Le délégué à l’instruction
communale du XVIIe arrondissement s’est occupé d’une solution
théorique et pratique à donner à la question des écoles
communales congréganistes. Dans un manifeste adressé aux
instituteurs et institutrices des écoles et salles d’asiles
communales, le citoyen Rama émet et développe les considérations
suivantes.
Considérant que la liberté de
conscience, pour être réelle, doit être assurée entière et égale
pour tous, sans exception ;
Considérant que les maisons
d’instruction et d’éducation entretenues par l’impôt doivent
être ouvertes au enfants de tous les contribuables indistinctement,
quelles que soient d’ailleurs les croyances intimes de chacun d’eux
;
Considérant que l’instruction
religieuse et dogmatique doit être laissée entièrement à
l’initiative et à la direction libres des familles ;
Considérant que les peuples les
plus avancés et les philosophes de toutes les écoles ont les
principes communs du bien, de la morale, les quels se résument dans
la justice, dans l’inviolabilité, le respect de la personne
humaine, sans distinction de race, de nationalité, de croyance, de
position sociale, de sexe ni d’âge, et que ces principes sont
distincts de tout culte, de toute religion, de tout système
philosophique ;
Considérant que dans tous les
temps et dans tous les pays, on a abusé, même de la meilleure foi
du monde, de l’ignorance et de l’innocence de l’enfant pour lui
inoculer, par exemple, par la contrainte et par l’habitude, des
superstitions, des préjugés, des préventions, des sentiments
d’injustice et des haines qui aboutissent à des désordres sociaux
et à des guerres ;
Journal officiel de la Commune
de Paris du 20 mars au 24 mai 1871. (1871) 688
Considérant que la justice est
un droit inaliénable et imprescriptible ; qu’elle ne doit être
soumise, par le pouvoir, à aucune condition, soit d’opportunité,
soit de légalité ;
Considérant que la violation de
la conscience démoralise et pervertit ; qu’elle avilit le
caractère ; qu’elle peut conduire les peuples d’une manière
insensible, mais rapide, aux plus grands désastres ; Les
instituteurs et institutrices des écoles et salles d’asiles
publiques du XVIIe arrondissement sont invités à se conformer aux
instructions suivantes :
Ils emploieront exclusivement la
méthode expérimentale ou scientifique, celle qui part toujours ou
dogmatique, afin de pouvoir être donné à tous, sans blesser qui
que ce soit. Il éloignera également de l’esprit de domination et
de l’esprit de servitude.
Il ne sera enseigné ou pratiqué
en commun, ni prières, ni dogmes, ni rien de ce qui est réservé à
la conscience individuelle.
Les écoles et salles d’asile
communales ne contiendront, aux places exposées aux regards des
élèves ou du public, aucun objet de culte, aucune image religieuse.
Les élèves n’auront à se
servir d’aucun livre, d’aucun objet qui serait, en quoi que ce
soit, contraire à la méthode scientifique et aux sentiments de
concorde qui sont le but de la présente circulaire.
Les institutrices et les
instituteurs publics qui ne peuvent admettre l’application
rigoureuse du principe de liberté de conscience à l’instruction
communale sont priés de vouloir bien laisser disponibles, d’ici à
la fin du mois, les locaux et tout le mobilier scolaire qu’ils
tiennent de l’administration publique, et de nous prévenir du jour
où ils voudront cesser leurs classes, afin qu’il n’y ait aucune
interruption dans les études, au préjudice des enfants.
En dehors des écoles et salles
d’asile communales, toute maison d’instruction et d’éducation
peut être tenue, comme établissement privé ou libre, sous la
surveillance et sous la responsabilité des parents, mais dans toutes
les conditions du droit commun.
Paris, le 8 avril 1871
Le délégué à l’instruction
commune du XVIIe arrondissement,
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire