames. Les
symboles de cette chevalerie n’existent plus; mais ce qui est bien plus grave,
la jeunesse masculine ne nourrit plus à l’égard de la femme un respect plein de
retenue ; ce dernier a fait place à un brigandage frivole et bas. De même que
le chevalier défendait et protégeait jadis, en cuirasse et en armes, la
faiblesse et l’innocence féminines, de même l’homme digne de ce nom se sent
intérieurement engagé vis-à-vis de l’honneur et de l’innocence de la femme. La
virilité sans faille et la noblesse du cœur se manifesteront de la manière la
plus éclatante, la plus belle, dans les rapports avec l’autre sexe. Heureux le
jeune homme qui a su entourer sa passion de cette cuirasse ! Heureuse la jeune
fille qui a trouvé l’amour d’un tel jeune homme ! «Ne fais du mai à aucune
jeune fille et souviens-toi que ta mère aussi a été une jeune fille ! » 
Le
jeune homme d’aujourd’hui est l’homme et l’époux de demain. Comment l’homme
pourra-t-il protéger la féminité et l’honneur féminin si le jeune homme et
fiancé a profané l’amour et le temps des fiançailles! Les fiançailles doivent
être un temps d’amour sacré et non profané. Combien de destinées humaines
seraient plus heureuses si l’idéal de Marie était vivant parmi nos jeunes gens.
Combien de maux et de souffrances seraient évités si certains jeunes gens ne se
moquaient pas, par un jeu frivole, de l’amour d’une jeune fille. Jeunes gens!
Que la lumière de l’idéal de Marie éclaire votre amour pour que vous ne
trébuchiez ni ne tombiez. 
L’idéal
que représente Marie peut revêtir une grande importance pour notre jeunesse
masculine. C’est pourquoi nous avons déployé dans nos associations de jeunesse
et dans nos congrégations la bannière de Marie. Puisse notre jeunesse masculine
se regrouper autour de cette bannière ! (Katholisches Kirchenblatt, N° 18,
3-5-1931).
 
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