n. f. (latin luna)
La lune qui réfléchit la
618.000ème partie de la lumière solaire n'est qu'à 384.436 kilomètres, distance
franchie par le rayon lumineux en une seconde un quart. Elle marche à raison de
1 kil. 17 mètres par seconde sur son orbite longue de 2.400.000 kilomètres et
tourne autour de la terre en 27 jours 7 heures 43' 11" en lui montrant
toujours la même face, la force centripète tendant à l'emporter sur la
centrifuge à la petite distance qui nous sépare d'elle. Mais comme, pendant
l'accomplissement de sa révolution sidérale, la terre a continué son mouvement
de translation autour du soleil, la lunaison, intervalle entre deux nouvelles
lunes, se trouve être de 29 jours 12 heures 44' 3". Le volume de la lune
est 49 fois plus petit et son poids 81 fois plus léger et se calcule par la
part qui lui revient dans l'action qu'elle exerce avec le soleil sur les marées
qui lèvent l'eau de l'Océan deux fois par jour. Le diamètre de la lune vaut
moins que le quart de celui de la terre et sa surface qui est à peine la 14e
partie de celle de la terre est de 38 millions de kilomètres carrés. Mais comme
l'astre qui éclaire nos nuits nous montre constamment le même côté, nous ne
connaissons que 21.833.000 kilomètres carrés de sa superficie totale. Les
phases de la lune sont déterminées par sa position relativement au soleil.
Lorsqu'elle passe entre lui et nous, nous ne la voyons pas, parce que son
hémisphère non éclairé est tourné vers la terre : c'est la nouvelle lune.
Lorsqu'elle forme un angle droit avec le soleil, nous voyons la moitié de son
hémisphère éclairé ; c'est le premier ou le dernier quartier et lorsqu'elle est
à l'opposé du soleil, c'est la pleine lune et nous voyons toute sa surface
éclairée. La superficie de l’hémisphère de notre satellite que nous voyons au
moment d'une pleine lune est constituée aux trois-quarts par des montagnes et
pour l'autre quart par des plaines, anciennes mers desséchées. Parmi les
montagnes les plus rayonnantes nous citons Tycho, Copernic, Kepler, Aristarque
et parmi les sommets les plus élevés ce sont les monts Leibniz et Dœrfel qui
atteignent 7.600 mètres. Pour établir ici une comparaison entre ces altitudes
et celles des plus hautes montagnes de la terre, ces dernières doivent être
mesurées, non du niveau de la mer, mais des plus grands creux de l'Océan ce
qui, au lieu de 8.800 mètres donnerait environ 18.000 pour les plus hautes
cimes de l'Himalaya. A toutes ces curiosités la topographie lunaire s’ajoute un
phénomène bien extraordinaire dans ces régions polaires, où les sommets des
montagnes restent perpétuellement éclairés par le soleil. Ce caractère
physique, surprenant, s'explique par ce fait que, par suite de la position de
la lune dans l’espace, le soleil ne descend jamais que de 10,5° au-dessous de
l'horizon de l'un ou l'autre pôle lunaire et qu'en raison de la petitesse de la
lune une élévation de 600 mètres suffit pour voir au-dessous de l'horizon vrai.
Or, il y a, juste à la place du pôle boréal et austral, des montagnes de 2.800
à 4.000 mètres. Citons encore avant de quitter notre satellite ses éclipses qui
se produisent au même moment physique, c'est-à-dire, par exemple, à minuit à
Paris et à 7 heures du soir, à New-York, quand il entre, en partie (éclipse
partielle) ou complètement (éclipse totale) dans le cône d'ombre de la terre.
Ce cône d'ombre se termine en pointe à une distance de 108 fois et demie la
longueur du diamètre de la terre. A la distance moyenne de la lune, l'ombre de
la terre est encore 2,2 fois plus large que la lune, ce qui fait que la plus
longue durée d'une éclipse totale de la lune peut être de 2 heures. L'éclipse
de lune a toujours lieu au moment de la pleine lune et est visible au même
instant dans tous les pays, où la lune se trouve au[1]dessus de l'horizon. Mais, grâce à la
réfraction des rayons solaires, la lune ne disparaît presque jamais
complètement dans les éclipses totales. Elle n'est absolument devenue invisible
que pendant les éclipses de 1642, 1761, 1816 et celle du 12 avril 1903. Mais ce
qui différencie le plus la lune de notre terre et des planètes de notre système
solaire, c'est son absence totale d'air qui ressort de la constatation qu'il
n'y a pas de crépuscule sur la lune et qu'on trouve une égalité parfaite entre
le calcul et l'observation lorsqu'une étoile disparaît derrière le disque. Ce
manque d'atmosphère entraîne l'absence du son, du crépuscule et des aurores et
seule la lumière zodiacale annonce sur ce monde lugubre l'arrivée du soleil,
qui met une heure au lieu de deux minutes un quart comme chez nous, à se lever.
La lumière cendrée que nous voyons n'émane pas de la lune, elle n'est que de la
lumière terrestre, c'est-à-dire le reflet d'un reflet qui va frapper la lune.
C'est grâce à elle, qui reflète parfois les contours du continent australien,
que Castelli, l'ami de Galilée, a pu deviner en 1637, l'existence de
l'Australie longtemps avant sa découverte. Vue de la lune, où le manque d'atmosphère
permet aux étoiles de continuer à briller le jour comme la nuit dans un ciel
noir et profond au milieu de l'éternel silence, notre terre présente un premier
croissant pendant le jour, un premier quartier au couchant du soleil, la pleine
terre au milieu de la nuit, son dernier quartier au lever du soleil et son
dernier croissant le matin. Lorsque nous avons nouvelle lune il fait pleine
terre sur la lune et les parages de notre satellite sont alors éclairés d'une
intensité égale à 14 fois notre pleine lune... ... Darwin a dit quelque part
qu'il y a 54 millions d'années que la lune était née des entrailles alors
ignées de la terre, d'où il s'ensuivrait que notre planète aurait environ 200
millions d'années et le soleil 22 milliards. Nos connaissances actuelles nous
permettent d'affirmer que ces chiffres sont bien au-dessous de la vérité et que
quelques milliards d'années ont dû s'écouler depuis que le soleil a accouché de
ce qui est devenu notre incohérente planète sublunaire. Quoiqu'il en soit, il
est certain qu'actuellement la lune est inhabitée dans le sens que nous donnons
à ce mot, parce que l'analyse spectrale atteste que l'eau et l'air font
absolument défaut sur notre satellite. Si maintenant nous envisageons ce qui se
passe sur la planète Mars, notre sosie dans l'espace, mais où la vie organique
paraît à son déclin, nous tirons de l'unité constitutive de l'univers, la
conclusion, ou plus modestement l'hypothèse présente, que toutes les planètes
qui peuplent l'infini des mondes solaires sont, ont été ou seront habitées,
mais que la vie simultanée sur les planètes d'un même système solaire doit être
assez rare. La lune plus jeune, plus petite et plus vite refroidie que notre
terre, est aujourd'hui un cadavre. Elle était animée et à son apogée quand
notre terre était un petit soleil, mais maintenant, privée de feu, d'eau et
d'atmosphère, elle est le pays au sol ravagé de crevasses, rides de vieillesse,
de désagrégation et de silence sans fin et où des nuits glaciales, longues de
plus de 300 heures terrestres, alternent avec des jours brûlants, au-dessus
duquel les étoiles brillent nuit et jour, sans scintiller, dans un ciel sombre
de velours noir. La lune est aujourd'hui ce que notre terre apparaît devoir
être elle-même dans un lointain futur... avant de se dissoudre pour retourner à
l'éther et renaître sans doute quelque jour, comme le phénix de la légende
égyptienne, à une vie analogue, renouvelée et rajeunie... –
Frédéric STACKELBERG
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